La 13e rente menace l’AVS

L’AVS est l’un des principaux acquis sociaux de la Suisse. Notre plus importante œuvre sociale est toutefois confrontée à d’énormes défis. La génération du baby-boom arrive à l’âge de la retraite et nous devenons tous de plus en plus âgés. De fait, de moins en moins de personnes actives doivent financer de plus en plus de rentes. Il n’est pas nécessaire d’avoir fait des études de mathématiques pour comprendre que ce calcul ne peut pas fonctionner à long terme.

Esther Friedli
Esther Friedli
conseillère aux Etats Ebnat-Kappel (SG)

Si l’on considère que dans quelques années déjà, l’AVS dépensera plus qu’elle n’encaissera, l’initiative pour une 13e rente AVS est totalement à contre-courant. Au lieu de garantir durablement le 1er pilier et d’améliorer de manière ciblée les rentes basses, l’initiative impose aux générations futures des coûts supplémentaires de plusieurs milliards. En 2033, l’initiative entraînerait des coûts supplémentaires annuels d’environ 5 milliards de francs. C’est plus de trois fois le montant des économies réalisées grâce au relèvement de l’âge de la retraite des femmes. Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que les auteurs de l’initiative ne savent pas qui financera cela, ni comment. La conséquence logique serait des déductions salariales plus élevées et une augmentation de la TVA, donc un renchérissement du coût de la vie pour tous. Cela toucherait particulièrement les jeunes familles et les familles monoparentales, qui sont déjà les plus touchées par les loyers élevés et les primes d’assurance maladie.

Mais ce qui me dérange particulièrement dans cette initiative, c’est le fait que le supplément AVS soit distribué selon le principe de l’arrosoir. Tous ceux qui n’ont pas besoin de cet argent supplémentaire en profiteront donc aussi. Mais il y a encore plus grave : ceux qui ont déjà une rente élevée aujourd’hui recevraient à l’avenir le supplément le plus élevé. C’est injuste et socialement inacceptable. Au lieu de distribuer l’argent avec un arrosoir, il faut trouver des solutions pour améliorer de manière ciblée les rentes basses. Là aussi, la politique est déjà sur le coup.

L’initiative pour une 13e rente AVS part peut-être d’une bonne intention ; qui ne se réjouit pas d’un coup de pouce financier ? Toutefois, le projet manque sa cible et n’est pas finançable. Ceux qui souhaitent que l’AVS soit encore considérée comme un modèle de réussite dans 50 ans devraient donc absolument glisser un NON dans les urnes le 3 mars prochain.

Esther Friedli
Esther Friedli
conseillère aux Etats Ebnat-Kappel (SG)
 
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