Non à l’initiative « Sortir du nucléaire »

La question à laquelle vous allez devoir répondre le mois prochain, n’est pas de savoir si vous êtes pour ou contre l’énergie nucléaire, mais la question est de savoir si on arrête immédiatement les centrales. Beznau I et II et Mühleberg en 2017, puis Gösgen en 2024 et enfin Leibstadt en 2029. La question est simple, voulez-vous tirer la prise électrique de nos centrales nucléaire du jour au lendemain ? dans la précipitation ? avec pour seul résultat chaos et incertitude. Aujourd’hui, près de 40% de notre énergie est produite par les centrales nucléaires. Pensez-vous réellement que l’on puisse se passer comme cela, du jour au lendemain, de cette source?

Michaël Buffat
Michaël Buffat
conseiller national Vuarrens (VD)

Il y’a 20 ans, la Suisse comptait environ 7 millions d’habitants et peu d’entre vous avait un téléphone mobile. Aujourd’hui, la Suisse dépasse les 8 millions d’habitants et vous avez tous fait charger vos téléphones avant de venir, certains ont également charger leur montre connectée et d’autres sont venus en voitures électriques. Vous en êtes tous conscients, l’évolution de notre mode de vie, malgré les efforts pour diminuer la consommation, va engendrer des besoins accrus en électricité et nous ne pourrons pas compenser la fermeture des centrales nucléaires en diminuant notre consommation. N’allez pas croire non plus que nous pourrons dans un si faible laps de temps, remplacer la production nucléaire par des énergies renouvelables. La Suisse compte 37 éoliennes, mais il en faudrait environ 700 uniquement pour remplacer la centrale de Mühleberg et vous le savez tous, un grand nombre de projets sont actuellement bloqués par des oppositions locales ou des organisations de protection de la nature.

Alors que faire si le peuple décide de tirer la prise ?

Il faudra importer du courant depuis l’étranger avec les conséquences négatives que cela va engendrer. Tout d’abord nous perdrions en indépendance dans ce domaine stratégique qu’est l’énergie. Nous devrions importer massivement de l’électricité depuis la France et l’Allemagne. Depuis la France qui produit les 2 tiers de son courant avec des centrales nucléaires et depuis l’Allemagne qui produit 70% au moyen de charbon, gaz et nucléaire. Le charbon étant d’ailleurs au plan climatique une des pires sources d’énergie. Alors que les initiants ne veulent plus de nucléaires, il encouragerait cette même production à côté, chez nos voisins. De plus, de sérieux doute existent sur la capacité de notre réseau à absorber rapidement de telle quantité. A l’heure actuelle, il n’y aucune raison de débrancher des centrales en état de fonctionnement. Les centrales nucléaires suisses peuvent être exploitées tant que leur sécurité est irréprochable. Cela n’a aucun sens de fixer des durées d’exploitation fixe. C’est comme si nous fixions une durée maximum d’utilisation de votre voiture et que même si elle est en bonne état, on vous force à la changer.

De plus, il faut voir que les centrales nucléaires actuelles n’ont plus grand-chose à voir avec ce qu’elles étaient au moment de leur construction. Les exploitants ont constamment modernisé les équipements pour rester à la pointe de la technologie. Il faut également relever que les centrales sont soumises aux contrôles de l’IFSN (Inspection fédérale de la sécurité nucléaire) qui ont lieu de manière permanente ainsi qu’à une grande inspection tous les 10 ans. Cet organisme a d’ailleurs le droit, mais surtout l’obligation, de stopper une centrale nucléaire en tout temps si cette dernière devait représenter un risque sécuritaire. L’important n’est pas l’âge des centrales mais l’état de celles-ci. Beznau pour citer un exemple, n’a plus rien à voir avec son état initial. Son exploitant a investi 2,5 milliards au cours de ses années d’exploitation, afin d’entretenir et d’adapter les installations.

Cela nous mène au problème de nos engagements vis-à-vis des exploitants. Comme vous le savez, les exploitants ont consentis à des investissements importants afin de maintenir la sécurité au top niveau. Si nous demandons l’arrêt immédiat des centrales alors que ces dernières peuvent encore parfaitement fonctionner en tout sécurité, nous allons nous exposer à de longues procédures et à des demandes de dédommagements de la part des exploitants. Il s’agit de milliards qui sortiront de vos poches de contribuables. De plus, ils cesseraient d’alimenter les fonds destinés au démantèlement des centrales et à la gestion des déchets. Et là aussi, c’est vous qui passerez à la caisse. A cela s’ajoute la construction de nouvelles installations et c’est encore vous qui allez payer.

Vous le voyez bien, cette initiative nous mène droit dans le mur. Son acceptation pourrait avoir des conséquences négatives pour nos concitoyens, mais aussi pour nos entreprises et par là toute notre économie. Cette initiative aura un impact important du point de vue de son coût que ce soit les contribuables ou les consommateurs d’énergie, mais surtout elle risque d’avoir un impact sur notre capacité à obtenir de l’électricité. Vous faire croire qu’en treize ans, nous allons réaliser de nouvelles infrastructures de production renouvelable et de transport de l’électricité, c’est vous mentir. Les initiants nous mènent tout droit dans le mur et nous risquons de nous retrouver dans une situation où le manque d’électricité sera notre quotidien. Il faudra alors vivre avec une électricité rationnée.

Il est donc urgent, comme le mois passé, de stopper les utopies de nos collègues verts en votant contre cette initiative.

Michaël Buffat
Michaël Buffat
conseiller national Vuarrens (VD)
 
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