Ce traité colonial marque la fin de la voie bilatérale

La parole écrite et la parole parlée font toutes deux foi, l’orateur se réservant le droit de s’écarter fortement du manuscrit.

Christoph Blocher
Christoph Blocher
anc. conseiller national Herrliberg (ZH)

I. Accueil
II. Rien de nouveau sous le soleil
Avec l’âge, on arrive à cette sage conclusion « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, il y en a toujours eu. »

Cela vaut aussi – et surtout – pour la politique européenne de la Suisse.
Depuis la fin de la guerre froide en 1989, les politiciens se pressent comme des poulets apeurés sous la prétendue protection et le parapluie d’entités internationales. Tous les personnages, aussi petits soient-ils, ressentent une atmosphère de renouveau et la folie des grandeurs. Ce qui a fait ses preuves ne compte plus, au profit de la grandeur, de l’international. J’entends encore maintenant un politicien libéral-radical dire, à l’occasion des 700 ans de la Confédération, sur le Grütli : « Nous devons veiller à ne pas passer du statut de cas particulier à celui de cas ringard ».

III. ONU, UE, OTAN
On constate ainsi que pratiquement tous ceux qui ont un rang et un nom – en bref, la classe politique -, qu’il s’agisse des conseillers fédéraux, des parlementaires, de toute l’administration fédérale, pratiquement de tout le Département de la défense (DDPS), sont attirés presque comme par magie vers l’OTAN, l’ONU et l’UE. Ils font fi de l’indépendance suisse, de la souveraineté populaire, de notre neutralité, de la démocratie directe ! Pourquoi ?
Les raisons sont simples : cela permet de se débarrasser de l’encombrant peuple suisse. Il ne convient pas à la classe politique que le peuple suisse ait le pouvoir de rejeter et d’annuler des projets de loi. La souveraineté populaire discipline l’administration et les politiciens, qui devraient toujours agir « au nom du peuple ».

Ce qui dérange la classe politique, c’est que le peuple est souverain. Mais cela doit rester ainsi, car c’est ça la force de la Suisse.

IV. 1992 votation sur l’EEE
De manière incompréhensible, le Conseil fédéral et certainement aussi le Parlement aspirent une fois de plus à se rapprocher de l’UE et bien entendu, comme toujours, via des titres alléchants. Une fois, on fait miroiter la participation à l’Espace économique européen (EEE), une autre fois un accord-cadre ou, de manière tout à fait mensongère, les « Bilatérales III ».

Mais toutes ces notions ont un point commun : Il s’agit de faire de la Suisse une colonie de l’UE, pour finalement la conduire vers l’UE. Nos propres politiciens élus abandonnent la Suisse libre, prospère et souveraine afin d’accroître leur propre importance. Aujourd’hui encore, le schéma se répète.

  • En 1992, avec l’Espace économique européen (EEE), le Conseil fédéral et le Parlement voulaient déjà, d’une part, faire de l’Union européenne le législateur et, d’autre part, installer des juges européens étrangers.

    30 ans après, vous pouvez lire dans les procès-verbaux du Conseil fédéral comment les choses se passaient à l’époque. Le Conseil fédéral n’a approuvé un traité EEE que si celui-ci contenait un droit de veto de la Suisse, peut-on y lire. Mais deux conseillers fédéraux grisés ont perdu ce droit de veto et se sont laissés rouler dans la farine par l’UE. Le responsable des négociations, le professeur Franz Blankart, a été mis à la porte. C’est ainsi que les deux représentants du Conseil fédéral ont approuvé le traité sans droit de veto. Lorsque l’on s’en est rendu compte, le Conseil fédéral a déposé une demande d’adhésion afin d’éliminer ce désavantage. Il est intéressant de lire qui a joué quel rôle, où et quand.

V. Le Peuple suisse pour la souveraineté suisse
Mais le peuple suisse s’est rebellé. Ce n’est pas une histoire glorieuse pour les gouvernants.

Le 6 décembre 1992, le peuple et les cantons ont rejeté le traité de l’EEE avec une participation de près de 80%. Le peuple suisse a sauvé la Suisse. Mais ce à quoi nous avons survécu pendant plus de 30 ans se révèle aujourd’hui noir sur blanc : le Conseil fédéral a visé le contraire de la volonté du peuple, sans toutefois l’avouer.

Consultez les procès-verbaux de 1994 ! Ils sont aujourd’hui accessibles, ils nous révèlent l’état d’esprit qui régnait à l’époque au Conseil fédéral. Moi aussi, j’en ai été effrayé. Au lieu de se préoccuper du pays et de ses habitants, au lieu d’accepter la volonté du peuple, les conseillers fédéraux de l’époque se sont vautrés dans l’apitoiement sur soi, leurs propres sensibilités et leur ego ébranlé.

Un conseiller fédéral PDC – Flavio Cotti – a déclaré avec défiance que « les décisions populaires n’ont jamais arrêté l’histoire de ce pays ». Continuons donc comme avant : en route pour l’UE et l’abandon de la Suisse !

Un conseiller fédéral PLR – Kaspar Villiger – a affirmé textuellement : « Il est amer pour un gouvernement de devoir constater qu’une majorité du peuple accorde plus de confiance aux menteurs ». Mais parmi les menteurs, il ne comptait pas le Conseil fédéral qui, en 1998, avait prédit que l’immigration annuelle avec la libre circulation de l’UE ne dépasserait pas 8’000 à 10’000 personnes.

