En tant que représentante de la jeune génération, je participe volontiers à l’entretien des personnes à la retraite. Je sais bien que nous devons beaucoup à nos aînés: un réseau routier et de transport efficace, des infrastructures indispensables comme les écoles et les hôpitaux, de bonnes conditions-cadres pour les PME qui font la force et la compétitivité de l’économie suisse.
C’est grâce à ses aînés que la Suisse a pu devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Je tiens donc beaucoup à ce que nos générations anciennes puissent vivre leur troisième âge dans la dignité, sans soucis d’argent ou existentiels. Les aînés doivent être respectés par tous durant cette phase de leur vie.
par Karin Bertschi, députée, cheffe d’une entreprise de recyclage, Leimbach (AG)
Dans les discussions sur cet objet de votation, j’entends toujours parler de ces fameux 70 francs. Il me semble que l’on tente de faire croire que nous, les jeunes, nous ne voulions pas que nos aînés reçoivent 70 francs de plus. Or, le problème est que les rentiers actuels ne touchent pas un centime de cette augmentation. Seuls les nou-veaux rentiers en profiteront. Mais, pour nous autres jeunes, le problème est encore différent: dès l’âge de 18 ans, nous payerons 0,3% supplémentaire de notre revenu pour l’AVS. Parallèlement, la TVA sera augmentée de 0,6%. Et quelle sera la contre-partie? Une caisse vide, voire une dette énorme dans quelques années. Nous ne sa-vons pas aujourd’hui si un jour il y aura encore assez d’argent pour financer nos rentes.
J’ai été choquée durant cette campagne de votation par la déclaration suivante du conseiller fédéral Alain Berset, responsable de ce dossier: "Si cette réforme n’est pas acceptée, les jeunes ne peuvent pas être certains de recevoir un jour un rente AVS." Je ressens cette déclaration comme une menace et, de plus, elle me semble complè-tement infondée. Pourquoi ce projet du Parlement, qui augmente les charges de l’AVS en accordant 70 francs de plus par mois aux nouveaux rentiers, garantirait-il mieux financièrement l’AVS que le maintien des rentes au même niveau comme le souhaitent les adversaires de cette réforme? La mise en place d’une solution durable exige avant tout de l’honnêteté et des faits clairement établis. Cette menace gouvernementale est inutile et n’a pas de sens. Il est vrai, comme le dit le conseiller fédéral Berset, qu’il faut agir. Mais nous avons besoin d’une solution de remplacement par rapport à son projet et celle-ci existe bel et bien.
En disant NON le 24 septembre nous ouvrons la voie à une solution qui comprend une révision séparée de l’AVS et de la prévoyance professionnelle et qui réforme les deux institutions par petites étapes clairement compréhensibles.
Si les prélèvements sociaux sur les salaires et la TVA augmentent – je suis prête à accepter les deux hausses – il faut que les réformes soient financièrement durables, donc qu’elles garantissent l’AVS et qu’elles soient équitables – pour les jeunes comme pour les aînés.
Le projet actuel ne répond pas à ces exigences. Voilà pourquoi je dis NON.