Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Autorités et des Parlements,
Cari Amici della Svizzera italiana,
Chers Amis de la Suisse romande,
Chers Amis de la Suisse alémanique,
Fidèles et gentils Compatriotes,
Mesdames et Messieurs,
Nous ne nous sommes pas réunis ici pour célébrer l’enterrement de l’accord-cadre avec l’UE, mais nous nous retrouvons pour fêter dans la joie la renaissance de notre patrie, la Suisse.
Nous voici réunis à cet endroit ce soir et le discours sera marqué par le lieu où nous nous trouvons :
Nous faisons la fête ici à Morschach, en face de la prairie du Rütli, le berceau de la Confédération. Nous nous réjouissons parce qu’une décision courageuse et porteuse d’avenir du gouvernement fédéral a défendu l’indépendance et l’autodétermination de la Suisse.
Ce choix nous remplit tous de fierté, de joie et de gratitude – moi également en tant qu’ancien membre de cette autorité.
L’intervention de notre président de la Confédération Guy Parmelin a aussi été un moment fort.
De nombreuses personnes, des amis et des adversaires, en ont pris acte avec satisfaction. Voilà le président de la Confédération suisse, le représentant du peuple, un simple vigneron vaudois qui explique en termes clairs et sans fioriture à l’arrogante UE que l’on ne pourra pas se mettre d’accord sur le projet d’accord institutionnel, si bien que la Suisse préfère mettre fin aux négociations tout en continuant d’entretenir des rapports de bon voisinage.
Oui, Mesdames et Messieurs, pour exprimer une vérité aussi évidente et claire, il n’est pas nécessaire d’être formée à tous les jeux tordus de la diplomatie. Un homme, une parole – cela suffit !
(Malheureusement nous ne pouvons pas le dire directement à nos deux conseillers fédéraux, car leur fonction les empêche d’assister à notre fête.)
Mesdames et Messieurs,
« Nous ne voulons pas de juges étrangers ! » Voilà ce qu’ont inscrit les Confédérés dans leur pacte de 1291. Ce message n’a pas changé jusqu’à ce jour et c’est ainsi également que se résume le message de la décision du Conseil fédéral du 26 mai 2021. Il s’agissait de communiquer à l’UE que celle-ci ne deviendrait pas, contrairement à ce qu’elle souhaitait, le législateur à la place du peuple suisse. La Suisse reste ce qu’elle est et ce qu’elle sera. Il faut que les grands de ce monde, aussi importants soient-ils, le sachent. Oui, la Suisse a vécu le 26 mai 2021 une sorte de renaissance après sept années de difficiles négociations auxquelles un objectif complètement erroné avait été fixé.
L’endroit où nous nous trouvons nous oblige de penser au légendaire Pacte fédéral de 1291. Ici, en face du Rütli, où les Confédérés d’autrefois ont juré : « Nous voulons être un peuple uni de frères, / Ne jamais nous diviser face à l’adversité et au danger. / Nous voulons être libres comme le furent nos pères, / […] ne pas craindre le pouvoir des hommes. » Ces paysans, tous des analphabètes, étaient des hommes sages. Leur décision dure toujours.
Mais nous nous souvenons aussi de Guillaume Tell. Il n’a pas participé à la réunion du Rütli, bien qu’il y fût invité. Ce n’était ni un chef, ni un suivant. Non, c’était un homme lent, maladroit, mais doué d’une autorité naturelle, un homme qui agissait et qui est finalement devenu l’assassin du tyran. Un homme seul, vivant à l’écart de la société. Dans ses chaussures d’armailli, il est descendu de Bürglen, animé d’une mystérieuse force intérieure, pour faire ce qui était humainement juste. Il a agi sans grands discours sur les droits de l’homme. Tell était et est toujours le symbole de la résistance.
La communauté a besoin d’hommes de cette trempe. Sur le Rütli, les représentants de la communauté populaire ont fixé – sans lui – cette volonté par des mots et des formules.
Le serment du Rütli se dirige contre tout ce qui menace de l’extérieur la petite communauté. Le Pacte fédéral de 1291 ne fait pas l’éloge de ce qui est grand, de ce qui est organisé. Il ne constitue pas une soumission à l’Etat administratif européo-habsbourgeois.
Tout comme nous sommes très loin de faire l’éloge de l’UE – même si quelques individus jamais sortis de la puberté, ayant acquis quelques petites connaissances dans une université et ayant passé directement de l’auditoire à la salle du Parlement fédéral souhaitent ardemment voir la Suisse dans l’UE.
