L’éducation suisse est en crise : ce qu’il faut faire et ce qu’il vaut mieux éviter

Mes conclusions et mesures en 14 ans en tant que directeur de l’éducation du canton de Nidwald.

Res Schmid
Res Schmid
Conseiller d’État Stans (NW)

L’école obligatoire a pour mission de transmettre des compétences de base telles que la lecture, l’écriture et le calcul, ainsi que certaines aptitudes sociales. Ces compétences constituent la base de l’apprentissage tout au long de la vie et d’une carrière scolaire ou professionnelle réussie.

En tant que directeur de l’éducation d’un petit canton depuis de nombreuses années, j’ai le privilège de visiter les écoles des 11 communes de Nidwald au moins une fois par année scolaire, ce qui me permet d’avoir régulièrement un aperçu précieux de la vie scolaire, de prendre la température sur place et d’entretenir des échanges de fond avec les autorités scolaires, les directions d’école et les enseignants. De plus, ces expériences me permettent de corriger les éventuelles erreurs de développement. Depuis 2010, en tant que directeur de l’éducation, j’ai mis en œuvre les mesures suivantes :

  • Réintroduction des notes en 3e et 4e années. Auparavant, les enfants ne recevaient des notes qu’à partir de la 5e année (2013).
  • Maintien de l’école enfantine traditionnelle, une seule des deux années d’école maternelle étant obligatoire. Ceci a été confirmé par une décision populaire. Nidwald renonce au modèle du cycle élémentaire ou de base (2015).
  • Renforcement des compétences de base à l’école primaire par l’introduction de 273 leçons supplémentaires (+20%) en allemand et en mathématiques (2015/16).
  • Maintien de l’histoire et de la géographie en tant que matières notées, même dans le cadre du programme scolaire 21 (2017).
  • Suppression de l’écriture phonétique, afin d’encourager l’écriture académique dès le départ (2018).
  • Augmentation de l’âge d’entrée à l’école de quatre mois à partir de 2020. Contrairement à la tendance nationale, les enfants de Nidwald devraient entrer à l’école enfantine plus tard et avec plus de maturité (2020).
  • Introduction de nouveaux tests de performance pour vérifier les résultats d’apprentissage dans toutes les communes.
  • Intensification de la surveillance des écoles par le canton.

Nos écoles nidwaldiennes préparent parfaitement nos enfants et nos jeunes à la vie professionnelle, ce dont atteste notamment le taux d’achèvement des apprentissages de 98 / 99% dans la formation professionnelle au cours des dernières années, faisant de Nidwald le leader suisse dans ce domaine. Nidwald occupe également une position de pointe en matière d’échanges linguistiques, qui ont lieu en étroite collaboration avec le canton du Valais.

Toutefois, selon mes expériences et mes observations, trop de choses ne fonctionnent pas encore correctement à l’école obligatoire :

1. L’école « inclusive » est un échec
En 2010, Nidwald a été le premier canton à introduire le système scolaire intégratif (« école inclusive »). Depuis, j’observe cette évolution avec une inquiétude croissante. L’enseignement intégratif surcharge aussi bien les élèves que les enseignants, ce qui entraîne une baisse continue de la qualité de l’apprentissage. Ma conclusion après 14 ans : Dans de nombreuses classes, il règne une agitation et un manque de discipline qui nuisent fortement à la capacité de concentration des élèves. Lorsque les enfants doivent quitter la classe ou porter des protections auditives pour pouvoir se concentrer, cela indique que l’enseignement est soit trop peu guidé, soit trop fortement perturbé par des enfants présentant des troubles du comportement. Il faut à nouveau des classes de soutien ciblées et des possibilités de séparation limitées dans le temps afin de soutenir de manière optimale les enfants concernés et de décharger les enseignants.

2. L’immigration incontrôlée a un impact sur l’éducation
La politique migratoire incontrôlée entraîne une forte augmentation du nombre d’enfants allophones dans les classes, rendant l’intégration difficile. L’absence de classes d’intégration aggrave ce problème depuis des années. De nombreux enseignants sont confrontés à un éventail croissant de niveaux de performance et de besoins qu’il est difficile de gérer dans le cadre de l’enseignement ordinaire. Je plaide pour la création de classes d’intégration régionales dans lesquelles les enfants et les jeunes allophones apprennent d’abord l’allemand au niveau A2 avant d’être admis dans la classe ordinaire.

