Comme il y a quatre ans, nous tenons notre première assemblée des délégués de la nouvelle législature à Wil dans le canton de St-Gall. Et comme il y a quatre ans, nous nous réunissons après un succès électoral – cette fois-ci non seulement au parlement, mais aussi au Conseil fédéral. J’ai l’immense plaisir de saluer pour la première fois deux conseillers fédéraux à une assemblée des délégués de l’UDC et je félicite chaleureusement Samuel Schmid et Christoph Blocher pour leur élection.
En élisant un deuxième représentant de l’UDC au Conseil fédéral, le parlement est revenu à la concordance conformément à la volonté des électeurs. Aujourd’hui, la composition du Conseil fédéral reflète la volonté du peuple exprimée le 19 octobre dernier. Ces électrices et ces électeurs nous ont donné un mandat clair et net, celui de concrétiser les promesses que nous avons faites pendant la campagne électorale. Celles et ceux qui croient que les années à venir seront plus calmes pour l’UDC se trompent lourdement. Bien au contraire: une fois de plus et sans exagérer d’aucune manière, je dois vous dire qu’un travail plus important que jamais nous attend. L’UDC doit défendre sa crédibilité durant les mois et années à venir. Et pour cela, elle doit se battre avec toute son énergie et de toutes ses forces pour faire aboutir ses idées et objectifs politiques. Car en remportant les élections fédérales d’octobre et en gagnant deux sièges au Conseil fédéral, nous avons aussi accepté d’assumer une plus grande part des responsabilités dans la solution des problèmes actuels. Cela ne signifie pas que nous devions adapter notre politique à celle des partis perdants ou que nous devions réorienter notre politique, comme cela a été demandé dans nos propres rangs, mais cela signifie que nous devons redoubler d’efforts pour faire passer notre politique. Si nous voulons éviter de devoir bientôt céder à nouveau notre deuxième siège au Conseil fédéral, nous devons répondre aux grandes attentes que nos électrices et nos électeurs ont fondées sur nous. Donc travailler davantage. C’est aussi simple que cela.
Davantage de politique UDC égale davantage de croissance économique
Notre pays a un objectif prioritaire en 2004: le retour à la croissance économique. Nous devons mettre en place les conditions-cadres qui permettent d’atteindre ce but. Pour avoir une véritable chance de résoudre les problèmes financiers qui se posent, l’économie doit retrouver la croissance dans les années à venir. Je songe plus particulièrement à la quote-part de l’Etat, aux inquiétudes que provoquent la prévoyance-vieillesse en particulier et les œuvres sociales en général, aux dépenses pour la formation, etc. Sans croissance économique, l’Etat sera de moins en moins capable d’assumer les tâches qui lui reviennent. Ce fait est connu depuis longtemps et tout le monde en parle ou presque. Même la gauche, qui, dans un passé encore récent, diabolisait toute croissance économique et ne ratait pas une occasion pour l’entraver, admet aujourd’hui la nécessité de relancer l’économie. Verbalement, du moins. L’année qui vient de commencer offrira plusieurs occasions de mesurer la sincérité de ces belles déclarations. Cinq votations décisives nous attendent. Chacune sera l’occasion de poser un jalon sur le chemin de la croissance économique. Notre pays en a un urgent besoin. Mais pour progresser sur cette voie, il faut commencer par clarifier la situation dans l’économie elle-même et aussi dans le camp des partis bourgeois. En effet, ces votations ne peuvent être gagnées faute de prises de position claires aussi bien des milieux économiques que du PRD et des forces bourgeoises restantes du PDC. Si véritablement on soutient la croissance économique, on ne peut se contenter de demi-mesures. Il me semble pourtant qu’aujourd’hui ni l’économie, ni les autres formations bourgeoises n’ont la force de serrer les rangs et de soutenir pleinement des solutions radicales. C’est bien pour cette raison que l’UDC doit assumer de toutes ses forces le leadership du camp bourgeois. Nous devons veiller à ce que l’Etat fasse enfin des économies et qu’il ne se contente pas simplement de freiner un peu la croissance des dépenses. Nous devons veiller à ce que règne un climat favorable aux activités économiques. Nous devons nous battre pour une fiscalité modérée et prévisible. Seul un Etat en bonne forme peut remplir ses tâches.
