La formation et la recherche sont des thèmes d’une actualité brûlante. Il s’agit de savoir si nous agissons dans la bonne direction, si nos efforts sont pertinents et si nos moyens sont rationnellemen
La formation et la recherche sont des thèmes d’une actualité brûlante. Il s’agit de savoir si nous agissons dans la bonne direction, si nos efforts sont pertinents et si nos moyens sont rationnellement engagés. La précarité des finances publiques et la concurrence mondiale nous contraignent d’analyser les coûts et l’utilité de toutes les tâches que nous accomplissons. Au niveau primaire, l’étude PISA a permis une première comparaison internationale; pour la formation supérieure, le facteur déterminant est le succès sur le marché de la formation. Nous ne pouvons plus considérer aujourd’hui la formation et la recherche sans tenir compte des intérêts de l’économie. Notre position de pays hautement développé est de plus en plus contestée, notamment par des pays asiatiques et le plus souvent par des régions à bas niveau salarial. Inversement, ces mêmes pays sont une nouvelle clientèle qui achète nos produits. La formation est précisément un produit très important. Mais il faut que nous commencions par identifier nos possibilités sur le marché afin d’exploiter les chances qui s’offrent à nous.
La formation professionnelle
Le fait est incontestable: l’une des explications du succès économique de la Suisse de ces dernières années est sa formation professionnelle tout à fait exceptionnelle qui repose sur un système dual. De nombreux Etats s’en inspirent. 70% des adolescents choisissent aujourd’hui cette voie de formation pour entrer dans le monde professionnel. Chaque année ce système de formation dual génère des professionnels de haut niveau. Bon nombre d’entre font des carrières magnifiques qui les conduisent jusqu’à la tête de groupes internationaux. L’UDC s’engage pleinement pour l’équivalence sociale de la formation professionnelle et de la formation scolaire, comme cela est d’ailleurs prévu dans le nouvel article constitutionnel.
Le succès économique de notre pays et, partant, notre prospérité reposent sur une grande diversité de métiers pratiques, sur une formation supérieure spécialisée comprenant également la recherche ainsi que sur la formation continue qui est le reflet d’une population travailleuse tendant vers l’excellence. Nous devons entretenir et développer ces trois piliers, car nous avons tous, à droite comme à gauche, le même souci: assurer le succès économique de notre petit pays, sa prospérité et sa sécurité pour les jeunes et les moins jeunes.
Concurrence renforcée
Nous assistons en Suisse à une curieuse réaction face à la mondialisation de la concurrence. Les uns demandent avec véhémence une intervention plus forte de l’Etat et une régulation de la concurrence (par exemple, à propos du service publique); les autres sont prêts à relever le défi que constitue une concurrence globale. Or, en réalité, cette concurrence est de toute manière inévitable. Les manœuvres visant à l’éviter ne sont que des combats d’arrière-garde qui nous font rater la chance de nous mettre en position favorable pour affronter la nouvelle situation. J’illustre mon propos avec une citation de Rolf Zinkernagel, prix Nobel de médecine: « Pour améliorer la recherche en Suisse, il faut renforcer la concurrence entre les scientifiques; c’est plus important qu’une augmentation des crédits. » (Interview parue dans le magazine « Facts »)
Sommes-nous encore à jour?
Nos universités et la recherche publique sont particulièrement touchées par cette évolution. Les élus politiques responsables et attentifs ne peuvent pas accepter plus longtemps sans réagir que le soutien de l’Etat soit revendiqué sous le prétexte de « la liberté pour l’enseignement et la recherche » alors que l’enseignement et la recherche ne manifestent guère la volonté de produire en contrepartie une prestation qui intéresse l’économie – sans laquelle il n’y aurait pas d’argent pour les enseignants et les chercheurs. Bien sûr, on ne cesse de lancer des affirmations simplistes qui tendraient à prouver que chaque franc investi dans la formation et la recherche revient au multiple. Il est grand temps de vérifier sérieusement et objectivement ces allégations et de contrôler si, effectivement, les fonds disponibles sont engagés là où ils offrent le meilleur retour sur investissement. Des doutes sont permis. Il est évident que des moyens considérables sont engagés dans le secteur universitaire, de même que dans le domaine de la recherche, sans qu’ils aient le moindre rapport utile. Les exemples illustrant l’insuffisance du transfert de connaissances et de technologie des universités et instituts de recherche vers l’économie sont légion.
