A à la suite des attentats de Paris, la France a réinstallé les contrôles aux frontières. Le résultat est immédiat : depuis décembre 2015, les vols, les cambriolages et le trafic de drogue explosent à Annemasse, Saint-Julien et Annecy et baissent à Genève car les délinquants craignent de passer la frontière franco-suisse.
Selon les chiffres de la préfecture de Haute-Savoie, la criminalité est en augmentation spectaculaire, côté français, depuis le renforcement des contrôles aux douanes après les attentats de Paris. Depuis que la surveillance aux douanes perturbe leurs opérations vers la Suisse, les bandes originaires des pays de l’Est, des Balkans et de Géorgie frappent en effet beaucoup plus du côté français où ils sont basés. Le service de presse de la police genevoise confirme un net recul des cambriolages au mois de décembre 2015 (–14% par rapport à 2014). Idem pour les trafiquants de stupéfiants français, en fait essentiellement albanais, qui hésitent à s’approvisionner à Genève en cocaïne et en héroïne depuis que la frontière est surveillée. Les dealers et les consommateurs français qui avaient l’habitude de se retrouver en Suisse, où les sanctions sont incomparablement plus légères qu’en France, ne prennent plus le risque de traverser la frontière; ils se rabattent sur Annecy, où le trafic est devenu intense.
Trois leçons sont à tirer de ce constat :
Premièrement, la suspension de l’accord de Schengen a été très bénéfique pour la sécurité de cantons frontière comme Vaud et Genève, bien desservis par des autoroutes et qui sont chroniquement beaucoup plus exposés aux cambriolages et autres actes de criminalité transfrontalière que les cantons de Suisse centrale ou même de grands centre urbains comme Zurich, comme le montrent les statistiques fédérales. Le lien très clair entre criminalité et absence de contrôle aux frontières démontre pour ceux qui en doutaient encore que Schengen est un problème et non une solution.
Deuxièmement, la baisse de la criminalité constatée en Suisse romande correspond à une baisse de la criminalité importée. Elle n’est due à aucune politique particulière des autorités cantonales concernées, encore moins à la disparition spontanée d’un problème, mais à l’action des gardes-frontières français. Il faut donc s’attendre à une nouvelle explosion de criminalité étrangère dès la fin de l’état d’urgence si la Suisse tarde à réintroduire ses propres contrôles aux frontières.
Troisièmement, la sécurité s’améliore lorsque les criminels étrangers restent à l’étranger. L’expulsion systématique des personnes condamnées avec interdiction de revenir sur le territoire suisse pour une durée de 5 à 20 ans constitue donc bien une réponse adéquate aux problèmes de sécurité d’une Suisse beaucoup trop attractive.