Dans chacune des cinq campagnes de votation énumérées ci-dessous, l’UDC devra affronter la gauche et ses alliés qui pénètrent largement le camp bourgeois. Concrètement, l’UDC devra se battre dans les dossiers suivants pour imposer sa politique de croissance face à la politique d’obstruction de la gauche:
Contreprojet à l’initiative Avanti
Dans la campagne précédant le vote sur le contreprojet à l’initiative Avanti – ce scrutin aura lieu le 8 février déjà – nous devons nous battre contre l’union de la gauche et des Verts qui travaillent avec des organisations de protection de l’environnement disposant d’importants moyens financiers. On sait que ces organisations écologistes ont passablement de succès avec leur lobbying, même auprès d’élus bourgeois de premier plan. Le contreprojet à l’initiative Avanti agit à deux niveaux. Premièrement, il concerne la sécurité sur les routes. Pendant que nous investissons des milliards dans les transports publics – Rail 2000 et NLFA, notamment – l’infrastructure du trafic privé se dégrade. La sécurité est négligée et des ouvrages qui ont coûté extrêmement cher souffrent d’un manque d’entretien. Deuxièmement, il s’agit d’améliorer l’infrastructure de l’économie. Les bouchons quotidiens sur les autoroutes ne sont pas une fatalité divine. Or, les milliers d’heures d’attente dans les bouchons engendrent chaque année des pertes économiques de plusieurs centaines de millions de francs. La sécurité de l’emploi est étroitement liée au bon fonctionnement des infrastructures. Il faut enfin supprimer les goulets d’étranglement sur le réseau des routes nationales qui sont autant d’entraves à la croissance économique et à la création d’emplois. Les fonds nécessaires à cet effet sont à disposition depuis longtemps. Les usagers motorisés de la route les ont réunis par le biais des droits de douane et des surtaxes sur les carburants. Une fois n’est pas coutume, il ne sera pas nécessaire de prélever des impôts supplémentaires pour réaliser un projet!
Référendum contre la 11e révision de l’AVS
C’est également de croissance économique qu’il est question à propos du référendum lancé par la gauche et les syndicats contre la 11e révision de l’AVS. Revendiquée par la gauche, la flexibilisation de l’âge de la retraite risque de favoriser encore un peu plus une catégorie de personnes déjà privilégiées. Ce ne sont pas ce qu’on a coutume d’appeler les « petites gens » qui vont profiter de cette possibilité de prendre une retraite anticipée. Aussi longtemps que l’âge moyen de la retraite est d’environ 61 ans chez les fonctionnaires de la Confédération – un privilège que financent les contribuables, faut-il le rappeler – des propositions d’assouplissement de l’âge de la retraite vont dans la fausse direction. La gauche et les syndicats visent à moyen terme un abaissement de l’âge de la retraite. Face aux problèmes énormes que connaît déjà le financement de l’AVS, ce projet est tout simplement irréaliste, extrêmement coûteux pour l’économie et l’Etat et, surtout, nocif pour la croissance économique. De plus, cette politique est irresponsable à l’égard des jeunes générations qui devront un jour effacer l’ardoise que nous leur aurons laissée.
