Le changement des mentalités indispensable à la stabilisation des coûts n’a pas encore eu lieu en politique sociale. On continue joyeusement d’accroître les aides sociales et de multiplier les…
Le changement des mentalités indispensable à la stabilisation des coûts n’a pas encore eu lieu en politique sociale. On continue joyeusement d’accroître les aides sociales et de multiplier les revendications. Voilà une politique à courte vue qui élude volontairement la question de savoir comment toutes ces nouvelles prestations pourront être financées dans dix ou vingt ans.
Cette semaine, le Conseil national discutera de quelques-unes de ces revendications.
Expansion sociale à n’importe quel prix
La 11e révision de l’AVS est au programme demain matin. Sous la conduite de la gauche, des parlementaires veulent imposer une nouvelle prestation à l’AVS alors que celle-ci est déjà déficitaire. Il s’agit d’introduire définitivement une aide financière à la retraite anticipée, principe qui avait été admis provisoirement lors de la 10e révision. S’il est acceptable d’offrir ce régime aux personnes exerçant un travail particulièrement pénible, il est totalement excessif d’en déduire un droit général à une aide financière pour la retraite anticipée. Ce constat vaut d’ailleurs pour toute prestation sociale accordée selon le principe de l’arrosoir. Rien ne permet de justifier un système qui accorde de meilleures conditions aux personnes qui prennent une retraite anticipée par rapport à celles qui travaillent jusqu’à 65 ans. Nous savons tous très bien que l’âge de la retraite tend plutôt à augmenter qu’à baisser. Les problèmes démographiques qui nous attendent sont énormes. Si nous continuons de marcher dans la fausse direction, les générations à venir auront encore plus de peine à financer l’AVS. C’est parce qu’elle s’inquiète de l’avenir de l’AVS que l’UDC refusera toutes les demandes d’extension.
Puis, le Conseil national débattra de la révision de la LPP. Les revendications démesurées des socialistes ne se sont pas arrêtées devant cette institution. Présentée de manière anodine comme une « extension de la prévoyance professionnelle », la proposition de la gauche constitue en fait une nouvelle expropriation des salariés. La plupart des bas revenus touchés par cette modification sont des revenus complémentaires et ne nécessitent donc pas une assurance obligatoire. Comme toujours, la gauche construit des droits généraux à partir de quelques cas particuliers, créant du même coup de nouvelles obligations, diluant la responsabilité individuelle et augmentant les coûts pour la collectivité. Et, malheureusement, le PDC et certains éléments du PRD oublient encore une fois leurs principes bourgeois et cèdent à l’argumentation fallacieuse des socialistes.
L’assurance-maternité est un autre exemple d’extension du filet social. Cette institution coûtera 500 millions de francs supplémentaires. Au lieu d’adapter les cotisations APG aux dépenses de cette assurance et de rendre cet argent aux salariés et aux employés, les partisans de l’assurance-maternité pillent la caisse d’une des seules assurances sociales saines de ce pays.
La révision de l’AI mise en place par le parlement fédéral n’est absolument pas à la hauteur de la situation financière catastrophique de cette assurance qui s’enfonce dans les déficits. La nouvelle indemnité d’assistance avait en fait pour objectif de réduire les charges dans d’autres domaines comme, par exemple, dans les équipements stationnaires. Or, les autorités ont recouru avec beaucoup trop d’hésitations à cet instrument. Elles font comme si tout allait pour le mieux et refusent de remettre en question les prestations de l’assurance.
On pourrait à cet endroit aussi évoquer l’initiative des syndicats chrétiens pour l’augmentation des allocations familiales, la proposition d’introduire des prestations complémentaires en faveur des familles et bien d’autres idées du même genre.
Toutes les revendications que les socialistes ont réussi à faire aboutir grâce à la bienveillance des radicaux et des démocrates-chrétiens chargent lourdement les comptes des œuvres sociales. Dépourvu de courage et d’imagination, ces politiques n’ont eu d’autre idée que d’augmenter les impôts pour financer l’AVS et l’AI. Une solution de facilité qui conduit tout droit dans un cul-de-sac. En augmentant sans cesse les impôts, le pouvoir politique décourage l’activité économique. Si le droguiste que je suis doit verser à l’Etat la moitié de chaque franc qu’il gagne, il réfléchira par deux fois avant de prendre le risque d’ouvrir une filiale ou d’engager du personnel supplémentaire. Cette politique décourageante entrave la croissance économique, car elle pénalise ceux qui font un effort et récompense ceux qui se satisfont du minimum. Ce n’est pas avec une mentalité pareille que la Suisse, autrefois l’un des pays les plus pauvres d’Europe, est devenue riche et prospère.
