Tout le monde s’accorde sur ce point : la prévoyance professionnelle doit être réformée ; ce projet est un compromis bien équilibré. Au début, même le collègue socialiste Pierre-Yves Maillard était sur le coup. Ainsi, en tant que président de l’Union syndicale, il a soutenu la baisse du taux de conversion qu’il combat aujourd’hui.
La gauche veut nationaliser la LPP. Ils n’aiment pas le fait que la LPP soit une prévoyance privée et personnelle. La gauche n’aime pas le fait que, contrairement à l’AVS, la LPP permette de toucher à la retraite ce que l’on a versé pendant sa vie professionnelle. Les syndicats ont lancé le référendum avec le slogan « payer plus pour une rente moins élevée ». Ils donnent ainsi l’impression que l’on retire de l’argent au peuple. Or, c’est tout simplement faux. Ce qui est vrai, c’est que le solde reste le même pour l’ensemble de la population.
Mais que faut-il changer ? La réforme porte essentiellement sur trois points :
1. Baisse du taux de conversion
L’augmentation de l’espérance de vie et les faibles taux d’intérêt nous amènent à réduire d’urgence le taux de conversion minimal, sinon les institutions de prévoyance ne pourront pas financer les prestations.
Il faut environ 4.5% de rendement pour pouvoir financer un taux de conversion de 6.8% pendant 25 ou 30 ans. Vous le savez tous : si, pour un avoir donné, nous avons une durée de perception de la rente beaucoup plus longue, le capital épargné ne suffit pas.
C’est précisément le problème que nous devons résoudre ici ; l’intention n’est pas de baisser les rentes, bien au contraire, mais nous n’y parviendrons que si nous épargnons davantage d’avoir de vieillesse pendant la vie active, que nous pourrons ensuite répartir sur la plus longue durée de perception de la rente.
Si le taux reste à 6.8%, ce sont les salariés qui paieront la différence au profit des retraités, ce qui est contraire au système et très injuste. Lorsque les syndicats se lamentent, ce n’est que du populisme car pour tous les assurés surobligatoires dans le cadre de la LPP, le taux de conversion s’élève en moyenne à environ 5.3%. Comme la baisse ne concerne que le taux de conversion minimal pour l’avoir de vieillesse obligatoire, environ 85% des assurés ne sont pas concernés par la baisse. Les retraités ne sont pas non plus touchés. Leurs rentes sont garanties.
De plus, tous ceux qui perçoivent leur prestation de vieillesse sous forme de capital et non de rente au moment de la retraite ne sont pas non plus concernés par la baisse du taux de conversion. Et c’est à chacun de décider.
2. Augmentation de la masse salariale soumise à cotisation
La deuxième partie du paquet de réformes comprend une extension de la masse salariale concernée par les déductions salariales. A l’avenir, la prévoyance professionnelle sera obligatoire à partir d’un salaire annuel de 19’845 francs, au lieu de 25’725 francs actuellement.
Le projet prévoit désormais une déduction générale de coordination de 20% du revenu. Ainsi, 80 % du salaire annuel sont désormais obligatoirement assurés, avec un maximum de 70’000 francs. Actuellement, le salaire annuel compris entre 25’725 et 88’020 francs est assuré.
Avec ces modifications, ce sont surtout les travailleurs à temps partiel et les bas salaires qui sont mieux assurés. De nombreuses femmes devraient en profiter. C’est pourquoi « Alliance F », l’association des organisations féminines suisses, se bat pour la réforme, car les préoccupations des femmes sont enfin prises en compte. 275’000 femmes recevront à l’avenir une rente plus élevée, car leur prévoyance vieillesse sera améliorée !
De plus, les revenus seront désormais additionnés. Aujourd’hui, quelqu’un qui a plusieurs emplois avec de petits revenus ne dépasse pas le seuil d’entrée pour aucun emploi. Si l’on additionne désormais les revenus, beaucoup plus de travailleurs profiteront de la prévoyance vieillesse professionnelle. Ce sont 100’000 revenus supplémentaires qui seront nouvellement assurés !
3. Adaptation des cotisations salariales en fonction de l’âge
Aujourd’hui, les déductions pour la LPP se situent entre 7 et 18% selon l’âge. À l’avenir, elles seront de 9% pour les personnes âgées de 25 à 44 ans et de 14% à partir de 45 ans. Concrètement, cela augmente considérablement les chances des travailleurs âgés sur le marché du travail. Un travailleur de 65 ans sera ensuite aussi « cher » qu’un travailleur de 45 ans aujourd’hui ! Il s’agit là aussi d’une amélioration marquante par rapport à la situation actuelle.
Pour atténuer la baisse de la pension due à l’abaissement du taux de conversion, le Parlement a décidé d’accorder des suppléments ; ceux-ci seront versés en fonction de l’avoir de vieillesse. Les personnes disposant d’un faible avoir d’épargne reçoivent davantage de compensation, ce qui c’est social et équitable !
En clair :
Comme nous percevons des prestations de plus en plus longtemps, nous devons impérativement abaisser le taux de conversion. 85% des salariés ne sont pas concernés par la baisse du taux de conversion. 359’000 personnes recevront une rente plus élevée, 100’000 revenus seront désormais assurés en plus et les retraités actuels ne seront pas concernés.
Pour toutes ces bonnes raisons, je vous invite à voter OUI à la réforme de la LPP.