62,96% des votants ont approuvé en 2013 le principe d’une utilisation économe du sol suisse. Les cantons ont un délai jusqu’au 30 avril 2019 pour adapter leurs plans directeurs dans ce sens. La première révision de la loi sur l’aménagement du territoire (LAT1) exige clairement une intensification du développement urbain vers l’intérieur. Pour que cet objectif puisse être atteint, les communes doivent à leur tour remplir leurs obligations et soumettre leurs plans d’affectation à l’avis de leurs habitants. Personne ne contestera qu’il s’agisse là d’une tâche extrêmement exigeante.
En observant de plus près la situation dans ce domaine, on constate très vite que les mêmes milieux de gauche et écologistes, qui prétendent bruyamment soutenir une densification de l’habitat, s’opposent régulièrement aux projets de construction, qui visent précisément une densification, et compliquent, voire rendent ainsi carrément impossibles ces réalisations. Leur devise est fort simple: densifier, oui, mais pas chez moi.
Des vieilles maisons, notamment dans les centres des villes, qui ne répondent plus aux exigences actuelles en termes énergétiques et fonctionnels, ou encore des bâtiments industriels désaffectés sont souvent conservés sous le prétexte de la protection du patrimoine architectural. Résultat: de nouvelles constructions ou des réaffectations sont retardées pendant des années par des recours systématiques et ciblés. De nombreux bâtiments et zones de l’espace urbain sont ainsi protégés, si bien qu’une densification vers l’intérieur n’est plus guère possible. Prenons l’exemple de la ville de Zurich: 76% des zones constructibles sont soumises aux objectifs de protection de l’Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse (ISOS).
Simplifier les règlements de construction
La LAT1 comporte en fait déjà des mesures efficaces pour faciliter le réaménagement d’immeubles existants et pour exploiter ainsi plus efficacement et plus rapidement les zones constructibles. Celles et ceux qui veulent réellement stopper le mitage doivent donc s’engager pour la simplification des règlements de construction dans les zones déjà construites au lieu de proposer des modèles d’aménagement restrictifs et assortis d’interdictions insensées. En outre, l’initiative contre le mitage n’aura aucun effet utile sur les formes durables d’habitation et de travail dans des structures serrées où les distances à parcourir sont faibles. Ce projet est beaucoup trop centralisateur pour tenir compte des besoins régionaux. Les allégations des initiateurs sont totalement naïves.
C’est n’est certainement pas au niveau fédéral, donc loin des citoyennes et des citoyens, que l’on trouvera des solutions utiles et satisfaisantes. C’est sur place et en contact direct avec les milieux concernés qu’il faut agir.
Notons pour conclure que nous sommes tous conscients de l’énorme responsabilité que représente la protection de nos paysages. Aussi pesons-nous soigneusement les intérêts en jeu. Nous n’avons pas besoin de nouvelles interdictions, mais ce qu’il nous faut, ce sont des solutions porteuses d’avenir et axées sur les besoins locaux. Voilà pourquoi il faut répondre clairement NON à cette initiative.