Les augmentations d’impôt conduisent dans un cul-de-sac
Fidèle à ses convictions, l’UDC refusera et combattra la hausse de la TVA pour financer l’AVS et l’AI. Pour réduire le découvert de l’AVS, il faut commencer par utiliser au moins les deux tiers du rendement des réserves d’or excédentaires de la Banque nationale. Rappelons à ce propos que l’initiative UDC « L’or pour l’AVS » a obtenu presque la moitié des voix des citoyennes et des citoyens malgré la résistance acharnée du Conseil fédéral, des autres partis politiques et de certains milieux économiques. L’idée d’affecter l’or de la BNS à l’AVS est pourtant largement soutenue dans le peuple. En outre, il faut renoncer à toute extension des prestations dans la 11e révision de l’AVS. Les mesures d’allègement des charges, comme l’adaptation de l’âge de la retraite des femmes et la réforme des rentes des survivants, doivent être rigoureusement appliquées.
La situation de l’AI est très délicate. La passivité manifestée des années durant par le département responsable a empêché la recherche de solutions contre le déficit de plus en plus lourd de cette institution. Il appartient maintenant au nouveau chef du département, le conseiller fédéral Pascal Couchepin, de présenter une réforme pour combler un déficit qui dépasse largement un milliard par an. Cela fait assez longtemps que nous avons attendu un chef de département bourgeois. Il s’agit maintenant d’agir et d’intervenir en priorité contre les problèmes les plus urgents. C’est trop facile de proposer aujourd’hui, comme le font le Conseil fédéral et le Parlement, une hausse des impôts après avoir assisté des années durant les bras croisés à l’explosion des coûts dans l’AI. Les mêmes milieux qui sont responsables de la hausse des coûts et des déficits de l’AI veulent aujourd’hui punir les citoyens en leur imposant une augmentation d’impôt. L’UDC refuse de participer à ce jeu et rejettera également la hausse de la TVA pour financer l’AI. La Confédération doit affecter une partie du produit actuel de la TVA à l’AI jusqu’à ce que la caisse de l’AI soit déchargée par des mesures adéquates. Concrètement, cela signifie que la Confédération doit renoncer passagèrement à une partie de la TVA. L’Etat ayant été incapable de réagir devant l’explosion des coûts de l’AI, il doit aujourd’hui faire des coupes dans d’autres domaines.
Les hausses de la TVA sont fréquemment justifiées par le développement démographique. Or, le vieillissement de la population n’est pas une raison suffisante pour augmenter en permanence les impôts et imposer des charges sociales sans cesse croissantes à la population active qui, elle, n’augmente pas en nombre. Le développement démographique est trop souvent une excuse facile pour expliquer des hausses des impôts ou des primes d’assurance-maladie. Il est cependant très dangereux de résigner devant cette évolution et d’augmenter constamment la quote-part de l’Etat. Nous renforçons ainsi la pression sur les personnes exerçant une activité lucrative, nous les démotivons et nous nuisons en fin de compte à l’économie. Nous devons au contraire veiller à ce que les impôts baissent pour que l’économie puisse croître et générer des rentrées supplémentaires pour l’AVS. Il faut tout de même rappeler que c’est grâce à l’économie et non pas grâce à l’augmentation des impôts que l’AVS a pu, pendant cinquante ans, supporter les changements démographiques.
Prospérité en péril
Le développement du domaine social inspire de grandes craintes à l’homme de 35 ans que je suis. La génération qui m’a précédé a profité d’une croissance économique durable et, partant, d’une généreuse expansion des institutions sociales. Cela fait des décennies que la Suisse fait partie des pays les plus riches du monde. Cette situation nous a conduit à l’insouciance. En nous croyant riches, nous nous sommes tout permis. Cette politique à courte vue nous a poussés dans un cul-de-sac où nous risquons de perdre toute cette prospérité durement gagnée. Moi-même et bien d’autres de ma génération, nous savons très bien que les choses ne peuvent pas continuer ainsi et qu’il faudra bien tailler dans les dépenses. Nous préférons des petites œuvres sociales qui restent financièrement supportables à des monstres qui produisent des déficits croissants. Plus tôt nous agirons, moins la réorientation sera difficile. Nous ne devons pas attendre le moment où nos institutions sociales seront moribondes à force d’être généreuses. Il est temps de prendre des mesures courageuses et orientées vers l’avenir. L’UDC, en tout cas, est prête à se battre pour cela.