Dans ce cycle de négociations de l’OMC, il est important pour chaque partie d’arriver à un accord équilibré; c’est dans ce sens qu’il faut comprendre la détermination de l’UDC; il est hors de question
Dans ce cycle de négociations de l’OMC, il est important pour chaque partie d’arriver à un accord équilibré; c’est dans ce sens qu’il faut comprendre la détermination de l’UDC; il est hors de question que l’agriculture suisse soit seule pénalisée par un résultat déséquilibré des négociations actuellement en veilleuse mais qui vont reprendre de plus belle après la pause estivale.
Des pertes de rendement de 3 milliards de francs sans aucune compensation seront tout simplement insupportables et il ne suffit pas d’annoncer des initiatives en matière de baisse de coûts dans certains domaines (aménagement du territoire par exemple), dans un futur éloigné non défini, sans garantie qu’elles entrent effectivement en vigueur puisqu’elles se heurteront aux oppositions parlementaires voire populaires en cas de référendum. Dans tous les cas de figure, les mesures compensatoires de diminution de coûts devront être chiffrées et décidées et applicables rapidement sous peine de se heurter à une forte opposition. Il convient de rappeler que notre pays est un importateur net de produits agricoles et que non seulement les agriculteurs mais aussi la population suisse n’ont aucun intérêt à ce que le pays soit submergé par un flot de produits importés bon marché voire bradés dont les méthodes de production dans les grands pays exportateurs laissent souvent place à bon nombre d’interrogations. De plus, l’expérience montre concrètement que depuis l’ouverture des marchés et l’abandon de nombreux soutiens à la production indigène, si les prix payés aux paysans suisses ont effectivement baissé de 25 %, le consommateur a lui constaté une augmentation de 10%.
Donc l’équilibre qui doit ressortir d’un accord à l’OMC est impératif pour tout le monde, paysans et consommateurs afin que chacun y trouve son compte. Et j’ajoute qu’il en va de même pour les pays en voie de développement ; ce n’est pas en étant envahi par des produits bradés en provenance des grands pays exportateurs que nous allons résoudre les difficultés des pays africains et de leurs agricultures vivrières, contrairement à ce que certains milieux laissent entendre en Suisse.
Concernant les relations bilatérales avec l’UE, la phase de libéralisation réciproque du marché des fromages bat son plein et si ce n’est pas facile pour la Suisse, c’est l’occasion pour elle de conquérir de nouveaux marchés et de dynamiser une branche importante de sa production agricole ; malgré les énormes efforts consentis jusqu’ici par le secteur laitier, de nouvelles mesures de restructuration interne sont sans doute inévitables si l’on veut pouvoir à terme rester compétitif dans ce domaine, préserver nos parts de marché à l’intérieur du pays et tenter d’en conquérir ailleurs sur les autres marchés internationaux. A l’image de l’accord sur les produits agricoles transformés, de futurs accords avec l’UE devront être équilibrés et donc aussi revêtir des avantages pour notre pays ; des concessions unilatérales ne sont pas acceptables. Il convient de rappeler le mandat constitutionnel que le peuple suisse à approuvé à une large majorité et donc de permettre à notre agriculture de remplir ce mandat. A défaut, c’est à nouveau au peuple qu’il faudra s’en remettre si par la bande, on cherchait à empêcher en la privant des conditions-cadres nécessaires l’agriculture suisse de remplir correctement sa mission.
L’éventuel accord de libre-échange avec les USA devra aussi être apprécié à l’aulne des concessions réciproques de chaque partenaire ; si le pays et nos industries d’exportations ont certainement un intérêt à aboutir, cela ne doit pas se faire au moyen de concessions croisées dont l’agriculture, déjà fortement sous pression à l’OMC, serait la victime expiatoire.
L’agriculture suisse a elle aussi des problèmes lorsqu’elle veut exporter aux USA du fait d’obstacles savamment suscités par le partenaire américain qui sait parfaitement comment protéger son marché intérieur sous couvert de la loi anti-trust par exemple qui oblige une entreprise vinicole suisse qui veut exporter son vin à passer par un importateur, puis par un transitaire avant d’arriver dans un supermarché local ; au passage, le produit a renchéri de 20 à 30 % par les marges des intermédiaires sans oublier que les législations internes aux Etats américains divergent entre elles. Que dirait Coop, lorsqu’elle importe du vin par exemple si elle était contrainte de passer par le même gymkhana et qu’en plus entre les cantons suisses, d’autres barrières étaient artificiellement mises en place ?
Dans une négociation, tout peut se discuter mais pour réussir, le résultat doit convenir aux deux partenaires et aussi à tous les milieux qui vont devoir faire des concessions sinon l’échec est programmé.
Outre cet aspect primordial, il ne sera pas possible sans solution réaliste, applicable dans la pratique et clairement définie de faire avaler aux paysans et au peuple suisse que ce qui est interdit aux agriculteurs de ce pays, peut sans autre être produit ailleurs puis importé et mis en vente chez nous ; je pense aux OGM, aux hormones et autres stimulateurs de croissance. Le débat sur ce sujet n’est d’ailleurs pas clos chez nous loin s’en faut.
Parallèlement à ces accords internationaux, la mise en place progressive de PA 2011, les effets des programmes d’allégements budgétaires successifs vont mettre à rude épreuve les agriculteurs suisses ; le Conseil Fédéral semble d’ailleurs vouloir aller plus vite que l’OMC en démantelant complètement les mesures de soutien internes qui sont les plus efficaces alors que sur ce sujet et en ce qui concerne l’accès au marché, notre pays est déjà allé bien au-delà de ce qui était exigé, en matière d’abaissement de droits de douane tout particulièrement.
Nous serons donc tout particulièrement attentifs quant à ces aspects essentiels de ce dossier, si le gouvernement ne veillait pas à la sauvegarde des intérêts vitaux de ce secteur de notre économie.