Bienvenue à vous tous à notre assemblée d’Interlaken. Comme vous l’avez certainement entendu ou lu, le Comité contre l’adhésion à Schengen/UE a déposé le référendum à la Chancellerie fédérale le 31…
La politique nationale de ces derniers mois a été marquée par de grandes incertitudes. Le Conseil fédéral et le parlement n’ont pas eu le courage de faire les corrections nécessaires. Soit on élude des choix fondamentaux pour le pays, soit on prend des décisions erronées en se laissant aveugler par des arguments prétendument progressistes.
Ainsi, le Conseil national s’est prononcé à une faible majorité et contrairement à des promesses antérieures pour une nouvelle assurance sociale fédérale sous la forme d’allocations pour enfants. Le parlement a ouvert des crédits de plus d’un milliard pour l’aménagement de lignes ferroviaires en France et en Allemagne alors que des lignes importantes de ce pays sont négligées. Les promesses faites autrefois concernant les coûts et le financement des NLFA sont oubliées depuis longtemps et de nouveaux milliards sont dépensés derrière le dos du peuple. Avec sa taxe CO2, le Conseil fédéral tente de prélever par la petite porte un nouvel impôt à charge de l’économie. Faute d’une conception claire, la révision de l’assurance-maladie n’avance que par petits pas. La révision de l’assurance-invalidité est bloquée et l’invalidité simulée continue d’être tolérée. Et concernant l’AVS, le Conseil fédéral ose même envisager de nouvelles prestations.
Tout cela est présenté au peuple comme un progrès magnifique. Et ceux qui se défendent contre ces gaspillages se font traités d’éternels attardés. Pourtant, une appréciation sereine et objective de la situation débouche sur un constat fort simple: si on veut que l’Etat redevienne financièrement supportable pour les générations à venir, il faut combattre ce prétendu progrès qui, en réalité, conduit directement vers l’abîme. Le progrès, c’est d’abord revenir à la responsabilité individuelle des citoyennes et des citoyens, le progrès, c’est se battre pour un Etat aux dimensions raisonnables qui ne se détruit pas lui-même.
Destruction d’emplois
Juste avant Pâques, le Conseil fédéral a décidé de prélever dès l’année prochaine un nouvel impôt de 9 centimes par litre de mazout de chauffage et d’introduire le centime climatique sur l’essence. L’extension de la taxe CO2 sur les carburants n’est plus qu’une affaire de temps. Cette nouvelle charge fiscale entraînera une redistribution au détriment de l’économie, donc de l’emploi. La Suisse est le seul pays à prendre des mesures aussi incisives. Pour justifier ce non-sens, on présente des scénarios-catastrophes. Je reçois depuis quelque temps tous les jours une carte postale avec la photo d’un petit enfant qui dit dans une bulle « mourir grâce à l’UDC ». Imaginez un instant ce qui arriverait si nous osions imprimer des cartes avec de telles illustrations! La Suisse contribue à raison de 0,2% aux émissions mondiales de CO2 d’origine humaine. Alors que d’autres pays brûlent du pétrole ou du gaz naturel pour fabriquer de l’électricité, la production électrique suisse provient presque exclusivement d’usines sans aucune émission de CO2, les barrages hydrauliques et les centrales nucléaires. Ou, pour faire une autre comparaison, la réduction de CO2 que nous voulons réaliser à coups de milliards jusqu’en 2010, soit 2,5 millions de tonnes de CO2 par an, correspond à dix jours de croissance en Chine et à 15 jours aux Etats-Unis. Est-il vraiment nécessaire de menacer des milliers d’emplois pour un résultat aussi faible?
Lueur à l’horizon de la politique d’asile
Heureusement, il y a aussi quelques événements positifs à rapporter. Retravaillée sous la conduite du conseiller fédéral Christoph Blocher et examinée en première lecture par le Conseil des Etats, la révision de la loi sur l’asile prend la bonne direction. On ose enfin évoquer et ouvertement mettre en question des sujets qui étaient tabous pendant de nombreuses années.
