Si l’avenir de la révolution qui secoue le monde arabe ces jours-ci est incertain, il est par contre plus que probable que notre pays subisse un vigoureux contrecoup de ce nouveau Printemps des…
Si l’avenir de la révolution qui secoue le monde arabe ces jours-ci est incertain, il est par contre plus que probable que notre pays subisse un vigoureux contrecoup de ce nouveau Printemps des Peuples. En effet, chaque jour, de nombreuses embarcations chargées presque exclusivement de jeunes hommes – peu voire pas de femmes – en quête d’une vie meilleure accostent à Lampedusa, mettant cruellement à mal l’illusion que constituent les accords de Schengen-Dublin. On nous avait promis des contrôles rigoureux aux frontières extérieures de l’Union européenne, on voit qu’il n’en est rien. Personne ne peut endiguer ce flot humain qui ne cesse de croître et il n’est pas nécessaire d’être devin pour comprendre que ces navigateurs n’ont aucune envie de rentrer chez eux. Qui les y contraindra ? Mystère ou plutôt personne.
Dublin sera peut-être notre planche de salut? Encore moins car là aussi, la réalité nous explose à la figure. On le sait car le Conseil fédéral avait dû en convenir, la Grèce ne remplit plus ses obligations, n’étant pas en mesure de traiter dignement les cas relevant de sa compétence. Depuis peu, l’Italie a aussi choisi de ne pas assumer ses responsabilités. On en avait déjà confusément l’impression dès lors qu’on prenait le temps d’analyser les statistiques 2007 de l’asile en Europe. Pour 100’000 habitants, la Suisse accueillait 125 requérants, la Grèce 224, Malte 336, Chypre 859 et l’Italie… 24 ! Etonnant de voir un pays fortement sollicité eu égard à sa position avancée en Méditerranée enregistrer 5 fois moins de demandes que la Suisse qui n’a pourtant aucune frontière extérieure de l’espace Schengen-Dublin. Etonnant, avez-vous dit?
En fait, pas tant que ça. Le gouvernement italien est certes très accueillant pour les Marocaines mineures mais veille par contre à ce que toute autre forme de migration soit orientée plein nord, vers la Suisse qui n’oppose aucune résistance, ayant dégarni ses frontières pour complaire à Schengen. Même pour les renvois, nous nous plions aux tracasseries italiennes. Pas plus de cinq personnes par jour, et encore, par avion même s’il n’y a qu’un pas à faire pour franchir la frontière. Bref, non seulement l’Italie viole ses engagements dans le cadre des accords de Dublin mais elle le fait avec la complicité passive de notre pays. Il serait temps de nous préparer et de prendre les mesures visant à sécuriser notre frontière sud de façon à ce que l’Italie ne puisse plus se décharger de sa responsabilité sur notre pays mais hélas, le Conseil fédéral s’y refuse. Notre gouvernement considère que nous avons le temps, que rien n’indique que les migrants arrivés à Lampedusa poursuivront leur chemin le long de la Botte pour frapper à notre porte.
Ce déni de réalité est d’autant plus préoccupant que n’avons ici qu’un avant-goût de ce qui nous attend. Les jeunes gens qui arrivent à Lampedusa constituent en effet l’avant-garde d’un mouvement migratoire de grande ampleur. Jusqu’ici, quoique détestables, les régimes dictatoriaux qui sévissaient au sud de la Méditerranée constituaient un rempart face à l’immigration subsaharienne. Combien sont-ils, ces Africains convaincus que leur avenir est en Europe? Sans doute des centaines de milliers. Fidèle à son habitude, l’Italie les regardera passer avec bienveillance, veillant à ce qu’ils ne se perdent pas en route. Et sous peu, ils seront chez nous.
La Suisse enregistre 125 demandes d’asile pour 100’000 habitants alors que l’Italie en comptent 24. L’accord de Dublin est inutile.