Le Conseil fédéral fixe les lignes directrices de son action dans sa planification annuelle et son plan de législature. Ces projections révèlent aussi les faiblesses du gouvernement qui se montre trop ambitieux et déçoit donc forcément.
Le Conseil fédéral fixe les lignes directrices de son action dans sa planification annuelle et son plan de législature. Ces projections révèlent aussi les faiblesses du gouvernement qui se montre trop ambitieux et déçoit donc forcément. Voyons de plus près les trois champs d’action que sont les politiques du social, de l’immigration et de l’égalité des sexes.
Il suffit d’observer les objectifs 2015 pour se rendre compte des ambitions excessives d’un gouvernement surestimant non seulement les moyens dont il dispose, mais aussi son rôle dans l’Etat. Ce problème d’un Etat multipliant les effets d’annonce, donc promettant beaucoup, mais tenant peu, est bien connu dans les pays connaissant un système politique concurrentiel: un parti obtient le pouvoir sur la base de ses promesses électorales, puis il échoue fréquemment, soit parce qu’il ne comble pas les espoirs qu’il a suscités, soit parce qu’il emploie des moyens exagérés pour tenir ses promesses.
Le système étatique suisse est d’une nature différente. Le gouvernement helvétique est censé renoncer aux déclarations glorieuses pour se limiter à ses tâches centrales. Il doit savoir que les qualités de la Suisse ne se fondent pas sur l’action de l’Etat, mais sur les qualités du peuple. L’Etat est le plus efficace quand il se contente des tâches que lui seul peut accomplir (pour l’essentiel, la sauvegarde de la sécurité à tous les niveaux) et qu’il fait preuve de réserve pour le reste en faisant confiance au souverain et à sa capacité d’agir. Voilà la conception de l’Etat qui fait la force de la Suisse. Voilà la conception de l’Etat que l’UDC défend.
Le Conseil fédéral a adopté le 26 novembre 2014 ses objectifs pour l’année 2015. Je choisis les trois éléments suivants: le plus inutile, la politique d’égalité des sexes; le plus dépensier, la politique sociale; le plus urgent, la politique d’immigration. L’intervention de l’Etat est souvent trop forte en politique sociale et d’égalité des sexes. S’agissant de l’immigration, l’Etat a le devoir de protéger les habitants du pays contre des problèmes importés de l’étranger.
Egalité des sexes: un égalitarisme effréné
La propagande concernant l’égalité des sexes est une des activités favorites du Conseil fédéral et de son administration. On ne cesse ne nous rabâcher les mêmes clichés sensés confirmer que les femmes sont discriminées par rapport aux hommes. Avec la meilleure volonté du monde – je ne vois vraiment pas où est le problème.
Les différences salariales: il est logique et normal qu’un poste à temps partiel soit proportionnellement moins bien payé qu’un poste à plein-temps. Et il est dans la nature des choses que les femmes occupent plus fréquemment des postes à temps partiel que les hommes. Ce n’est pas là un problème politique, mais la conséquence du libre choix de chaque personne qui décide combien de temps et à quel salaire elle veut travailler. Il appartient en outre à l’employeur de décider s’il veut mieux rétribuer une activité à plein-temps qui génère une plus grande expérience professionnelle et se développe de manière continue. L’Etat n’a pas à fixer des règles à ce niveau.
La quotas de femmes: d’un côté, le Parlement décide de renoncer à introduire des quotas de femmes dans les conseils d’administration des entreprises, l’autre côté, le Conseil fédéral propose exactement le contraire. Nous avons vraiment d’autres problèmes dans ce pays que d’imposer n’importe quelles femmes dans les conseils d’administration via des quotas obligatoires. Fixera-t-on bientôt des quotas pour les langues, les catégories d’âge, les universitaires ou les étrangers? Non, nous n’avons vraiment pas besoin de cela. En tant que femme, je considère un quota féminin comme une insulte. Attribuer des mandats en fonction des sexes n’est certainement pas dans l’intérêt de la qualité des organes concernés. C’est en réalité un manque de respect à l’égard des femmes qualifiées.
