Il semble que la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga prévoie à nouveau de faire venir en Suisse d’importants contingents de réfugiés. L’accueil d’un groupe de réfugiés syriens sera…
Il semble que la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga prévoie à nouveau de faire venir en Suisse d’importants contingents de réfugiés. L’accueil d’un groupe de réfugiés syriens sera probablement approuvé dans les jours à venir. Face aux lancinants problèmes de l’asile en Suisse, le Conseil fédéral serait pourtant bien inspiré de faire preuve de retenue. Aussi longtemps que la situation chaotique dans le secteur de l’asile échappe aux autorités, le passage à une politique de contingent ne serait ni raisonnable, ni comprise par la population. Pour être réellement utile à la population syrienne, il faudrait d’abord se concentrer sur l’aide sur place et dans la région. Un tel changement de priorité ne devrait pas poser trop de problèmes alors que les dépenses annuelles pour l’aide à l’étranger atteignent bientôt trois milliards de francs.
Lorsque les œuvres d’entraide se plaignent de ce que la Suisse n’a accueilli jusqu’ici que peu de familles syriennes dans le cadre d’actions humanitaires, elles ignorent sciemment que fin juillet plus de 2800 personnes syriennes étaient engagées dans le processus d’asile et que près de 1000 d’entre elles ont été admises provisoirement. Et cela à une époque où la situation de l’asile en Suisse est extrêmement tendue et que la Suisse est toujours un des pays d’Europe recevant le plus de demandes d’asile. Fin juillet dernier, presque 43 000 personnes étaient dans le processus d’asile. Une fois de plus, le nombre de demandes sera deux fois plus élevé en 2013 qu’il y a encore peu d’années. Cette situation s’explique principalement par des déficiences au niveau de l’exécution. Les timides réformes envisagées ne promettent guère d’améliorations. Bref, la Suisse est toujours beaucoup trop attractive pour des personnes qui n’ont pas droit à l’asile et les abus dans le droit d’asile sont toujours éclatants. En d’autres termes, des émigrants économiques, des faux réfugiés et des personnes, qui abusent de notre hospitalité pour commettre des délits, engorgent le système de l’asile et empêchent une politique qui se focaliserait sur l’accueil humanitaire provisoire de contingents de vrais réfugiés. Une telle politique conviendrait certes parfaitement à la tradition humanitaire de notre pays, mais notre pays souffre aujourd’hui des conséquences de la politique d’asile catastrophique menée ces dernières années.
Manque de fermeté
On pourrait certes se dire aujourd’hui que cet accueil de réfugiés syriens donne le coup d’envoi à une nouvelle politique d’asile. Ce serait une illusion. Les prochaines révisions du droit de l’asile – avocat gratuit et autres éléments du même genre – n’accéléreront sans doute pas la procédure et ne modifieront certainement pas la réputation de la Suisse comme pays facilitant les abus. Ce qui manque à ce niveau, c’est avant tout une volonté politique ferme de la part du département concerné et de la majorité du Parlement. Il faut donc commencer par exiger de la politique, des autorités et surtout de la ministre de la justice, Simonetta Sommaruga, la preuve par l’acte qu’elles ont été incapables de donner jusqu’ici. Des interventions sévères contre les abus et une exécution rigoureuse des dispositions légales sont la base indispensable à une politique humanitaire authentique qui pourrait à nouveau se concentrer sur l’accueil de contingents de vrais réfugiés, donc de personnes qui ont besoin de protection et qui, à la fin du conflit, peuvent retourner dans leur pays pour reprendre leur avenir en main.
P.S.: si les menaces verbales de quelques membres du Conseil de sécurité de l’ONU devaient effectivement déboucher sur une intervention militaire en Syrie, il faudrait insister pour que ces mêmes Etats assument aussi la majeure partie de la détresse des réfugiés qui résultera de leur action. Pays neutre, la Suisse serait bien inspirée de relever ce point au niveau international.