Exposé de Caspar Baader, conseiller national (BL), président du groupe parlementaire UDC
Unique au monde, notre système étatique de la démocratie directe a produit à son tour un modèle gouvernementa
Unique au monde, notre système étatique de la démocratie directe a produit à son tour un modèle gouvernemental unique. Nous pouvons affirmer que la concordance est issue de la démocratie directe et qu’elle correspond à celle-ci. En Suisse, le peuple peut directement influencer la Constitution et la législation par la voie de l’initiative et du référendum. Ce système a assuré à la Suisse une grande stabilité politique tout en apportant une contribution notable au succès économique de notre pays. Par son bon sens et sa saine méfiance à l’égard des envols politico-philosophiques de certains élus trop imaginatifs, le peuple suisse a régulièrement su redonner un cap raisonnable à la politique helvétique.
Le peuple joue fréquemment en Suisse le rôle d’une opposition incorruptible et constructive. En raison de cette importante fonction du peuple, il apparaît comme judicieux d’impliquer les principales forces politiques dans le gouvernement. En effet, un gouvernement qui n’aurait pas une composition équilibrée se verrait très rapidement en porte-à-faux par rapport au peuple. Le travail gouvernemental ne serait pas plus efficace; bien au contraire, il serait régulièrement entravé par des échecs dans l’urne.
Avant les victoires électorales historiques de l’UDC en 1999 et 2003, une partie importante des citoyennes et des citoyens n’était pas représentée au gouvernement. La classe politique a pu sauvegarder son cartel de pouvoir sous le prétexte de la « formule magique ». En réalité, le gouvernement de centre-gauche en place menait une politique passant à côté de la volonté populaire, ce qui lui a valu d’être régulièrement remis en place lors des votations populaires. La méfiance à l’égard de la Berne fédérale n’a cessé de croître. Un développement logique, mais néanmoins dangereux pour notre pays.
Depuis que l’UDC est représentée par un deuxième conseiller fédéral au gouvernement, la Suisse possède à nouveau un exécutif dans lequel les principales forces politiques du pays ont leur mot à dire. Cette correction a eu des effets positifs. Songeons simplement à l’immense majorité du peuple qui a soutenu l’automne dernier les projets législatifs défendus par le ministre de la justice. Un résultat qui prouve que le peuple est sensible au réalisme politique.
Cette même classe politique, qui a subi une défaite il y a quatre ans et qui a dû rendre une partie de son pouvoir au peuple, projette aujourd’hui un retour en force. Mais elle n’agit pas à visage découvert. Quelques politicards ourdissent des plans dans des arrière-salles, préparent des intrigues, des coups bas, des combines. Les petits copains sont à l’œuvre pour se répartir de futurs postes et prébendes. Le but de cette cuisine malodorante est d’évincer Christoph Blocher du Conseil fédéral; en fait, d’éliminer l’UDC du gouvernement.
Avec pour conséquence qu’une partie importante du peuple ne sera plus représentée au Conseil fédéral. Le gouvernement de la concordance sera remplacé par une coalition d’assoiffés du pouvoir: les Verts et les socialistes, appuyés par quelques prétendus bourgeois du PDC et du PRD, projettent un coup politique. Ils veulent prendre le pouvoir à tout prix et se moquent complètement de la volonté réelle du peuple.
La conséquence de cette prise du pouvoir par la gauche est facile à imaginer: ce serait le retour à la politique des années nonante, à une politique arrogante, irréaliste et éloignée des préoccupations du peuple. Il faut empêcher cela. Toutes les forces politiques qui comptent dans ce pays doivent être représentées à Berne. La concordance doit être maintenue, car elle nous garantit la stabilité politique et empêche un clivage dangereux entre le peuple et le gouvernement. Il s’agit d’être clair: celles et ceux qui participent à des ententes sournoises pour prendre le pouvoir contre la volonté réelle du peuple menacent la cohésion sociale de ce pays. Pareille attitude est irresponsable et dangereuse.