Une boutade bien connue dit que « Quand une invention voit le jour, les Américains en font une marchandise, les Chinois la copient, les Européens la règlementent et la France l’interdit. »
par Valentin Christe, député au Grand Conseil, conseiller communal, Lausanne (VD)
Aujourd’hui, aux Etats-Unis et en Chine, on développe et on fabrique des nouvelles technologies : l’intelligence artificielle, les supraconducteurs, la médecine de pointe, le nucléaire, les nanotechnologies, etc. Pendant ce temps, après avoir réglementé le calibrage des cornichons et la courbure des bananes, après avoir publié un règlement pour nous expliquer ce qu’est une pizza, l’Union européenne vient d’avoir une nouvelle idée géniale : les bouchons qui restent attachés aux bouteilles en PET. A chacun ses priorités. Quant à la France… mieux vaut ne pas en parler.
A son époque, Winston Churchill disait qu’ « une nation qui essaie de bâtir sa prospérité sur l’impôt est comme un homme dans un seau qui essaierait de se soulever par la poignée ». Aujourd’hui, on pourrait dire la même chose au sujet des normes. Tous les entrepreneurs dans cette salle le savent : dans une entreprise, il doit y avoir un équilibre entre les postes qui rapportent de l’argent (les vendeurs, les ouvriers, etc.) et les postes qui coûtent de l’argent (les comptables, les juristes, les secrétaires, etc.). Dans l’UE, on a oublié cet équilibre. On a décidé de tout règlementer. D’encadrer le moindre aspect de la vie par des règles. Le résultat, c’est que l’innovation est entravée, le développement économique est ralenti, les géants de l’économie ne peuvent pas naître. Ce n’est pas un hasard si tant de start-ups se créent en Europe mais déménagent aux Etats-Unis lorsqu’elles veulent se développer.
A force de vouloir tout contrôler, à force de vouloir prévenir le moindre risque, le moindre danger, le plus petit imprévu, l’Europe s’enferme dans un sarcophage de règles. Pourtant, sans liberté, il ne peut pas y avoir de prospérité. Ici en Suisse, certains partis politiques répètent en permanence qu’il y a trop de bureaucratie. Ils ont raison. Mais alors pourquoi veulent-ils nous enchaîner à la bureaucratie européenne en signant le traité de soumission ?
Le thème de cette intervention est « nous les jeunes, nous voulons un avenir fait de liberté et de prospérité ». Aujourd’hui, les politiciens de l’Union européenne sont en train de construire un avenir exactement inverse, dans lequel la liberté recule et la prospérité s’éloigne. L’UE construit petit à petit une prison numérique pour ses citoyens. Et en parallèle, à cause de la naïveté d’une ancienne chancelière allemande et des frontières qui ne sont plus gardées, il y a une immigration incontrôlée sur le continent, avec tous les problèmes que cela entraîne. De plus, avec son désastreux « Pacte vert », l’Union européenne est en train de détruire ce qu’il reste d’industrie sur le continent. La jeune génération n’aura donc pas le choix, elle devra regarder plus loin que l’Europe. A l’avenir, notre pays doit parler au monde entier et élargir ses débouchés commerciaux. Il faut saluer les efforts de notre Conseiller fédéral Guy Parmelin dans ce sens. Et bien sûr, nous les jeunes devons tout faire pour sauvegarder notre modèle suisse : un pays qui peut prendre ses décisions de manière autonome, des frontières maîtrisées, une économie libérale et moins d’Etat.
Le plus regrettable, dans cette affaire, c’est que nous les Suisses, nous sommes profondément européens. Nous sommes au cœur du continent. Nous voulons entretenir de bonnes relations avec ceux qui nous entourent. Notre culture, notre histoire, notre patrimoine font pleinement partie de la civilisation européenne. Mais l’Europe que nous aimons, c’est celle de Léonard de Vinci, de Galilée, de Claude Debussy, de William Turner (qui d’ailleurs avait visité notre pays), ou d’Umberto Eco. L’Europe que nous aimons n’est pas celle de Macron, de Scholz ou de Von der Leyen.
Notre liberté et notre prospérité ne pourront pas survivre sans la démocratie directe. C’est un fait que les dirigeants de Bruxelles ne pourront jamais accepter, eux qui y sont allergiques. Rappelons-nous ce qui s’est passé avec le projet de Constitution pour l’Europe : il a été refusé par référendum en France et aux Pays-Bas. Au lieu de respecter cette décision, les dirigeants des pays de l’UE ont immédiatement commencé à préparer le Traité de Lisbonne, qui prévoyait exactement la même chose sous un nom différent.
Un grand européen, Bertolt Brecht, disait avec ironie que « Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple ». Ou, comme le disait un autre européen, cette fois sans ironie aucune : « Il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens » – c’était Jean-Claude Juncker en 2015, lorsqu’il était président de la Commission européenne. On ne pourra pas dire que nous n’avons pas été prévenus.
Nous arrivons à un moment charnière de l’histoire suisse. Il n’est pas exagéré de dire que ces prochaines années, c’est une partie du sort de notre pays qui se décidera. Allons-nous rester un pays libre, souverain, qui discute sur un pied d’égalité avec ses voisins ? Ou allons-nous devenir un protectorat, une colonie, le Porto Rico de l’Union européenne ? Dans ce combat, nous commencerons seuls. Seuls contre ceux qui ont baissé les bras ou qui sont prêts à tout pour conserver leurs avantages. Seuls contre ceux qui ont accepté les trente deniers pour abandonner la patrie. Mais je suis convaincu que si nous travaillons bien, le peuple nous rejoindra.