Les dés sont jetés. Le peuple suisse a réélu le parlement fédéral. Un quart des électrices et électeurs a renouvelé sa confiance à l’UDC. En obtenant une part de 25,6% aux suffrages, l’UDC est devenue pour la sixième fois consécutive la première force politique de Suisse loin devant ses concurrents. Elle a même pu fêter un double succès dans le canton d’Obwald : Monika Rüegger a non seulement reconquis après huit ans le siège UDC au Conseil national, mais elle est aussi la première femme dans l’histoire d’Obwald à représenter son canton à la Berne fédérale.
Cela ne peut évidemment pas nous faire oublier les sévères pertes que nous avons subies ce dimanche des élections fédérales : l’UDC a perdu 3,8% de suffrages par rapport 2015 et, par conséquent, 12 sièges au parlement fédéral. C’est un résultat douloureux même si un recul était prévisible après le record de suffrages de 29,4% réalisé en 2015 et la propagation de l’hystérie climatique. Une analyse de longue durée indique que la part aux suffrages se développe toujours en forme de vague. En 2015, une constellation proportionnelle heureuse et une augmentation de 2,8% de la part aux suffrages ont apporté 11 sièges supplémentaires à l’UDC alors qu’elle avait perdu 8 sièges en 2011 avec une baisse du nombre de suffrages de 2,3%.
Les autres partis gouvernementaux ont également subi des pertes. Le PS est tombé à 16,8% des suffrages, son plus mauvais résultat depuis 100 ans. Le PLR s’est lui aussi retrouvé à son niveau le plus bas depuis un siècle : en 1999, ce parti avait encore obtenu 19,9% ; depuis dimanche dernier, il ne peut compter plus que sur 15,1% des suffrages. Ces chiffres statistiques ne changent certes rien aux pertes de l’UDC, mais ils permettent de les apprécier dans de justes proportions.
Le mouvement climatique et des disputes internes ont servi les adversaires
Cela ne doit cependant pas nous empêcher de nous soumettre à un examen critique. De toute évidence, nous n’avons pas réussi, comme il y a quatre ans, à convaincre autant de citoyennes et de citoyens par notre politique pour l’indépendance, pour le contrôle de l’immigration et pour des impôts et redevances modérés. Hormis dans les cantons d’Obwald, des Grisons, du Tessin, du Jura et des deux Appenzell, l’UDC a partout perdu du terrain. Les pertes s’échelonnent entre -2,3% en Valais et -18,6% dans le canton de Nidwald (voir le tableau qui ne tient cependant pas compte du cas particulier des cantons appliquant un système majoritaire). La forte baisse que l’UDC a subie en Suisse romande, alors que ses parts électorales sont déjà faibles dans cette région du pays, est particulièrement inquiétante.
Nous analyserons en détail les raisons de ce recul. Il est incontestable que le mouvement climatique a fortement mobilisé le camp adverse et qu’il a servi nos adversaires politiques. Autre phénomène à prendre au sérieux : la baisse de la participation électorale de 3,5%. Le recul encore plus fort, par exemple dans l’Oberland bernois et, d’une manière générale, dans les communes campagnardes où l’UDC est traditionnellement forte doit nous donner à réfléchir, ce d’autant plus que dans les grandes villes la participation n’a baissé que de 1 à 2% et qu’elle est même restée au même niveau qu’en 2015 en ville de Berne.
Il est évident à nos yeux que le refus d’appliquer l’initiative contre l’immigration de masse et l’application molle de l’initiative pour le renvoi des criminels étranger ont provoqué la résignation d’un certain nombre d’électrices et d’électeurs. Le fait est aussi que des disputes internes portées sur la place publique, comme cela a été le cas à Bâle et en Argovie, se paient dans l’urne. C’est d’ailleurs normal : un parti, qui s’occupe de lui-même au lieu de chercher des solutions aux problèmes brûlants qui inquiètent les citoyennes et les citoyens, ne doit pas s’étonner s’il perd la confiance de ces derniers.
Nous avons négligé au niveau suisse, mais également dans de nombreux cantons, le travail politique de base en dehors de nos thèmes clés. Ces activités de fond doivent être renforcées. Nous devons engager encore plus de responsables qui cherchent à échanger avec des experts et des élus politiques cantonaux et nationaux afin de préparer des solutions avec des variantes. Il faut de surcroît intensifier dans toutes les régions les échanges avec nos électrices et électeurs, par exemple par l’organisation systématique de séances proposant des rétrospectives des sessions parlementaires et des manifestations de type « L’UDC proche de vous ».
Il s’agit de travailler avec motivation et élan à tous les niveaux pour le bien de la Suisse et non pas pour des intérêts personnels ou pour décrocher des postes lucratifs. Les électrices et électeurs ont réglé des comptes avec quelques représentants de notre parti, car ils ne croyaient tout simplement plus en leur motivation à se battre pour la sauvegarde de l’emploi, pour la liberté et pour l’indépendance de la Suisse.
Nous ne nous satisferons cependant pas de ces quelques explications. Nous analyserons sans ménagement dans quelle mesure nous sommes nous-mêmes responsables de la perte de sièges et nous débattrons ouvertement des leçons que nous devons en tirer. Le travail politique exige de la rigueur à tous les échelons, un grand engagement personnel et une planification efficace du personnel et des ressources. Le dernier dimanche électoral nous a fait comprendre que nous devons continuer de nous améliorer.
On n’abandonne pas des valeurs et des convictions sous l’effet du vent contraire
Mais il y a une chose que nous ne ferons certainement pas, c’est-à-dire modifier sous l’effet de ces pertes de sièges notre programme politique et nos thèmes forts. Sachant pertinemment que la responsabilité individuelle, une classe moyenne forte, une immigration contrôlée et une économie florissante sont des facteurs essentiels du
succès de notre pays et du bien-être des habitants de la Suisse, nous continuerons de nous battre sans fléchir pour nos valeurs.
Nous devons analyser en détail pourquoi nous n’avons pas réussi à mobiliser notre
potentiel d’électrices et d’électeurs, mais, contrairement à d’autres partis, nous n’avons pas besoin de débattre de nos valeurs. Bien au contraire : nous considérons le glissement à gauche du parlement comme une chance et aussi comme un défi qui nous portera à prouver encore plus clairement durant les quatre années à venir à quel point une politique d’immigration négligente, une attitude craintive à l’égard l’UE, l’hystérie écologique et, son corollaire, les arnaques fiscales de l’Etat font du tort à notre pays. Dans cette perspective, la défaite électorale du 20 octobre dernier est aussi pour nous une chance à saisir pour les quatre années à venir.