Référendum contre l’assurance-maternité
S’agissant du référendum contre l’assurance-maternité, la situation est véritablement grotesque. L’idée de cette nouvelle action de redistribution à la mode socialiste a été concoctée dans la cuisine radicale. Et il incombait ensuite à l’UDC, unique force authentiquement bourgeoise, de lancer un référendum contre ce projet malheureux et de récolter seule les signatures. Même les grandes organisations économiques n’ont pas eu le courage de nous soutenir dans ce travail. On nous a fait comprendre que notre référendum était certes une bonne affaire, mais qu’on n’allait pas s’abaisser à participer à la récolte des signatures. Conclusion: l’UDC devra mener la campagne de votation contre des partis bourgeois divisés et contre une économie incapable de serrer les rangs. L’expérience le prouve à l’évidence: toute nouvelle assurance sociale est systématiquement complétée et étendue. Ces dernières années, l’extension de l’Etat social s’est faite en permanence, mais par tous petits pas, conformément à la fameuse tactique du salami. Et toujours au détriment de la croissance économique. Pareille politique constitue une grave menace pour les œuvres sociales existantes. L’UDC ayant assumé seule le travail le plus pénible, à savoir la récolte des signatures, nous ferons tout pour qu’au moins l’économie se batte avec nous contre l’erreur politique de fond qu’est cette nouvelle assurance-maternité.
Référendum contre le train de mesures fiscales
La composition du camp opposé au train de mesures fiscales est pour le moins cocasse. La gauche et les syndicats sont soutenus par douze gouvernements cantonaux à majorité bourgeoise! Or, ce train de mesures fiscales offre enfin, après des années de hausse des impôts, une occasion d’alléger de manière ciblée la charge fiscale, notamment en faveur des familles. L’analyse est pourtant évidente: si l’Etat décharge les contribuables, il reste à ces derniers d’avantage de moyens pour consommer, donc pour faire des dépenses qui relancent l’économie. Les collectivités publiques ont d’innombrables possibilités de compenser cette baisse des rentrées par une réduction de leurs dépenses. Il ne s’agit nullement, comme on le prétend souvent, d’un blocage de l’Etat par des économies excessives. Il faut tout de même rappeler que dans le courant des dix dernières années les dépenses de la Confédération, des cantons et des communes ont passé de 27,3 à 31,4% du produit intérieur brut. Et il ne s’agit pas non plus, contrairement à la rengaine de la gauche, d’affamer l’Etat: selon la statistique de l’OCDE, la quote-part fiscale a passé durant les dix ans écoulés de 30,6 à 35,6%, ce qui constitue une hausse de 5%. Archifausse, également, l’affirmation selon laquelle ce train de mesures fiscales conduit au démantèlement de l’Etat: ces dernières années, la Confédération à elle seule a créé environ 800 nouveaux emplois par an. Un allègement fiscal génère de la croissance économique. L’exemple des autres pays est probant. La politique à courte vue de la gauche et de plusieurs gouvernements et parlements cantonaux risque, par contre, d’étouffer dans l’œuf toute velléité de croissance.
Contre des hausses de la TVA
Cette année, nous devrons également décider d’une hausse de la TVA pour l’AVS et l’AI. Il s’agit d’un nouveau prélèvement fiscal de l’ordre de cinq milliards de francs. Des études récentes confirment une évidence: cet argent n’est pas simplement en « circulation neutre », mais, une fois prélevé, il manquera à la consommation privée et aux investissements de l’économie. Avant que les abus dans l’AI ne soient supprimés et avant que toutes les autres ressources financières aptes à alimenter l’AVS ne soient exploitées, il est hors de question d’augmenter les impôts. Cette politique est en effet contraire à ce dont nous avons le plus besoin: la croissance économique. L’économie aussi devra se battre contre ce projet. Malheureusement, les autres partis ont déjà pris position – dans le faux sens, cela va sans dire. Prêcher la croissance économique le dimanche et tout faire la semaine pour imposer de nouvelles charges à l’économie, voilà qui ne conduit certainement pas à la croissance économique, mais plutôt vers l’abîme.
L’année 2004 sera l’année des options à prendre pour la relance économique. Il s’agit de saisir chaque occasion qui se présente. L’UDC se battra aux avant-postes contre la gauche et ses nombreux et très divers alliés. Et l’heure de la vérité sonnera pour les partis du centre, le PRD et le PDC, pour plusieurs gouvernements cantonaux ainsi que pour les associations économiques.