Il commence à faire jour – le soleil levant, symbole de notre parti, semble même avoir éclairé quelques esprits de la gauche politique.
Combien de fois les autres partis ne se sont-ils pas moqués de l’UDC en la qualifiant d’isolationniste et d’arriérée? Ils étaient tellement impatients de conclure un accord-cadre avec l’UE. Pour ces milieux, les souhaits de Bruxelles sont manifestement des ordres auxquels il faut obéir. Même quand l’UE exige que la Suisse reprenne automatiquement les développements du droit européen. Même quand l’UE exige que la Suisse se soumette en cas de litiges aux jugements définitifs de la Cour de justice UE, donc aux décisions de ses seuls juges. Même quand l’UE veut nous interdire – comme on l’a appris récemment – d’expulser des étrangers criminels alors que le peuple a tranché dans ce sens. Même quand l’UE veut nous imposer les règles de la citoyenneté européenne. Même quand l’UE exige de la Suisse le paiement des indemnités de chômage pour les frontaliers. Même quand l’UE remet en question la structure de nos entreprises électriques, de nos banques cantonales et de nos assurances des bâtiments.
Ces derniers jours cependant, ces mêmes partisans enthousiastes d’un accord-cadre avec l’UE ont brusquement changé de langage. Alors que les rapports avec l’UE commencent à s’étioler et que Bruxelles montre son vrai visage en présentant presque quotidiennement de nouvelles exigences à la Suisse, le PLR et le PDC réclament tout à coup publiquement la suspension des négociations. Le PS et les syndicats prennent même le risque d’une rupture en refusant toute discussion. Comment a pu se produire cette volte-face inattendue? L’UE a fait comprendre à la Suisse qu’elle ne tolérait plus les mesures d’accompagnement. Ces mesures sont censées compenser les lourds dysfonctionnements de la libre circulation des personnes. Même les partis politiques les plus inféodés à Bruxelles ne peuvent nier que les salaires suisses baisseraient forcément si tout le monde, en l’occurrence quelque 500 millions de citoyennes et de citoyens UE, pouvait entrer et travailler en Suisse. Ces mesures de protection ont donc été mises en place pour empêcher le dumping salarial.
L’efficacité des mesures d’accompagnement est globalement faible. Depuis l’introduction de la libre circulation des personnes il y a 15 ans, les salaires n’ont augmenté que marginalement en Suisse. Dans certaines branches ils ont même stagné. Au lieu de s’attaquer à la racine du mal et de limiter enfin l’immigration, les partis non seulement de la gauche, mais aussi du centre ont fait des mesures d’accompagnement une vache sacrée. Et aujourd’hui, en réalisant enfin que la volonté de Bruxelles n’est pas seulement contraire à celle de l’UDC, mais aussi à la leur propre, ils s’indignent bruyamment.
Le meilleur exemple à citer à l’appui de mon propos est une interview accordée il y a quelques jours par Micheline Calmy-Rey. L’ancienne ministre suisse des affaires étrangères y prend une distance surprenante par rapport à l’UE:
« L’UE exige que nous reprenions ses règles. Voulons-nous que la protection de nos salaires soit soumise au droit européen? Que les mesures d’accompagnement soient soumises à la Cour de justice UE (CJUE)? (…) Ce serait dangereux pour la protection de nos salariés si la Suisse reprenait via un accord-cadre les conditions de travail et de salaire de l’UE. Le droit suisse protège mieux que le droit européen. Je m’oppose avec détermination à ce que le droit européen règle toutes les relations entre la Suisse et l’UE. »
Cet après-midi nous débattrons d’initiatives populaires qui concernent également la thématique de l’autodétermination. Le fait que le PDC et le PLR, de même que le Conseil fédéral combattent des initiatives écologistes et de gauche non pas par des arguments concrets, mais en invoquant des traités internationaux comme les règlementations de l’OMC, l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce et notamment les accords agricoles bilatéraux avec l’UE donne une idée précise de l’état d’esprit de ces milieux. Même quand il s’agit de l’alimentation de la population, on y donne plus de poids au droit international qu’à la Constitution fédérale. Il faut être bien conscient de ce que cela signifie: une de nos activités de base, la production de denrées alimentaires, serait réglée par l’étranger. Quant à nous, nous continuerons de nous battre à coups d’arguments concrets et objectifs contre les initiatives des Verts et de la gauche. Ces motifs seront développés cet après-midi. Il est essentiel qu’à l’avenir également nous suivions dans ces affaires les avis de la majorité de la population et non pas les opinions de quelques bureaucrates de Bruxelles ou de Strasbourg.
J’invite donc l’ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey et ses camarades, les présidents du PS, du PLR et du PDC, mais tout particulièrement la conseillère nationale Maya Graf, qui s’engage pour l’initiative « Fair-Food », ou encore la présidente des Verts, la conseillère nationale Regula Ritz, à adhérer au comité « UE-Non » et au comité pour l’autodétermination en vue de la votation du 25 novembre 2018. Car un oui à l’autodétermination est un oui à la démocratie directe. Indépendamment de la position politique de chacun, il faut que les Suissesses et les Suisses puissent continuer de décider librement de la manière dont ils veulent cohabiter et des lois qui régissent leur pays.
Si le PS et les Verts partagent nos opinions dans ce domaine, notre initiative pour l’autodétermination l’emportera haut la main au scrutin de novembre 2018.
Dire oui à la démocratie directe, c’est logiquement aussi dire oui à l’initiative pour l’autodétermination.
Je ne crois cependant pas que les choses se passeront aussi facilement. Profitant de l’unanimité qui semblait se dessiner, j’ai invité les présidents des autres partis gouvernementaux à adresser avec nous une lettre au Conseil fédéral lui enjoignant de suspendre les négociations avec l’UE. On ne sera guère surpris d’apprendre qu’aucun d’entre eux n’a accepté d’apposer sa signature sous une telle lettre. Ainsi tout continuera comme avant. Et l’UDC sera toujours le seul parti politique qui agit au lieu de se lamenter, le seul parti à se battre pour que les Suissesses et les Suisses puissent continuer de décider librement de leur propre sort et du cadre légal qui régit leur pays.