Après la chute du Rideau de fer en 1989, la première moitié des années nonante était marquée par une véritable euphorie pacifiste. Les responsables de la politique de sécurité n’hésitaient pas à…
Les illusions de coopération internationale s’effacent
Après la chute du Rideau de fer en 1989, la première moitié des années nonante était marquée par une véritable euphorie pacifiste. Les responsables de la politique de sécurité n’hésitaient pas à affirmer que la coopération internationale dans le domaine de la politique de sécurité permettrait d’instaurer la paix dans le monde entier.
Aujourd’hui, les belles déclarations de ce club de chercheurs de paix sont singulièrement remises en question. Depuis la guerre en Irak, au plus tard, on a bien compris que cette idée de coopération internationale était pure illusion: actuellement, les Etats-Unis pratiquent une politique de plus en plus impérialiste dont le reste du monde doit se contenter de prendre acte. Le monde doit admettre que la seule véritable grande puissance de la terre cherche à imposer seule ses intérêts. Les divergences entre les Etats-Unis et l’UE – en politique, mais aussi au niveau commercial – sont de plus en plus profondes.
La neutralité, maxime centrale de l’Etat
Dans ce contexte, la neutralité suisse est sensiblement revalorisée. Ancrée depuis toujours dans la conscience des Suisses, la neutralité revêt aujourd’hui une importance grandissante aux yeux des citoyennes et des citoyens de notre pays alors que l’idéologie de la coopération révèle de plus en plus son caractère illusoire.
Il convient aujourd’hui de faire le point sur l’utilité de la neutralité afin de tenir compte de l’attachement de la population suisse à ce principe et pour éliminer les incertitudes que ressent aujourd’hui le public concernant les objectifs de la politique extérieure suisse. L’esprit et l’objectif de la neutralité doivent être redéfinis face à la nouvelle situation mondiale et compte tenu aussi de l’appartenance de la Suisse à l’ONU. Six mois seulement après son adhésion officielle à l’ONU, la Suisse a déjà dû invoquer un cas de neutralité – chose inimaginable au moment de son adhésion. Aussi, la réserve de neutralité annoncée par la Suisse devant l’assemblée plénière de l’ONU doit-elle cesser d’être une déclaration informelle et doit-elle enfin être clairement définie dans sa portée. En particulier, il s’agit aujourd’hui de répondre à la question de savoir comment la Suisse se comportera si un jour elle est membre du Conseil de sécurité de l’ONU alors qu’elle a fait une réserve de neutralité devant cette organisation.
L’UE ayant la ferme volonté d’imposer une politique extérieure et de sécurité commune, il faut bien constater que l’objectif déclaré du Conseil fédéral de faire adhérer la Suisse à l’UE est incompatible avec la neutralité suisse. Face à ces contradictions, il est indispensable de prendre clairement position sur l’avenir de la neutralité.
La politique extérieure est une politique de défense des intérêts. En tant que petit Etat, la Suisse doit axer sa politique extérieure sur la sauvegarde de ses intérêts politiques, sociaux et économiques. La défense des intérêts nationaux doit être à la base de toute action de politique extérieure. Ce principe vaut en premier lieu pour la politique européenne où la défense du secret protégeant les clients des banques doit être la première priorité. L’adhésion à l’UE entraînerait non seulement des inconvénients économiques graves pour la Suisse, mais aussi la perte de valeurs et de droits helvétiques centraux comme l’indépendance nationale et la démocratie directe.
Pour que la Suisse puisse continuer de jouer son rôle politique d’Etat neutre, il faut que sa politique étrangère soit prévisible et inspire confiance. L’UDC est convaincue que la neutralité suisse est le plus important et le plus efficace des instruments permettant de protéger l’indépendance et la souveraineté de notre pays. La politique étrangère de la Suisse doit viser à conforter systématiquement notre neutralité. Voilà la seule manière de poursuivre l’histoire à succès de notre pays.
Renforcement de la souveraineté et non attitudes colonialistes
Le régime actuel sur les Balkans, qui vise avant tout à retarder une décision sur l’avenir du Kosovo, est le fait de l’OTAN et de l’UE. Ces deux organisations refusent pour une durée indéterminée toute modification des frontières dans les Balkans en s’accrochant à une vision de plus en plus irréaliste d’un Etat multiethnique dans cette région. Si cette fiction perdure, il faudra maintenir pendant des décennies une forte présence militaire au Kosovo qui prend aujourd’hui déjà les allures colonialistes, d’autant plus que personne n’investit au Kosovo tant que le statut de cette région n’est pas clairement défini.
Face à cette situation, il faut se demander combien de temps encore la Suisse acceptera de participer à cette mission à la remorque de l’OTAN et de l’UE dont l’action prolonge et bureaucratise ce conflit au lieu de le résoudre.
Se concentrer sur le mandat de sécurité
Face au développement actuel de la politique mondiale, un constat s’impose: la Suisse doit cesser de se laisser embrigader dans des aventures étrangères par des grandes puissances indécises. La première des priorités doit être accordée à la politique de sécurité en admettant que la nette séparation entre sécurité intérieure et sécurité extérieure n’existe plus dans les faits et que les nouvelles menaces ne se manifestent pas seulement aux frontières. C’est à ces risques qu’il s’agit de se préparer – non par sur les écrans d’appareils de simulation, mais sur le terrain par des exercices concrets.