« Il existe un risque que la règle rigide des dépenses entraîne, selon la manière dont elle est appliquée, un rationnement des prestations et conduise à une médecine à deux vitesses ». C’est ce qu’affirme le Conseil fédéral dans son message sur l’initiative de frein aux coûts du centre. Derrière cette affirmation se cache un calcul simple : pour que les budgets soient respectés, il ne faut plus traiter tout le monde. A l’inverse, cela signifie que seuls les assurés privés pourront se faire soigner ou, concrètement, que ceux qui paient plus seront traités.
La santé est notre bien le plus précieux. Le traitement des malades ne devrait pas s’orienter vers des limites de dépenses rigides, mais vers les besoins des personnes. Si l’initiative avait été mise en œuvre en 2000, un traitement sur trois ne serait plus remboursé par l’assurance de base aujourd’hui. C’est extrêmement injuste si l’on considère que les gens assument déjà eux-mêmes près de 60% de l’ensemble des dépenses de santé (y compris la quote-part, les primes, l’assurance privée). En contrepartie, ils devraient recevoir une contrepartie et ne pas devoir attendre des mois pour se faire soigner.
Les coûts de la santé doivent être abordables, c’est indéniable. Mais il est également de notre devoir de veiller à ce que notre bon système de santé soit maintenu et ce pour tous. Imaginez que les coûts – quelle qu’en soit la raison – augmentent trop fortement au cours d’une année. Pour les réduire dans les plus brefs délais, il y aurait surtout un instrument à disposition : le rationnement des prestations. Dès le mois de novembre, il n’y aurait plus de traitements et des délais d’attente comme ceux que nous observons en Angleterre seraient légion.
L’initiative de frein aux coûts du Centre est tout simplement une dangereuse expérience avec notre santé. Les malades devraient attendre, les personnes aisées pourraient sans doute encore se débrouiller, mais au plus tard la classe moyenne ne pourrait plus se payer les traitements. Nous entrerions dans l’ère d’une médecine à deux vitesses.
Que se passe-t-il en cas de rejet de l’initiative ? Pas simplement rien. Le contre-projet indirect entrera alors en vigueur. Celui-ci prévoit des solutions qui ne dépendent toutefois pas de la conjoncture, mais pour lesquelles les assureurs, les assurés, les cantons et les fournisseurs de prestations sont consultés et des objectifs sont fixés pour quatre ans. L’évolution des coûts est ainsi limitée, sans pour autant inaugurer une médecine à deux vitesses.
Qui ne veut pas d’une médecine à deux vitesses vote donc clairement NON le 9 juin à l’initiative sur le frein aux coûts.