Cette discussion ouverte et ces nouvelles solutions sont incontestablement à mettre sur le compte de l’UDC qui a eu le courage de parler des vrais problèmes de l’asile et qui a toujours combattu les abus. Cette position nous a valu d’être insultés copieusement. Que l’on songe simplement aux deux initiatives « contre l’immigration clandestine » de 1996 et « contre les abus dans le droit d’asile » de 2002, cette dernière échouant d’extrême justesse avec 50,1% de non. Il est réjouissant de constater aujourd’hui que sous la pression des résultats électoraux une nouvelle réflexion se soit instaurée au Conseil des Etats, notamment dans les rangs du PDC, mais aussi auprès du PRD. Dommage qu’il ait fallu attendre si longtemps.
Ces succès récents de la politique d’asile doivent être surtout portés au crédit du conseiller fédéral Christoph Blocher qui a élaboré, de concert avec les cantons, des solutions praticables, chose jugée impossible il y a peu de temps encore. Simplement l’application rigoureuse de la loi a eu des effets dissuasifs sur les requérants d’asile et les organisations de passeurs. La baisse du nombre de requérants est en effet nettement plus élevée en Suisse que dans les autres pays européens. Il est également important que l’UDC soit désormais représentée par deux conseillers fédéraux au gouvernement. Notre parti a ainsi acquis une influence nettement plus forte au niveau de l’exécutif. La voie ainsi ouverte doit être rigoureusement poursuivie.
Attitude douteuse des Eglises et œuvres d’entraide
Le débat de ces derniers mois sur ladite aide d’urgence a placé les Eglises et œuvres d’entraide dans une situation douteuse. L’affaire de la paroisse de Bâle, qui s’était beaucoup avancée à propos de déclarations faites par Christoph Blocher dans l’émission de la télévision alémanique « Arena », est particulièrement révélatrice. Non seulement il s’est avéré que les représentants de l’Eglise n’avaient pas dit la vérité – ou ne la connaissaient pas – mais en plus on a dû apprendre que cette même paroisse abritait des trafiquants de drogues condamnés pour leurs méfaits et leur offraient une aide d’urgence. On a du mal à imaginer tant de naïveté auprès de dirigeants ecclésiastiques qui, dans d’autres circonstances, condamnent sévèrement la drogue. Mais il y a pire: les investigations de la police ont mis au jour 2000 francs d’argent liquide chez ces individus qui réclamaient l’aide d’urgence.
On a guère été surpris de voir les médias prendre immédiatement le parti de l’Eglise et d’accuser Christoph Blocher de mensonges en gros titre sur la une. Mais quand la police a clairement confirmé les dires du conseiller fédéral, les titres étaient beaucoup plus petits, sinon absents. On manque de courage pour reconnaître ses erreurs. Pareille obstination laisse sans voix.
Depuis des années, ces mêmes Eglises ne manquent pas une occasion pour critiquer notre parti en faisant des déclarations dégoulinantes de considérations morales. Elles ont le droit de le faire, mais nous attendons des églises, qui sont aussi une partie de l’Etat de droit et qui en profitent, qu’elles respectent les règles de l’Etat de droit. Une appréciation plus différenciée de la situation leur siérait certainement. Faute de quoi l’UDC, qui par principe soutient les Eglises nationales, va sérieusement s’interroger sur une séparation plus nette de l’Eglise et de l’Etat. Les Eglises et les œuvres d’entraide n’ont pas l’exclusivité de l’amour du prochain. L’UDC aussi est consciente de ses responsabilités politique et morale quand elle évoque le sort des réfugiés.
Il faut le dire sans ambages: l’explosion du nombre de requérants d’asile était une excellente affaire commerciale pour les œuvres d’entraide et leur a aussi permis de se profiler dans le public. Mais aujourd’hui, ces mêmes œuvres semblent manquer du courage nécessaire pour prendre les décisions qui s’imposent dans l’intérêt des éléments véritablement faibles de la société. L’UDC, en tout cas, continuera de s’engager pour les faibles, qu’ils soient réfugiés ou citoyens suisses.
