En adoptant l’arrêté sur le réseau des routes nationales, la majorité du Parlement a approuvé une augmentation du prix de la vignette de 150%, soit de 40 à 100 francs. Aujourd’hui déjà, la…
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En adoptant l’arrêté sur le réseau des routes nationales, la majorité du Parlement a approuvé une augmentation du prix de la vignette de 150%, soit de 40 à 100 francs. Aujourd’hui déjà, la Confédération encaisse auprès du trafic privé des impôts, taxes et redevances pour un montant de 9,5 milliards de francs. A peine 30% de cette somme sont affectés à l’infrastructure routière. Les 70% restant vont à la caisse générale de la Confédération et aux transports publics. Et voilà que l’Etat cherche une fois de plus à tirer de l’argent des poches des automobilistes et des motards qui ont déjà payé bien plus que leur dû. Il faut empêcher cela, car c’est une pure arnaque!
Nonobstant aux allégations des partisans de ce projet, la hausse du prix de la vignette n’apporte absolument aucune plus-value. Les affirmations selon lesquelles nous aurions moins de bouchons et des routes nationales mieux aménagées sont de purs mensonges. Mensonges, pressions, tentatives de chantage – tous les moyens sont bons pour les défenseurs de ce projet dans cette campagne de votation.
L’argent produit par la hausse du prix de la vignette est déjà engagé. Il servirait à l’entretien de routes existantes qui sont aujourd’hui à la charge des cantons. Désormais la Confédération assumerait ces coûts. Il s’agit donc uniquement d’un déplacement de frais. Les cantons seraient déchargés de leurs dépenses actuelles pour les routes cantonales et pourraient garder l’argent économisé. Bref, cette affaire leur rapporte le beurre et l’argent du beurre.
Rappelons aussi qu’une hausse du prix de la vignette de 150% augmenterait massivement les coûts de production des PME entretenant une importante flotte de véhicules. Ces frais seraient forcément déplacés sur les consommateurs. Il est en outre prévisible que les automobilistes utilisant rarement l’autoroute feront l’économie de la vignette à 100 francs. Avec pour conséquence que le trafic augmenterait sensiblement dans les villes, les villages et les campagnes.
La nouvelle règlementation permet par ailleurs l’achat d’une vignette valable deux mois pour 40 francs. En profiteront surtout les étrangers qui traversent la Suisse pour aller en vacances et qui font ainsi bien plus de kilomètres sur nos autoroutes que bon nombre de Suisses qui, eux, seraient contraints d’acheter une vignette à 100 francs.
Nous avons certes besoin de routes bien aménagées, mais il n’est pas acceptable que le trafic privé doive payer de plus en plus. La hausse du prix de la vignette n’est que le début. D’autres taxes et redevances comme une augmentation massive des droits sur les carburants ou une limitation de la déduction fiscale des frais de déplacement des pendulaires sont prévues.
Lors de l’introduction de la vignette autoroutière en 1984, on a promis au peuple que cet argent serait utilisé exclusivement pour la construction d’autoroutes. Or, la majorité des routes cantonales passant sous l’égide de la Confédération ne sont pas des autoroutes. De plus, les partisans de l’augmentation de la vignette affirment dans les explications de vote que l’argent généré par cette hausse servirait également à financer des voies cyclables et piétonnières. Bref, on s’apprête discrètement à miner l’affectation initiale et une fois de plus le peuple se fait leurrer.
Ce projet de vignette est une action irréfléchie et précipitée. J’en veux pour preuve l’idée d’une vignette électronique lancée soudainement dans le débat par la conseillère fédérale Doris Leuthard alors qu’il n’en a jamais été question. Elle et ses partisans ne cessent d’ailleurs de nourrir d’autres illusions quant aux effets de la hausse du prix de la vignette. C’est une raison de plus de dire non à ce projet. On ouvrira ainsi la voie à une solution de financement plus raisonnable.
Avant de faire cracher une fois de plus les usagers de la route au bassinet, il faut présenter un concept clair et net sur l’aménagement nécessaire de l’infrastructure routière, sur ses coûts et son financement durant les trente ans à venir. Il s’agit en premier lieu de mettre en place un fonds d’infrastructure routière alimenté notamment par toutes les taxes sur les carburants, par la vignette autoroutière et l’impôt automobile. Toute autre démarche n’est pas sérieuse et doit être rejetée. Dites non à l’arnaque de la vignette à 100 francs comme le font d’ailleurs aussi toutes les associations routières.