"La Confédération suisse protège la liberté et les droits du peuple et elle assure l’indépendance et la sécurité du pays" – voilà l’énoncé de l’article 2 alinéa 1 de notre Constitution fédérale.
"La Confédération suisse protège la liberté et les droits du peuple et elle assure l’indépendance et la sécurité du pays" – voilà l’énoncé de l’article 2 alinéa 1 de notre Constitution fédérale. La liberté, notre forme de démocratie et la sécurité constituent les piliers du modèle à succès suisse et le fondement de notre prospérité que nous avons acquise à force de travailler. Ces piliers forment également l’identité de notre pays et ils ont profondément marqué au fil de l’histoire notre conception de l’Etat et les mentalités des habitants de ce pays. La neutralité et la volonté de conserver l’indépendance du pays, donc le refus de toute alliance militaire, font également partie de cet ensemble de valeurs que le peuple suisse a confirmées une fois de plus de manière impressionnante par son vote du 9 février dernier.
Etat souverain et indépendant, la Suisse a le devoir de veiller en premier lieu à la sécurité du pays et de tous ses habitants. Un niveau de sécurité élevé est essentiel au succès de l’économie et forme donc la base des investissements, de la recherche et du développement. Il contribue ainsi au presque plein emploi et, partant, à la prospérité de la Suisse.
La sécurité n’est cependant pas une notion statique valable à tout jamais. Elle évolue en permanence. L’histoire nous apprend que les conflits idéologiques, religieux, ethniques ou territoriaux sont aussi vieux que l’humanité. Nous en avons un exemple très concret et très actuel sous les yeux à quelques heures d’avion de chez nous avec les événements de Crimée. Personne ne peut prédire comment finira ce conflit qui a commencé par une intervention militaire dans cette presqu’île. Après la chute du Mur de Berlin et l’effondrement de l’Union soviétique, nombreux ont été ceux à annoncer la fin des conflits armés et le début de la "grande paix du monde". Aujourd’hui, la réalité en termes de sécurité est très différente. Il serait fatal, surtout face à la situation internationale actuelle, qu’un pays comme la Suisse continue de négliger son devoir de sécurité et de miser sur de vagues espoirs. Ces dernières années, le DDPS a déjà dû, faute de moyens financiers, s’écarter notablement du mandat décrit à l’article 58 de la Constitution fédérale. Alors que les autres départements fédéraux bénéficiaient de la générosité du Parlement et pouvaient constamment augmenter leurs dépenses, le DDPS a dû tailler, année après année, dans son budget. Ces économies n’ont pas été sans conséquence pour les performances de l’armée. Bref, la sécurité de la Suisse est négligée depuis quelque temps et il serait irresponsable de poursuivre sur cette voie.
Le Parlement s’étant prononcé deux fois pour un cadre budgétaire de 5 milliards de francs par an, la base financière de l’armée est désormais donnée. Ce cadre comprend une tranche annuelle de 300 millions de francs pour le remplacement des avions de combat Tiger-F5 durant les dix années à venir. Aujourd’hui, les forces aériennes suisses disposent de 54 appareils de ce type, plus 32 F/A-18 Hornet qui sont d’une conception plus moderne. Les premiers ne peuvent cependant être engagés que de manière réduite: ils ne peuvent pas voler la nuit ou dans de mauvaises conditions météorologiques. En outre, après 40 ans de bons et loyaux services, la durée de vie du Tiger arrive à son terme. Selon la volonté du Conseil fédéral, les Tiger doivent être remplacés d’ici à la fin 2016 dans le cadre du programme d’armement 2014. L’entretien et l’exploitation de ces vieux avions représentent en effet des coûts disproportionnés. Leur remplacement n’est donc pas un projet récent, mais il est à l’étude depuis plus de dix ans auprès des forces aériennes et d’armasuisse.
Après un intense processus d’évaluation qui a été précédé d’un examen détaillé des besoins et des exigences, le Conseil fédéral s’est prononcé en décembre 2012 dans le cadre de ses compétences pour l’avion de combat suédois Gripen. Cet avion répond à toutes les exigences fixées d’avance et redonne aux forces aériennes suisses les compétences de vols d’exploration et d’attaque au sol. Le Gripen n’est sans doute pas le meilleur de tous les avions disponibles actuellement, mais c’est lui qui offre le meilleur rapport performances/prix, également en ce qui concerne les coûts d’entretien. Equipé du meilleur radar et des armes les plus modernes, il s’offre donc comme un remplaçant parfait du Tiger F-5.
Le Gripen est le bon avion pour la Suisse. Le partenaire contractuel est l’Etat suédois et non pas Saab. Les contrats d’acquisition ont été conçus de manière à ce que la Suède offre des garanties élevées quant à l’exécution exacte de l’avion selon les spécifications convenues. Les risques ont ainsi pu être réduits à un minimum et ils ne sont pas plus élevés que pour tout autre achat d’armement. Des spécialistes d’armasuisse procèdent à un contrôle permanent et détaillé. Le prix d’achat de 3,126 milliards de francs comprend non seulement 22 avions Gripen, mais aussi leur armement ainsi que les simulateurs et pièces de rechange. Détail important: il ne sera pas nécessaire d’ouvrir des crédits additionnels ou de prévoir des financements spéciaux, mais la totalité de cette acquisition passe par le budget militaire ordinaire. Les cinq milliards de francs par an, que le Conseil fédéral a enfin accordés à l’armée, comprendront ces 300 millions annuels durant les dix années à venir. Les versements à la Suède se feront par tranches et de manière échelonnée dans le temps.
Les adversaires de ce projet et la gauche politique ne cessent de clamer que le remplacement des Tiger n’est pas nécessaire et que cette acquisition impose des économies dans d’autres domaines comme la formation ou la recherche. La réalité est juste inverse: on a constamment rogné les dépenses de la Confédération pour la sécurité nationale pour finalement les faire tomber à un niveau irresponsable. C’est dire qu’on a donc taillé massivement dans les dépenses militaires pour distribuer d’autant plus généreusement la manne fédérale dans d’autres directions comme l’aide internationale au développement, le financement de crèches d’enfants et d’autres activités. Selon le plan financier du Conseil fédéral, les dépenses fédérales augmenteront de cinq milliards de francs dans les années à venir. Affirmer qu’à la suite de l’achat du Gripen il faudra réduire les dépenses dans d’autres domaines comme la formation, c’est tout simplement mentir au peuple. La vérité est qu’il faudrait depuis longtemps freiner la croissance des dépenses des autres départements. Economiser, serait de réduire les dépenses. Or, tel n’est vraiment pas le cas dans le budget fédéral.
Mesdames et Messieurs, en remplaçant les Tiger F-5 âgés de 40 ans par le Gripen, on n’offre pas simplement un nouveau jouet à quelques pilotes. Il s’agit bien plus de maintenir la sécurité et la souveraineté de notre espace aérien et de sauvegarder des forces aériennes capables d’intervenir dans des situations extraordinaires comme l’exige la neutralité permanente et armée de la Suisse. Nous devons veiller à la sécurité de notre pays. Disons clairement oui à notre capacité de nous défendre en dehors de tout pacte militaire. Soyons aussi conscients des motivations des auteurs du référendum contre ce projet: ils appartiennent tous sans exception aux milieux dont le but réel est de supprimer l’armée. Je vous invite donc instamment à soutenir ce projet aujourd’hui, lors des assemblées cantonales qui suivront et finalement dans l’urne.