Il semble que le Conseil fédéral devrait examiner le nouveau rapport de politique de sécurité vers la fin mars. Or, ce rapport, qui n’a pas été rendu public, est d’ores et déjà commenté par…
Il semble que le Conseil fédéral devrait examiner le nouveau rapport de politique de sécurité vers la fin mars. Or, ce rapport, qui n’a pas été rendu public, est d’ores et déjà commenté par plusieurs médias et départements – sans indication de source, cela va sans dire. Le ténor est partout le même: pas assez d’engagements militaires à l’étranger, pas assez de collaboration avec l’étranger. Et quand le Département fédéral des affaires étrangères fait dire préventivement par médias interposés qu’il a refusé de collaborer avec le Département de la défense, on comprend très vite qu’on est face à une action concertée dont le but est de nuire au chef du département concerné et à son parti. Ce récent événement n’est que le dernier d’une longue série d’intrigues et d’indiscrétions ciblées dans l’entourage du Conseil fédéral. Aspect particulièrement ironique de cette affaire, le Conseil fédéral va prochainement discuter d’une réforme du gouvernement. Or, toute tentative de réforme est d’avance condamnée à l’échec quand les sept membres du gouvernement et leurs départements sont incapables de collaborer.
C’est à un rythme quasi hebdomadaire que le Conseil fédéral donne des preuves de son incompétence d’affronter comme gouvernement collégial les défis et les problèmes auxquels est confrontée la Suisse. Les sept prétendus Sages se jettent mutuellement des bâtons dans les roues, se critiquent publiquement ou tentent de se nuire par des indiscrétions ciblées. Cela c’est produit une fois de plus la semaine passée avec la tentative de faire couler un rapport qui n’a même pas été publié officiellement. L’état de pourriture avancée de la collégialité gouvernementale est aussi illustré par le fait que les conseillers fédéraux et leurs départements ne tentent même pas de freiner ce développement nocif. Bien au contraire, chacun se précipite sur cette plate-forme bienvenue pour se mettre en évidence au détriment des collègues.
La critique lancée par avance contre le rapport de politique de sécurité sert de prétexte au DFAE pour s’en distancer avant même sa publication. On fait dire par des tiers qu’on a refusé, par mesure de prudence, de collaborer avec le DDPS. Et cela bien que le Conseil fédéral ait exigé en octobre dernier du DDPS de revoir le rapport en impliquant les autres départements. En procédant de la sorte le DFAE peut, d’une part, détourner l’attention du fait que c’est précisément l’internationalisation engagée par la réforme Armée XXI qui est à l’origine des graves dysfonctionnements de l’armée; d’autre part, on peut faire oublier ses propres erreurs et manquements. Dans les mêmes éditions des médias on apprend en effet que le projet de prestige « Forum humanitaire » lancée par le Département fédéral des affaires étrangères et son chef est aujourd’hui virtuellement en faillite après deux années de tentatives de fonctionnement et plusieurs millions de francs dépensés.
Réforme gouvernementale inutile
Ces événements montrent à l’évidence qu’une réforme du gouvernement n’est que du temps perdu. Ce qui pose problème, ce sont les conseillers fédéraux et leur conception du gouvernement et non pas les structures gouvernementales. La prolongation de la durée de fonction du président de la Confédération n’est qu’un moyen de plus pour permettre aux conseillers fédéraux de se pavaner à l’étranger. L’évolution, qui a fait du président de la Confédération un sorte de super-ministre des affaires étrangères, a éliminé le rôle rassembleur que devait avoir le président en tant que « primus inter pares ». La panacée universelle des secrétaires d’Etat supplémentaires aura pour principal effet de voir les conseillers fédéraux se débarrasser encore plus de leurs responsabilités. Tout cela ne renforce nullement le Conseil fédéral, mais l’affaiblit au contraire. Tout au plus les conseillers fédéraux auront-ils ainsi encore plus de temps pour se tendre des croche-pattes.