L’armée a toujours occupé une place importante dans la politique de l’UDC. Notre parti a soutenu la réforme Armée 95 malgré certaines réserves. Ces dernières années, l’UDC a élaboré plusieurs document
L’armée a toujours occupé une place importante dans la politique de l’UDC. Notre parti a soutenu la réforme Armée 95 malgré certaines réserves. Ces dernières années, l’UDC a élaboré plusieurs documents de fond concernant l’armée et sa transformation. On peut citer à ce propos le rapport « Changement stratégique » qui a été rédigé en 1998 par Christoph Blocher, alors conseiller national, dans le contexte du débat sur Armée 95. En 2004, l’UDC a consacré son congrès spécial de Schaffhouse au thème de l’armée et il y a dix mois elle a publié une version mise à jour du document « Pour une armée de milice adaptée à la menace » qui avait été adoptée dans la ville rhénane.
Diverses déficiences que nous avons relevées à l’époque ont été corrigées entre-temps. L’armée de milice, les cadres, mais aussi les instructeurs ont fait de leur mieux. Mais on attend toujours une stratégie claire en matière de politique de sécurité. Le Conseil fédéral, le Parlement et la direction de l’armée refusent avec obstination de revoir les bases de l’armée et de conduire un processus de décision transparent. Des représentants du DDPS ont même qualifié de « dangereux » un débat sur la menace et sur l’orientation de l’armée. Une déclaration absolument incompréhensible dans un pays connaissant la démocratie directe et dans lequel le citoyen est aussi soldat. L’armée est l’instrument de puissance de notre politique de sécurité. Pour former utilement l’armée et lui donner les moyens personnels et financiers dont elle a besoin, il faut commencer par redéfinir la menace. Ce travail n’a pas été fait avec tout le soin nécessaire. Les responsables se contentent de se citer eux-mêmes et de renvoyer à des documents du passé. Cela ne suffit pas. L’UDC exige une mise à jour complète du rapport de politique de sécurité et une analyse détaillée de la menace actuelle qui ne cesse d’évoluer. A mon avis, les milieux concernés sont aujourd’hui trop focalisés sur les événements du 11 septembre (attentats terroristes aux Etats-Unis) et ne tiennent pas assez compte des nouvelles formes de menaces qui commencent à se manifester.
Dans les mois à venir, le Parlement examinera à nouveau une série d’importants projets militaires. Il s’agit du programme d’armement et des crédits immobiliers militaires, de ladite étape de développement 08/11 ainsi que du projet de loi sur les cours de répétition à l’étranger, donc de sujets qui déclenchent traditionnellement un débat de fond sur l’orientation de la politique militaire. Je rappelle par exemple les discussions sur Armée 61, Armée 95 ou encore sur les grands projets d’acquisition de chars blindés ou d’avions.
Obligations constitutionnelles
A une époque de grands changements, il est utile de revenir aux principes premiers. La Constitution fédérale définit en son article 58 le mandat de l’armée. Il y est stipulé pour l’essentiel que l’armée fonctionne selon le principe de la milice, qu’elle sert à empêcher la guerre, qu’elle contribue au maintien de la paix et qu’elle défend le pays et sa population. De plus, l’armée peut soutenir les autorités civiles. La loi sur l’armée précise également les tâches de l’armée dans son premier article: 1. elle assure la défense du pays et de sa population; 2. elle apporte son soutien aux autorités civiles lorsqu’elles doivent faire face à une grave menace (…); 3. elle contribue à la promotion de la paix sur le plan international. Le mandat de défense est donc bien inscrit dans la Constitution et dans la loi sans restriction aucune. D’où notre surprise en relevant l’interprétation de la direction de l’armée qui, en juin 2006 dans le « Rapport QG Forces terrestres », décrit les mandats de l’armée comme suit: 1. Engagements subsidiaires pour prévenir et surmonter des dangers existentiels; 2. Sûreté sectorielle et défense contre une attaque militaire (compétence centrale); 3. Contribution à la promotion de la paix.
En d’autres termes, la direction de l’armée ne tient pas compte du principe de la primauté de la politique et interprète à sa guise le mandat de défense. Que l’armée défende le pays et protège la population ou que l’armée s’engage pour la sûreté sectorielle et repousse une attaque militaire, ce sont deux choses bien distinctes. Manifestement, ladite étape de développement 08/11, qui représente en réalité une vaste réforme de l’armée, ainsi que les acquisitions qui en découlent reposent sur cette interprétation de la direction de l’armée. Ce procédé mine le principe de la neutralité permanente et armée de la Suisse.
Armée de milice
Nous constatons avec inquiétude que la direction de l’armée s’éloigne de plus en plus du principe constitutionnel de l’armée de milice. Cette attitude s’explique par l’envie manifestement irrésistible des hauts gradés de se montrer à l’étranger. Or, notre armée de milice ne peut être forte que si elle est ancrée dans le peuple et si elle est portée par celui-ci. Presque tous les conflits militaires de ces dernières années ont montré qu’une milice motivée à défendre le pays peut parfaitement résister à une armée moderne et bien équipée. La direction de l’armée continue de forcer l’adaptation de l’armée suisse aux structures de l’OTAN. Ce développement s’accompagne d’une professionnalisation croissante, mais que manifestement les cadres professionnels acceptent de moins en moins de suivre. Au lieu de céder aux attraits de la scène internationale, la direction de l’armée suisse ferait mieux de se souvenir des forces de la milice et des règles constitutionnelles que le souverain helvétique a fixées. La sécurité par la coopération doit surtout être encouragée à l’intérieur du pays. Les responsables militaires admettent des lacunes à ce niveau sans nécessité aucune. Le Parlement, le Conseil fédéral et la direction de l’armée doivent se demander sérieusement si la gauche politique est véritablement le bon partenaire pour transformer l’armée suisse. Les milieux de gauche ont déjà engrangé de beaux succès en obtenant bien plus que la réduction de moitié de l’armée et aujourd’hui ils s’attaquent de manière parfaitement coordonnée et orchestrée au désarmement des soldats en les contraignant de rendre leur arme personnelle. La joie à peine dissimulée de la gauche devant cette prochaine réforme est soulignée par de nouvelles propositions de réductions budgétaires. L’UDC, en revanche, est prête à accorder à l’armée les moyens dont elle a besoin pour remplir son mandat constitutionnel. Même si ces moyens devaient dépasser les budgets actuels.