Politique sociale: il doit toujours valoir la peine de travailler
Le Conseil fédéral s’est fixé pour objectif d’augmenter les prestations complémentaires de manière à ce que leur niveau reste toujours égal. Aujourd’hui, nous constatons que certaines prestations sociales sont si élevées qu’elles découragent les bénéficiaires à chercher du travail. C’est un signal d’alarme! Les principes de l’UDC à ce propos sont les suivants: 1. Chaque personne adulte subvient elle-même à ses besoins. Dans la société moderne, l’exercice d’une activité lucrative joue un rôle non seulement économique, mais aussi existentiel: elle développe la personnalité; elle permet de participer à la vie sociale; elle contribue à la prospérité de tous. 2. Les prestations sociales sont des prestations d’assurance pour lesquelles chacun cotise personnellement. On garantit ainsi l’équilibre entre les recettes et les dépenses. 3. L’Etat aide temporairement des personnes tombées dans la détresse. L’aide sociale est adaptée à chaque cas individuellement et couvre juste les besoins essentiels.
L’explosion des dépenses sociales publiques – de 2 milliards de francs en 1950 à 156 milliards de francs en 2011, en passant par 62 milliards de francs en 1990 – indique clairement que l’Etat social a échappé à tout contrôle. Il est plus que de temps de réformer à fond ce système. La responsabilité individuelle doit revenir au premier plan. Il faut éviter que les coûts excessifs de l’Etat social ne mettent en péril la cohésion de la société. Les prestations sociales sont aujourd’hui en partie trop élevées et minent la volonté personnelle à l’effort. La conséquence est que l’Etat social place trop souvent les assistés dans une dépendance dont ils sont incapables de sortir. Le principe de notre système social doit être d’aider les personnes qui sont tombées sans leur faute dans une situation de détresse. Malheureusement, l’Etat social actuel a fréquemment un effet juste inverse. Les personnes qui se contentent de réclamer l’aide de l’Etat vivent mieux que si elles travaillaient. L’UDC veut qu’il vaille à nouveau la peine de travailler.
Politique d’immigration: limiter l’immigration sans discussion
Le Conseil fédéral a eu raison de placer la réalisation de l’initiative contre l’immigration de masse au cœur de sa politique d’immigration. Le problème, c’est qu’il ne semble pas avoir de stratégie à ce sujet. La manière dont le gouvernement aborde l’obligation qui lui est faite de reprendre le contrôle de l’immigration et de négocier avec l’UE tout en assurant la „voie bilatérale“ vers l’UE nous permet de douter sérieusement de la justesse de ses priorités. Nous serions bien conseillés de suivre attentivement chaque pas du Conseil fédéral et d’élever des critiques si nécessaire. La déformation grossière de la volonté du peuple exprimée avec l’adoption de l’initiative pour le renvoi des étrangers criminels a sérieusement entamé notre confiance dans les autorités.
La démarche à adopter est claire du point de vue de l’UDC: 1. La décision du peuple concernant l’immigration de masse, donc le contrôle indépendant de l’immigration en fonction des besoins de l’économie, doit être strictement respectée. Nous dénoncerons aussi toutes les combines et astuces visant à éluder l’application de l’initiative sur le renvoi. 2. Les accords entre la Suisse et l’UE doivent être examinés individuellement et en détail quant à leur réelle utilité. La stratégie de négociation devra être formulée sur la base de cet examen. Nous tolérerons ni les tentatives aveugles de conserver à tout prix les accords en vigueur, ni la défense des intérêts de l’UE par les autorités suisses. 3. Enfin, nous exigeons des négociations sérieuses qui font honneur aux grandes heures de la diplomatie suisse. La complaisance, la nervosité, voire la servilité à l’égard de l’UE ne sont pas des attitudes dignes de notre pays. La Suisse n’a pas à ramper devant Bruxelles, mais elle doit agir comme un partenaire équivalent.
L’Etat doit se limiter à ses tâches clés
L’extension des activités de l’Etat a l’effet contraire à celui qu’on pourrait souhaiter. A force de se disperser, l’Etat néglige ses tâches clés, soit la garantie de la sécurité à l’intérieur, à l’extérieur et dans l’application du droit. Les individus sont poussés dans la dépendance de l’Etat qui se mêle toujours plus des affaires privées des citoyens et se permet de prescrire aux citoyens et aux familles comment ils doivent organiser leur vie. Cette politique repose sur une image indigne de l’être humain et sur une conception fondamentalement erronée de l’Etat. Il en résulte des dommages graves pour chaque citoyen et pour la collectivité. L’UDC s’engage pour la responsabilité individuelle et pour le rétablissement de la conception de l’Etat qui a fait la force et le succès de la Suisse.