Nous voulons que ces problèmes soient ouvertement débattus et que la science assume ses responsabilités, notamment face aux contribuables.
L’UDC s’engage pour plus de concurrence dans le domaine de la formation et de la recherche, non pas parce que la concurrence est un terme à la mode, mais parce que la concurrence est la meilleure de référence pour mesurer ses propres structures et prestations dans le but de les améliorer. Voilà le principal objectif de la concurrence. Celui qui ne peut soutenir la concurrence – qui devient de plus en plus internationale – est dans une bien mauvaise situation pour affronter l’avenir.
Nous connaissons déjà des institutions de formation qui sont totalement exposées à la concurrence et qui prouvent par leur exemple qu’une formation performante n’est pas simplement un service public. Je cite à ce propos la première haute école spécialisée de Suisse – Kalaidos – à bénéficier d’une reconnaissance de la Confédération. Elle a pris un bon départ sans aucune aide de l’Etat et malgré une concurrence forte. Son exemple sera certainement suivi. La formation et la concurrence doivent aller de paire; ce sont des éléments complémentaires qui conduisent vers le succès l’homme sachant en user.
Exigences concrètes
Cela ne signifie évidemment pas que toutes les hautes écoles doivent emprunter la même voie. Mais il faut dans tous les cas que les institutions publiques et privées puissent se battre à armes égales sur ce marché. En outre, il faut accorder une plus grande autonomie aux universités pour leur permettre de s’adapter aux développements internationaux. La concurrence doit jouer à tous les degrés. Non seulement pour les apprentis qui cherchent une place d’apprentissage, non seulement pour les salariés qui cherchent un nouvel emploi, non seulement pour les entreprises qui doivent trouver des acheteurs pour leurs produits sur des marchés ouverts, mais aussi pour lesdits privilégiés qui réclament pour eux la tranquillité d’un champ d’exercice hautement subventionné par l’Etat.
Que signifient concrètement ces principes pour la formation et la recherche? Voici les revendications de l’UDC:
Formation continue
La formation continue en Suisse dépend largement des exigences des citoyennes et des citoyens ainsi que de l’économie et de la société. Il est difficile d’estimer l’ampleur que prend la formation continue et sa diversité dans un pays moderne comme la Suisse. L’Etat n’a pas à assumer de tâche centrale dans la formation continue. Il peut tout au plus intervenir comme régulateur quand l’offre paraît déloyale ou quand la compétitivité internationale doit être soutenue par des certifications officielles.
Une nouvelle vague de financement public d’offres de formation continue créerait de grosses injustices, car se soutien ne bénéficierait qu’à un petit nombre des ayants droit. De plus, une telle intervention génère toujours de nouvelles réglementations et de nouveaux contrôles publics. Or, c’est précisément ce que nous ne voulons pas.
Résumé
On peut apprendre à vivre dans la concurrence, mais on peut aussi tenter de l’éviter. Nos hautes écoles doivent non seulement enseigner la concurrence, mais elles doivent aussi la pratiquer elles-mêmes avec succès faute de quoi elles ne sont pas crédibles. Une société trop confortable a souvent tendance à considérer la concurrence comme nocive. C’est une erreur fatale.
Souvenons-nous des règles de la concurrence promulguées par l’OMC. La Suisse a accepté ces règles, également dans le secteur des services. Personne ne peut prétendre sérieusement qu’il est encore possible de les éluder. Dans le secteur des services, dont la formation fait partie, la réglementation OMC s’appelle GATS. 70% du produit national brut de la Suisse sont réalisés dans ce secteur. On y exige comme partout ailleurs une concurrence internationale sans discrimination aucune.
L’UDC s’engage à fond pour une formation et une recherche performantes en Suisse. Mais la formation et la recherche doivent être intégrées dans la stratégie globale d’un petit Etat performant et s’orienter en fonction d’une concurrence croissante. Nous le devons aux générations à venir.