Reto Rauch, député remplaçant, Maienfeld (GR)
Il y a un an environ, j’ai participé sur le Pilatus à une table ronde sur la Convention alpine. J’ai alors attiré l’attention sur les dangers des protocoles qui composent cette convention et tenté d’expliquer qu’en signant cet accord la Suisse perdait une bonne partie de sa liberté. Du côté des partisans de cette convention, il y avait le directeur du AlpenRockHouse. Aujourd’hui, je suis au AlpenRockHouse et je dois me battre une fois de plus pour la sauvegarde de nos libertés.
Non aux nouvelles restrictions et interdictions
Je commence par une affaire à caractère plutôt local, mais qui est parfaitement significative. En 2000, le souverain de la Basse-Engadine, ma région d’origine, a rejeté avec une majorité de deux tiers l’extension du parc national. J’étais moi aussi contre ce projet. Après une rude campagne de votation, nous avons remporté ce scrutin contre l’OFEFP et contre la commission du parc. Nous nous sommes battus de toutes nos forces contre de nouvelles restrictions et interdictions. Deux ans plus tard, l’OFEFP ouvrait une procédure de consultation sur un projet de révision de la loi sur la protection de la nature et du paysage. On y lisait noir sur blanc que le parc national allait se composer à l’avenir d’une zone-noyau et d’une zone environnante. La Berne fédérale tente donc d’introduire par des voies détournées ce que nous avons combattu et ce que le souverain a clairement rejeté. On peut réellement se demander si l’administration fédérale prend les décisions démocratiques au sérieux!
Quand on est directement concerné par un événement pareil, on ne peut admettre d’autres projets du même tonneau comme, par exemple, la Convention alpine et ses protocoles. Comment peut-on sérieusement envisager de signer une convention dans laquelle il est, par exemple, écrit « On ne peut soutenir que des projets ménageant l’environnement et le paysage »? Nous tous, nous voulons ménager notre environnement, mais nous voulons aussi pouvoir y vivre et y travailler. Mais nous savons tous aussi ce que les partisans de cette convention, notamment le WWF et d’autres groupements du même genre, entendent par « ménager l’environnement ». Le Conseil fédéral souhaite ratifier une convention internationale hostile à l’économie et au tourisme et que même les principaux cantons concernés ne soutiennent pas. Le Grand Conseil du Valais a refusé cette convention qui ne trouve pas non plus de majorité auprès des conseillers nationaux et des conseillers aux Etats. Voilà un exemple parmi beaucoup d’autres, mais très important pour moi qui vient des montagnes.
Il existe encore bien d’autres accords internationaux qui comportent de gros inconvénients pour la Suisse, comme, par exemple, le traité germano-suisse sur le trafic aérien. Le déroulement des événements est typique: le Conseil fédéral se laisse mettre sous pression et finit par signer un accord totalement unilatéral. Or, un contrat doit toujours être utile aux deux parties.
Non à l’adhésion à l’UE
J’ai commencé par l’extension du parc national, donc par un objet de dimension restreinte, mais néanmoins très important pour une région. La Convention alpine touche une région plus importante et la question de l’adhésion à l’UE est encore bien plus lourde de conséquences. Nous sommes tous concernés. Le Conseil fédéral tente par tous les moyens de nous faire entrer dans l’UE, par la voie directe ou par des voies détournées – comme actuellement. Nous autres, citoyennes et citoyens, nous pouvons encore dix fois dire non à l’adhésion à l’UE, le Conseil fédéral ne retirera pas la demande qu’il a déposée à Bruxelles. En mars 2001, vous vous en souvenez bien, le souverain a rejeté massivement un projet d’adhésion. Néanmoins, le Conseil fédéral maintient son idée d’adhésion. Cette attitude est proprement scandaleuse. Bien sûr que les Suisses seraient les bienvenus dans l’UE. Les donateurs sont toujours bien accueillis – soit dit en passant également auprès des Jeunes UDC des Grisons… Mais quand il faut payer pour avoir moins de liberté, moins d’autodétermination, plus des prescriptions, plus de lois et plus de restrictions, le compte n’est certainement pas bon, du moins pas pour nous.
Ces clubs internationaux nous rapportent rien, sinon des frais. L’exemple de l’ONU est pertinent. Cela fait une année que nous sommes – malheureusement – membres de cette organisation. Pour se convaincre de l’inefficacité de l’ONU, il suffit de lire les journaux. Nous n’avons strictement rien à dire à l’ONU, mais, quand il s’agit de payer, nous sommes aux avant-postes. La prestation la plus extraordinaire fournie jusqu’ici par la délégation suisse est d’avoir offert à l’ONU l’aménagement d’une luxueuse salle d’accueil. Formidable, n’est-ce pas?
Cette mégalomanie internationale ne nous a pas fait avancer d’un pouce, bien au contraire. Les organisations internationales tournent en rond. L’ONU palabre pendant que certains pays, comme les Etats-Unis, font de toute manière ce qu’ils veulent. L’UE prend également beaucoup de décisions, mais nous savons bien comment nos voisins du sud interprètent les lois UE. Cela dit, j’ai un peu de compréhension pour eux devant cette avalanche de prescriptions déferlant de Bruxelles. Sur le plan économique, cet activisme international n’a rien rapporté à la Suisse non plus. Certaines grandes entreprises helvétiques y ont échoué, vous savez lesquelles. D’autres suivront, c’est évident.
La qualité suisse est demandée
Il est grand temps de se rappeler la qualité suisse. Il est grand temps que, nous autres Suisses, nous nous souvenions de nos forces, que nous défendions notre situation particulière et que nous prenions conscience des avantages de notre indépendance. Nous devons à nouveau nous battre pour les valeurs qui nous ont rendus forts. Nous, les jeunes, nous sommes prêts à nous battre, comme le confirment d’ailleurs régulièrement des sondages. Nous en avons assez de cette constante politique d’alignement, nous voulons être indépendants, personnellement et politiquement. Au lieu de discuter en permanence de la suppression des frontières et de l’ouverture du pays, nous devrions commencer par rétablir l’ordre et la sécurité chez nous. Voilà la principale tâche du nouveau parlement, et voilà qui serait en fait la tâche du Conseil fédéral. On ose espérer que le nouveau Parlement saura le lui rappeler.
Un grand merci pour votre attention. Grazcha fich!