Aide d’urgence pour les éléments récalcitrants?
Une fois de plus, le Tribunal fédéral a réussi à faire parler de lui – en mal. Contrairement à l’avis du Conseil fédéral et du Conseil des Etats, le Tribunal fédéral a décidé dans un arrêt que l’aide d’urgence devait aussi être versée aux requérants d’asile refusant de collaborer. Donc, une personne qui détruit ses papiers en arrivant en Suisse, dont la qualité de réfugié n’est reconnue ni par l’Office fédéral des réfugiés, ni par la commission de recours, qui refuse de révéler son identité, qui dissimule ses origines et refuse de quitter la Suisse alors que sa demande a été définitivement rejetée, cet individu donc a tout de même droit à l’aide d’urgence selon le Tribunal fédéral. Pouvons-nous vraiment admettre que des individus qui se font passer pour des réfugiés persécutés, qui ridiculisent notre pays, soient en fin de compte récompensés? J’ai de la peine à accepter ces tentatives de faire passer tous les requérants d’asile pour des personnes pauvres, gentilles, vulnérables, toujours prêtes à aider. La réalité est qu’il y a parmi eux des trafiquants de drogues, des criminels de guerre et des malfaiteurs de la pire espèce. Je ne comprends pas l’arrêt du Tribunal fédéral, d’autant moins que même la nouvelle loi sur l’asile garantit toujours l’accueil des vrais réfugiés en Suisse.
Immédiatement, le président du Tribunal fédéral, Giusep Nay, a déclaré dimanche dans une interview qu’on ne pouvait pas changer la Constitution. « Le peuple a toujours raison », a dit ce Monsieur très conscient de son importance, une déclaration qui ne manque pas de culot quand on sait que le même juge voulait enlever au peuple la compétence de naturaliser les étrangers. C’est bien pour cela que nous avons lancé notre initiative populaire, pour montrer à ces Messieurs de Lausanne qui commande dans une démocratie. Après avoir déposé jeudi dernier le référendum contre Schengen avec plus de 85’000 signatures, nous donnerons bientôt aussi la parole au peuple pour qu’il choisisse qui a le droit de naturaliser dans ce pays. Et si nous y sommes contraints, nous recourrons à la même méthode pour rectifier le dernier jugement déplacé de la cour suprême du pays. Encore heureux que cette dernière ait pris sa décision par trois voix contre 2.
Limiter les dégâts au Palais fédéral
Mais revenons au Palais fédéral. Durant la troisième semaine de la session parlementaire, le Conseil fédéral avait encore affirmé qu’il n’y avait pas eu d’irrégularités en Suisse en matière de visas. Une semaine plus tard, quatre cas graves ont du être avoués. J’en déduis qu’on a tout simplement menti aux parlementaires. Preuve en est aussi que les autorités concernées cherchent par tous les moyens à étouffer l’affaire. On n’aime pas en parler. Et on aime encore moins parler du scandale des visas qui secoue l’Allemagne et l’UE. Dans son arrogance sans borne, le ministre des affaires étrangères d’Allemagne que j’ai invité à l’assemblée d’aujourd’hui n’a même pas jugé nécessaire de répondre à mon invitation. Et le DFAE et son chef, Micheline Calmy-Rey, auxquels j’avais demandé d’intercéder, n’ont pas pipé mot. Aujourd’hui, cinq millions de ressortissants des anciens pays du bloc de l’est se promènent dans l’espace Schengen. Ils ont reçu un visa d’entrée parce que le gouvernement rouge-vert de l’Allemagne a voulu statuer un exemple en matière de politique d’immigration. Résultats: des centaines de milliers de citoyens UE, notamment allemands, perdent leur emploi et la criminalité augmente. Voilà qui nous amène à notre thème d’aujourd’hui: l’accord de Schengen apporte à notre pays de la criminalité, du chômage et, finalement l’adhésion à l’UE.