Le Pacte fédéral dit « non ». Il exprime surtout de la méfiance, un refus. Il s’oppose à des interventions injustifiées d’en haut et de l’extérieur. Le penseur politique Karl Schmid l’a écrit ainsi : « Cette nuit de 1291 sur un petit espace défriché entre les parois imposantes des montagnes, on a dit uniquement ‘non’. […] Nous ressentons certes que c’était un ‘oui’ à une création naturelle, à un développement naturel, à une construction organique, mais il n’était pas nécessaire de l’exprimer, il ne fallait même pas l’exprimer. L’organique est dans une large mesure quelque chose d’inconscient. » Voilà pour citer Karl Schmid.
Ce « non » fut bientôt mis à l’épreuve, en 1315 lors de la bataille de Morgarten qui, heureusement, a été remportée grâce à un message transmis par une flèche : « Confédérés, gardez-vous au Morgarten ! »
« Gardez-vous ! » Mesdames et Messieurs, ce sage avertissement est particulièrement valable aujourd’hui. Après le serment du Rütli d’une si grande portée historique, « Gardez-vous » fut le message sauveur.
Ce message a gardé toute sa valeur après l’importante décision du Conseil fédéral contre le rattachement institutionnel de la Suisse dans l’UE : gardez-vous ! Car le danger a été écarté pour le moment, mais il n’a pas disparu. La majorité de la classe politique reste acquise à l’idée de la reprise automatique de droit UE, à la subordination à des juges étrangers. Elle continue de vouloir signer un accord trahissant la Suisse et dont la double clause de la guillotine aurait rendu quasi impossible une résiliation.
Tôt ou tard, cette discussion reprendra – malheureusement. Aujourd’hui déjà, la gauche, les écologistes et les vert’libéraux évoquent un nouveau traité EEE de type colonial, voire d’une adhésion à l’UE. Roger Köppel a défini fort justement la tâche de l’UDC. C’est une bonne chose que nous ayons parmi nous des parlementaires qui voient clair et qui, de surcroît, savent s’exprimer aussi brillamment. Donc : « Confédérés, gardez-vous dans et en dehors du Palais fédéral. »
Voilà pourquoi les feux en montagne allumés ce soir par l’UDC dans les 26 cantons n’expriment pas un remerciement, mais servent à ce qu’ils ont toujours servi : ce sont des feux d’alerte qui invitent le peuple suisse à bien se garder. Ce soir aussi les feux en montagne sont un avertissement :
Soyez vigilants !
J’entends déjà les si intelligents partisans de l’UE : « Que des mythes, tout ce que raconte Blocher ! »
Je leur réponds avec les mots de Gottfried Keller : « S’ils se réalisent. / Là n’est pas la question, / La perle de chaque fable est son sens. / Le cœur de la vérité y est clairement présent, / Le noyau mûr des légendes populaires. »
Mesdames et Messieurs,
Résister, voilà la tâche de l’UDC. Résister souvent seul. Tous contre l’UDC. Il en était ainsi ces dernières années et cela ne changera malheureusement pas.
C’est pourtant ce dont la Suisse a besoin. Et ce combat n’est pas perdu d’avance malgré la supériorité numérique des adversaires.
L’UDC a été le seul parti gouvernemental à combattre l’accord-cadre depuis toujours. Elle a, seule contre tous, empêché la loi désastreuse sur le CO2. Et elle a largement contribué à ce que les initiatives agricoles extrêmes soient enterrées.
Ce ne sont là que les derniers exemples en date. Beaucoup d’autres pourraient être mentionnés si j’observe les 30 années écoulées. Sans l’UDC, la Suisse ne serait pas un « Etat fédéral, libéral, régi par la démocratie directe, indépendant et prospère ».
Il vaut la peine de poursuivre sur notre voie. Notre mandat est clair.
Chères Concitoyennes, Chers Concitoyens, en reconnaissance envers Dieu, nous voulons faire tout ce qui est humainement possible pour que notre Suisse, notre patrie, reste libre à l’avenir également.
Cette attitude n’exclut nullement des relations respectueuses et amicales avec tous les peuples du monde. Il n’est cependant pas nécessaire de sacrifier pour autant notre liberté et d’abandonner notre droit de décider de notre avenir sur notre propre sol. Voilà pourquoi nous lançons tous ensemble :