Le remplacement des vieux avions de combat est une procédure tout à fait normale

Les avions de combat Tiger F-5 doivent être remplacés après 30 années de bons et loyaux services quotidiens. Une procédure tout à fait normale.

Sebastian Frehner
Sebastian Frehner
conseiller national Basel (BS)

Tout appareil a une certaine durée de vie au bout de laquelle il doit être remplacé – soit parce qu’il est dépassé par le progrès technique, soit parce qu’il est usé au point qu’on ne peut plus le réparer. Il en est ainsi pour chaque frigo, chaque voiture et chaque véhicule de l’armée suisse. Le système de l’amortissement et du remplacement est toujours le même. C’est vrai aussi pour les avions de combat Tiger F-5 qui doivent être remplacés après 30 années de bons et loyaux services quotidiens. Une procédure tout à fait normale.

Le 18 mai prochain les citoyennes et citoyens suisses sont appelés à décider si l’armée peut acheter 22 nouveaux avions de combat Gripen pour prendre la succession des 54 Tiger F-5. Il s’agit cependant de bien plus que de remplacer de vieux avions militaires; l’enjeu est en fait la crédibilité de l’armée suisse que la Constitution fédérale charge d’assurer la défense nationale, donc de garantir durablement la sécurité de notre pays. Une armée crédible a besoin de forces aériennes performantes – aussi pour accomplir en l’absence de crises internationales les tâches quotidiennes de police aérienne. Des avions capables d’intervenir par mauvais temps et la nuit sont indispensables à cet effet. Faute de quoi l’armée de peut pas remplir sa mission.

Le Parlement soutient l’achat du Gripen
Durant la session d’automne 2013, le Parlement fédéral a clairement approuvé aussi bien le programme d’armement 2012 que la loi sur le fonds d’acquisition de l’avion de combat Gripen, donc l’achat de 22 avions du constructeur suédois. Les habituels milieux hostiles à l’armée ont réussi à faire aboutir un référendum contre ce projet, si bien que le peuple tout entier sera appelé à trancher. Ne nous leurrons pas: la question de fond de ce référendum n’est pas de savoir si le Gripen est l’avion idoine pour l’armée suisse ou non. Le Gripen a franchi avec succès une longue procédure d’évaluation et satisfait donc aux exigences fixées. De plus, il offre un excellent rapport qualité/prix. Le Gripen n’est pas un avion de luxe, mais un engin qui répond aux besoins de notre armée. Il est parfaitement hypocrite de la part des référendaires de critiquer le choix du nouvel avion de combat alors qu’en réalité ces milieux ne veulent aucun avion et souhaitent la suppression de l’armée dans son ensemble. Je me souviens fort bien qu’il s’agit des mêmes voix qui, dans les années nonante, s’opposaient à l’achat du F/A-18, à l’époque incontestablement l’avion de combat le meilleur et le plus performant du monde. Pour les adversaires du Gripen, la question n’est pas d’acheter ou de ne pas acheter un nouvel avion; leur but réel est la suppression de l’armée par étapes. Les 32 avions F/A-18 dont disposent les forces aériennes suisses ne suffisent pas quantitativement à garantir des missions de longue durée.

Une acquisition d’armes parfaitement normale
La Suisse a acheté au total 110 avions de combat F-5E/F entre 1976 et 1981. 44 unités ont été revendues aux Etats-Unis durant les dix dernières années. Les 54 Tiger F-5 restant doivent être remplacés pour les deux raisons suivantes notamment: d’une part, leur technologie, qui date des années soixante et septante du siècle dernier, est aujourd’hui dépassée et ne soutient plus la concurrence. Les Tiger F-5 ne sont pas des avions de combat capables d’intervenir dans toutes les conditions météorologiques. D’autre part, ils ont atteint la limite de leur longévité après 30 années de service. La Suisse réduit donc numériquement ses forces aériennes, tout en accroissant leur capacité d’intervenir de nuit et dans des mauvaises conditions météorologiques grâce à des avions modernes et performants.

Ce n’est pas un avion de luxe
L’acquisition du Gripen est complètement couverte par le budget de l’armée qui ne doit pas être augmenté à cet effet. Il est prévu de payer ces avions par tranches échelonnées sur une période de dix ans. Il s’agit donc d’un versement d’environ 300 millions de francs par an, soit 0,4% du budget annuel de la Confédération. La sécurité nationale vaut certainement ce prix. A titre de comparaison, la Suisse dépense environ 3 milliards de francs par an uniquement pour l’aide au développement à l’étranger. Le Gripen n’est pas un avion de luxe, mais un investissement adapté aux besoins qui apportera une contribution importante à la sécurité de la Suisse durant les trente années à venir.

En observant le développement des finances fédérales, on constate que les dépenses militaires stagnent depuis plusieurs années. Entre 2005 et 2012, elles se sont accrues de moins d’un pourcent alors que les autres postes de dépenses du budget fédéral ont littéralement explosé pendant cette période.

A la lecture de ce tableau on comprend combien il est déplacé de reprocher à l’armée suisse un manque de volonté de faire des économies, voire d’acheter des "avions de luxe". Le budget militaire est resté quasiment au même niveau ces dernières années alors que l’armée a été chargée de tâches supplémentaires. J’ai pleine confiance dans la capacité de la direction de l’armée d’engager là où c’est le plus nécessaire les ressources financières dont elle dispose.

Les Tiger F-5 de l’armée de l’air suisse ont atteint la fin de leur durée de vie après plus de 30 ans de service. Ils sont complètement amortis. Pour garantir la livraison des nouveaux avions polyvalents à partir de 2018 et le remplacement des vieux Tiger, il faut agir dès à présent et dire OUI à la constitution des moyens financiers nécessaires à cet effet.

Sebastian Frehner
Sebastian Frehner
conseiller national Basel (BS)
 
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