Part électorale et force du groupe parlementaire
Obtenant une part électorale de 22,5% aux élections fédérales de 1999, l’UDC est devenue le premier parti politique de Suisse. Elle occupe aujourd’hui 52 des 246 sièges du Conseil national et du Conseil des Etats. Depuis l’automne 1999, l’UDC s’est présentée dans 19 élections cantonales et dans 17 de ces scrutins elle a gagné des sièges. Dans cinq cantons, la part électorale de l’UDC a progressé de plus de 10%. Dans les cantons de Genève, d’Obwald et de Nidwald, l’UDC a obtenu d’emblée assez de sièges pour former un groupe. Les deux initiatives populaires fédérales de l’UDC soumises au vote durant cette législature, soit l’initiative sur l’or et l’initiative sur l’asile, ont échoué de justesse. Ces succès de l’UDC s’expliquent par une politique rigoureuse au niveau fédéral et cantonal en faveur de la sécurité, pour des finances publiques équilibrées, pour une baisse des impôts et prélèvements, pour la responsabilité individuelle et aussi pour l’indépendance et de la neutralité face à l’UE et à l’OTAN. Or, malgré sa force électorale, l’UDC est régulièrement minorisée au Parlement.
Lors de l’examen du budget 2003, qui poursuit la lignée des déficits de la Confédération, le groupe UDC a déposé au Conseil national des propositions d’économie concrètes pour un montant de plus d’un milliard de francs. Malgré la situation précaire des finances fédérales, ces propositions ont été rejetées par la majorité du Parlement. Le fait que la dette fédérale a presque triplé en dix ans a simplement été ignoré. Dans le domaine de la santé publique, le Conseil national n’a pas eu la force de procéder à une révision de la LAMAL permettant de stopper enfin l’augmentation constante des primes d’assurance-maladie. Il est d’autant plus important que l’UDC lance son initiative « pour des primes d’assurance-maladie plus basses » et que le peuple se prononce. Dans la perspective actuelle, il est prévisible que les propositions du groupe UDC concernant la révision de la loi sur l’asile vont une fois de plus se heurter à l’opposition des autres partis. Conclusion: il est important pour notre futur travail parlementaire que le groupe UDC se renforce notablement.
Tous contre l’UDC
Les succès électoraux de l’UDC ont mis sous pression le PRD et le PDC. Au lieu de se rappeler leurs principes bourgeois et de voir dans l’UDC une alliée, les radicaux et démocrates-chrétiens prennent leurs distances en prétextant des questions de style. Ce schéma se répétera sans doute encore plusieurs fois d’ici à l’automne 2003. Le 4 décembre 2002, le PRD et le PDC ont refusé une nouvelle fois à l’UDC un deuxième siège au Conseil fédéral, oubliant du même coup que la fameuse concordance, qu’ils ne cessent d’invoquer, a précisément pour objectif de faire représenter au gouvernement les principaux partis en fonction de leur force électorale.
Concordance et démocratie directe
Ce cartel formé par les autres partis pousse l’UDC dans un double rôle. D’un côté, l’UDC est un parti gouvernemental et souhaite même assumer davantage de responsabilité exécutive; c’est pour cette raison qu’elle déjà présente deux fois un candidat pour obtenir un deuxième siège au Conseil fédéral, mais les autres partis n’en ont pas voulu. De l’autre côté, l’UDC se doit de combattre la politique de centre-gauche pratiquée aujourd’hui. Avec un seul conseiller fédéral et, partant, la responsabilité d’un seul département, les propositions et idées de l’UDC ne peuvent pas être défendues avec suffisamment de vigueur au Conseil fédéral. L’UDC est donc contrainte de faire également valoir ses positions via le Parlement et le peuple. Il ne serait tout de même pas acceptable que l’UDC, simplement du fait qu’elle participe au gouvernement, doive renoncer à son programme libéral et bourgeois, donc ignorer le mandat de ses électeurs, et conclure a priori des compromis avec les autres partis. Un seul exemple pour illustrer ce propos: le Parti socialiste a aussi pris la liberté de mener une opposition fondamentale contre la révision de la loi sur l’assurance-chômage alors que ce projet était soutenu par le Conseil fédéral où le PS occupe deux sièges. Notre parti doit à l’avenir également se battre pour des finances publiques saines, donc contre la hausse constante des dépenses, et contre des erreurs politiques de fond et l’augmentation de la quote-part fiscale. L’UDC doit poursuivre son engagement contre les abus dans le droit d’asile, l’abandon du secret protégeant les clients des banques, des concessions excessives dans les négociations bilatérales II et contre l’adhésion à l’UE et à l’OTAN. L’UDC n’accepte pas de se laisser museler. Elle continuera donc, dans l’intérêt du pays, à recourir aux instruments de la démocratie directe quand ses propositions ne trouvent pas de majorité au Conseil fédéral et au Parlement alors qu’elles sont soutenues par une forte proportion de la population. Je rappelle à ce propos les votes sur le frein à l’endettement, l’initiative pour l’adhésion de la Suisse à l’UE, l’initiative sur l’asile et j’en passe. Ce travail politique, l’UDC le doit à ses électrices et électeurs.
Le mandat de l’UDC: une affaire de fond et non de style
Aujourd’hui, il s’agit de déterminer démocratiquement le programme politique de notre parti par le biais de notre plate-forme électorale. En adoptant ce programme, vous donnez à votre parti et à ses élus le mandat de concrétiser les positions et exigences qui y sont inscrites. Mais ce programme constitue aussi un mandat que nous donnerons nos électrices et électeurs l’automne prochain. Il est donc important que la population sache clairement avant de voter quel parti représente quelle position. L’UDC devra résister à toutes les attaques durant cette campagne électorale. Il faut absolument éviter qu’elle se laisse diviser par des discussions de style ou encore par le reproche selon lequel elle est devenue un parti d’opposition. Nous ferions trop plaisir à nos adversaires politiques. L’UDC doit débattre avec les autres partis sur les contenus politiques. Elle doit montrer avec conviction qu’elle ne se contente pas de demi-solutions en politique fiscale et financière, en politique de sécurité, d’asile et de santé, mais qu’elle prend des positions claires et propose des solutions constructives qui s’attaquent ouvertement à la racine des grands problèmes actuels de notre pays.
Pour reprendre le contrôle des finances publiques, il faut commencer par refuser la multiplication des tâches de l’Etat – par exemple, le financement des crèches d’enfants, l’institution d’une assurance-maternité en lieu et place d’une modification du Code des obligations – et cesser d’étendre le catalogue des prestations des œuvres sociales – par exemple, par l’introduction d’une retraite à la carte dans l’AVS ou encore par le paiement de nouvelles prestations médicales par la LAMAL. L’UDC doit empêcher dans tous les cas que la place financière et économique suisse tombe au niveau de la moyenne internationale parce que les impôts et prélèvements augmentent constamment (par exemple, la récente hausse de l’impôt sur le tabac et l’augmentation prévue de la TVA) pour financer de nouvelles tâches et parce que la liberté d’entreprendre est sans cesse rognée par des interventions de l’Etat. C’est ainsi que l’on perd des emplois et que la prospérité commune baisse. La facture finale doit évidemment être payée par la population.
Parti gouvernemental ou non, l’UDC doit toujours avoir le courage de s’opposer avec force à ces dysfonctionnements.