Nous devons une grande part de notre prospérité à la grande sécurité intérieure et extérieure de la Suisse, car seuls des citoyens qui se sentent en sécurité sont prêts à prendre des risques…
Nous devons une grande part de notre prospérité à la grande sécurité intérieure et extérieure de la Suisse, car seuls des citoyens qui se sentent en sécurité sont prêts à prendre des risques commerciaux et à créer des emplois. C’est bien pour cette raison que la garantie de la sécurité intérieure et extérieure, de même que la garantie du droit sont les tâches centrales de l’Etat. Il faut que la propriété soit respectée pour qu’un secteur financier puisse se développer et pour que des investisseurs internationaux acceptent d’investir dans l’économie. Ce constat n’a rien de théorique comme nous le prouve l’actualité quotidienne. En Afrique, au Proche-Orient, au Kosovo et ailleurs il existe également de beaux paysages et une main-d’œuvre bien formée, mais ces Etats sont incapables de générer de la prospérité parce que le crime et la terreur y font partie du quotidien.
Coûts élevés pour l’économie
L’accord de Schengen affecte sensiblement la sécurité intérieure de la Suisse. La suppression des frontières n’augmente pas la sécurité, mais la réduit au contraire. Il est tout de même logique que les criminels recherchent les endroits où il y a le plus à prendre. Et il est bien connu aussi que le clivage de prospérité entre la Suisse et les pays d’Europe de l’Est représente un rapport de 1:7. Ne nous faisons pas d’illusions: la criminalité étrangère en Suisse est aujourd’hui déjà inquiétante si l’on en croit les statistiques officielles. En 2003, près de 49% des malfaiteurs condamnés étaient des étrangers et la population pénitentiaire est étrangère à raison de 64% (2001). Sur les 62’000 suspects recensés en 2003, 55% étaient étrangers et 10% d’entre eux étaient domiciliés à l’étranger.
La suppression des contrôles frontaliers est aussi la porte ouverte au crime organisé comme le révèle l’exemple allemand. Selon le rapport de l’office fédéral allemand de la police criminelle, la part des étrangers au crime organisé augmente depuis 2000 pour atteindre une proportion de 61% de suspects en 2003. La Suisse est encore loin de ces chiffres. Quand des malfaiteurs enfoncent la vitrine d’un bijoutier avec une voiture-bélier, les journaux suisses en font la une. Dans beaucoup de pays étrangers, ces événements font partie du quotidien. Mais à l’avenir, nous serons confrontés à des crimes bien plus graves, au chantage, au racket, aux enlèvements, etc. Nous devrons nous méfier davantage de la fausse monnaie et les rues vont être envahies d’enfants mendiants. Peut-être les milieux économiques qui reprochent aujourd’hui à l’UDC d’être hostile à l’économie en refusant l’accord de Schengen ne reviendront-ils à la raison que lorsque le premier membre d’une famille d’industriels aura été enlevé. Moins de sécurité signifie pour l’économie plus de frais, notamment pour les installations d’alarmes et la protection des personnes. Moins de sécurité dissuade aussi les touristes.
Davantage de contrebande
Quand le Conseil fédéral tente de nous faire croire que le contrôle des personnes pourra se faire en même temps que le contrôle des marchandises et que rien ne changera finalement aux frontières, il dissimule sciemment le fait que les personnes ne peuvent être contrôlées que s’il y a des soupçons étayés. Mais ce qui est bien plus important, c’est que les frontières pourront être franchies partout et non seulement aux passages désignés. Selon l’accord de Schengen, les ressortissants des Etats membres de cet accord peuvent franchir les frontières intérieures toujours et partout sans être contrôlés. Il paraît logique que cette nouvelle liberté va encourager aussi la contrebande. Je n’entends pas par là le passage de quelques bouteilles d’alcool ou paquets de cigarettes pour la consommation propre, mais la contrebande professionnelle de marchandises, de drogues et mêmes d’êtres humains ainsi que l’exportation d’objets volés en Suisse. Il va de soi que ces activités nuisent à l’économie.
Pas d’inconvénient pour la branche touristique
On ne cesse de répéter qu’en refusant l’accord de Schengen/Dublin, nous nuisons à la branche touristique suisse du fait que les Chinois ou les Indiens veulent éviter les frais et les formalités nécessaires à l’obtention d’un visa pour la Suisse. Deux éléments de réponse à ce propos: premièrement, les mêmes politiques qui ont approuvé dans le budget 2004 une augmentation des émoluments pour le visa se plaignent aujourd’hui que ces frais sont trop élevés. Deuxièmement, les ressortissants de pays non membres de Schengen peuvent demander un visa multiple au même prix qu’un visa simple. Par contre, si la Suisse adhère à Schengen, certains étrangers comme les Sud-Africains devront demander un visa pour entrer en Suisse. Mais ce qui compte infiniment plus pour bon nombre de touristes, c’est la sécurité qu’offre la Suisse et qu’elle ne pourra plus offrir avec Schengen. La branche touristique sera la première à en souffrir. La garantie de la sécurité est fondamentale pour l’économie.
Sécurité grâce à la police et aux contrôles frontaliers
Les Autrichiens ont des leçons à donner à la Suisse non seulement en matière de ski et d’assainissement de systèmes sociaux trop onéreux, mais aussi en termes de lutte contre la criminalité. Le programme en dix points lancé en janvier dernier par la ministre de l’intérieur d’Autriche, Liese Prokop, est remarquable à plus d’un titre. Remarquable surtout parce qu’il tend dans une direction exactement inverse à celle que la Suisse envisage de prendre. L’Autriche a l’intention d’engager 500 agents de police supplémentaires sur les routes et d’augmenter de 621 le nombre de places de formation pour policiers durant cette année. Au total donc, notre voisin va augmenter de plus de mille unités son effectif policier. Ajoutée à un équipement plus moderne, cette réforme se répercute sur le budget 2005 avec un montant de 163 millions d’euros, soit 200 millions de francs suisses. Et où ces policiers supplémentaires seront-ils surtout engagés? Dans les contrôles frontaliers et dans la lutte contre l’immigration illégale. L’exemple autrichien prouve, si besoin en était, que Schengen apporte plus de criminalité et moins de sécurité. Et que faisons-nous, nous autres Suisses? Nous nous apprêtons à supprimer les contrôles aux frontières. Et nous constaterons trop tard – comme l’Autriche – que le simple accès à la banque de données SIS ne permet nullement de stopper l’expansion de la criminalité. Mais peut-être que d’ici là la Suisse aura perdu sa bonne réputation de pays sûr.
Un constat pour conclure: en 1990, New York passait pour une des villes les plus dangereuses du monde. En 2003, pourtant, le nombre de crimes violents a diminué de moitié et le nombre d’assassinats a reculé de 58%. Les agressions, cambriolages et vols ont baissé de 66% alors que durant cette même période la population a augmenté de 6%. Pourquoi? En 1993, le maire de la ville, Gulliani, a imposé le principe de la tolérance zéro. Il a massivement augmenté la présence visible de la police dans les rues et interdit de tolérer la violation des lois. En 1995, il y avait 25’000 agents de police à New York. 3000 ont été transférés du service interne au service dans la rue. 5000 agents supplémentaires ont été engagés. Vous le voyez bien: New York a agi comme l’Autriche aujourd’hui. Si la criminalité y a reculé, c’est grâce à une présence accrue de la police dans les rues et à l’engagement d’agents supplémentaires et non pas grâce à la suppression des contrôles frontaliers.