VI. Les accords bilatéraux, un pas vers l’Union européenne
Les eurofanatiques n’ont donc pas abandonné après le non à l’EEE. Ils se sont sauvés dans les années 1990 en signant des accords bilatéraux. A la place du secrétaire d’Etat Blankart, le Conseil fédéral a envoyé l’europhile Jakob Kellenberger à Bruxelles. L’attitude de la Suisse correspond à celle « d’habitants d’une île dont l’intérêt pour le continent est limité », a ironisé Jakob Kellenberger. On a menti à tout bout de champ. Les diplomates ont fait croire que les accords bilatéraux tenaient lieu d’adhésion à l’UE, mais en réalité, ils avaient pour but de faire entrer la Suisse dans l’UE.
Nous ne devons donc pas nous étonner qu’ils aient négocié de mauvais accords, en particulier la libre circulation des personnes avec l’UE. Le Conseil fédéral – en particulier le radical Pascal Couchepin – comptait sur une immigration annuelle de 8’000 à 10’000 citoyens de l’UE au maximum. Il s’est malheureusement trompé de près d’un facteur 10. De plus, il y avait une clause guillotine qui, en cas de rejet de l’un des sept traités, les rendait tous caducs. Bien entendu, là aussi, les opposants ont été traités de menteurs. Aujourd’hui, on sait qui étaient les menteurs. C’est évident : c’était bel et bien la classe politique.

VII. Bilatérales II
Après l’adoption du paquet des Bilatérales I en 1999, les Bilatérales II ont suivi en 2004.
Ici, la politesse du chanteur se tait. On avait promis : Avec Schengen, la criminalité baisse, avec Dublin, il n’y a pratiquement plus de demandeurs d’asile. Dans le livret de votation, le Conseil fédéral a chiffré les coûts de Schengen/Dublin à 7.4 millions de francs par an. En réalité, les coûts dépassent déjà largement les 100 millions de francs par an.

VIII. L’UE veut faire de la Suisse une colonie ou un état vassal
En 2008, le Conseil des ministres de l’UE a déclaré sans équivoque que la voie bilatérale était terminée. L’UE a exigé à la place un accord-cadre avec la Suisse qui comprenne « la reprise de l’acquis communautaire pour tous les accords » ainsi qu’un mécanisme « garantissant la mise à jour régulière et l’interprétation uniforme de ces accords ».
La commissaire européenne Viviane Reding a elle aussi parlé clairement : « Je suis d’avis depuis longtemps que la voie des accords bilatéraux a fait son temps ». En 2021, le Conseil fédéral avait le pouvoir de rejeter ce projet d’accord.

IX. Nouveau traité colonial en date
Mais aujourd’hui, nous en sommes à nouveau là. Le traité que Mme von der Leyen et Mme Amherd ont essayé de nous faire miroiter avant Noël n’est pas un accord bilatéral ; il met fin pour toujours à la voie bilatérale avec l’UE. L’UE devrait à l’avenir déterminer les lois suisses et la juridiction de l’UE décidera définitivement. De plus, la Suisse devrait verser 350 millions de francs par an à l’UE. Bien que le Conseil fédéral ait rejeté la même chose en 2021, il l’approuve aujourd’hui. Il a peur des critiques des eurofanatiques et de l’UE !

Et c’est ainsi que le nouveau traité d’association négocié, qui n’a même pas encore de nom, souffre à nouveau exactement du même mal fondamental que le traité EEE rejeté par le peuple et que l’accord-cadre 2021 déjà rejeté par le Conseil fédéral : l’UE deviendrait ici le législateur à la place du souverain des citoyens et des cantons, et les juges suprêmes hors de notre territoire seraient acceptés par la Suisse. Seules les colonies font cela. Et pour cette bénédiction coloniale, la Suisse doit s’engager à payer encore 350 millions par an.

Ce nouveau traité colonial est le contraire d’un traité bilatéral convenu d’égal à égal entre les deux parties. Appelons un chat « un chat » : Ceux qui continuent à parler de « voie bilatérale » ou de « Bilatérales III » sont tout bonnement des menteurs !

Alors, Mesdames et Messieurs, nous affrontons une nouvelle fois des menteurs. Il faut résister et non s’adapter. C’est la grande mission de l’UDC, une fois de plus.

Mesdames et Messieurs, nous ne sommes pas prêts à renoncer à cette liberté que nos ancêtres ont conquise au prix de rudes combats ! Nous ne le permettrons jamais, jamais, jamais !

Prenons exemple sur nos ancêtres. Que s’est-il passé au 15e Siècle lors de la guerre des Souabes ? Les « Souabes » – je pense à Mme von der Leyen – ne sont-ils pas à nouveau à l’œuvre aujourd’hui ?

Faisons exactement comme ces citoyens de Hallau qui ne voulaient pas se soumettre à l’Empire romain germanique lors de la guerre des Souabes en 1499, ils ont crié aux lansquenets souabes :

« Nous ne le faisons pas, nous ne le faisons pas, nous ne le faisons pas !
Et si nous le faisions malgré tout, nos femmes, elles, ne le feraient pas ! »

(« Mir tond’s nid, mir tond’s nid, mir tond’s nid!
Und wenn mir’s no taated, so taated’s üseri Wiiber nid! »)

C’est aujourd’hui plus actuel que jamais.

Christoph Blocher
Christoph Blocher
anc. conseiller national Herrliberg (ZH)
 
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