3. Baisse des performances et des compétences élémentaires
De nombreux tests montrent que les performances dans les compétences de base que sont la lecture, l’écriture et le calcul ont tendance à baisser. Sans une base solide dans ces domaines, il devient difficile de réussir dans d’autres matières. Il est urgent de mettre davantage l’accent sur ces compétences de base et de réduire l’utilisation des langues étrangères dans l’enseignement.

4. Surcharge de travail due aux langues étrangères
Deux langues étrangères à l’école primaire constituent un dépassement les capacités de nombreux élèves et entraînent des déficits dans la langue scolaire, l’allemand. Cette réalité se reflète également dans les résultats PISA en baisse depuis des années. Une langue étrangère à l’école primaire est suffisante. Il est urgent de procéder à une adaptation dans ce domaine.

5. Le programme scolaire 21 entraîne une surcharge de travail
Le programme scolaire 21 évalue toutes les matières de manière équivalente, ce qui entraîne une surcharge, en particulier dans le domaine des langues étrangères. L’approfondissement nécessaire en allemand et en mathématiques est ainsi négligé. Un redimensionnement du programme d’enseignement est donc nécessaire.

6. Les notes sont nécessaires
Je suis clairement partisan des notes scolaires et je m’oppose fermement au débat actuel, à caractère idéologique, sur leur suppression. Des évaluations transparentes des performances sont nécessaires pour documenter et communiquer clairement les progrès de l’apprentissage. Les formes d’évaluation alternatives sont de toute façon transposées dans les échelles de notation traditionnelles. Je considère que l’attribution de notes à partir de la 2e année primaire est judicieuse.

7. Une écriture correcte plutôt qu’une écriture phonétique
L’écriture phonétique s’est révélée inefficace. Pire, elle entraîne des difficultés inutiles et des habitudes d’écriture erronées qu’il est difficile de corriger par la suite. Les enfants doivent apprendre l’orthographe correcte dès le début, sans que cela n’entraîne directement des baisses de notes.

8. L’école a besoin de dispenser un enseignement plus « frontal »
Le concept d’apprentissage auto-organisé désavantage surtout les élèves moins performants. Un enseignement guidé avec des structures claires est bien plus efficace. L’enseignement frontal doit à nouveau être davantage reconnu comme une forme d’enseignement efficace.

9. La mixité des âges réduit la réussite de l’apprentissage
Là où les conditions structurelles et les effectifs des classes rendent judicieux le regroupement de différentes années, cela a toujours été pratiqué. Toutefois, lorsque, pour des raisons purement idéologiques, l’apprentissage multi-âge est pratiqué en regroupant différentes années, les inconvénients pour la réussite de l’apprentissage l’emportent nettement sur les prétendus avantages idéologiques. Cette pratique entraîne souvent une surcharge de travail pour les enseignants et nuit à la progression individuelle des élèves. Dans de tels cas, la différenciation dans l’enseignement ne peut pas être suffisamment garantie, ce qui entraîne une baisse du niveau d’apprentissage global.

10. Le débat sur le genre est inutile à l’école
Le débat sur le genre et ses conséquences sur l’enseignement scolaire sont inutiles. L’accent devrait être mis sur la maîtrise de la langue et non sur les discussions idéologiques. Les thèmes LGBTQI+ n’ont pas leur place, en particulier à l’école primaire.

11. L’éducation sexuelle est avant tout l’affaire des parents
L’éducation sexuelle relève en premier lieu de la responsabilité des parents. L’école peut apporter son soutien, mais la compétence éducative des parents doit être préservée.

12. La numérisation dans l’enseignement doit se faire avec discernement
L’utilisation des moyens numériques doit être ciblée et limitée. Les outils numériques ne doivent pas remplacer le contact personnel entre l’enseignant et les élèves ni l’enseignement traditionnel.

13. Il faut plus de pratique dans les HES
La formation dispensée par les hautes écoles spécialisées (HES) est trop axée sur la théorie. Il est urgent de mettre davantage l’accent sur la pratique, notamment dans le domaine de la gestion de classe.

14. Un retour à des méthodes éprouvées est souhaitable
Je plaide pour un retour aux méthodes d’enseignement et d’apprentissage qui ont fait leurs preuves. L’accent doit être mis sur des bases claires, proches de la pratique, afin de garantir la réussite de l’apprentissage.

Ces mesures reflètent ma conviction et mon expérience que l’école obligatoire doit mettre l’accent sur des bases claires, pratiques et efficaces pour l’apprentissage, afin d’offrir aux élèves la meilleure éducation possible et de les préparer au mieux à leur avenir.

Res Schmid
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Conseiller d’État Stans (NW)
 
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