Les denrées alimentaires produites par les paysans suisses sont de qualité supérieure en comparaison internationale. Toutefois, la régulation de plus en plus dense au niveau des lois, ordonnances et p
Les denrées alimentaires produites par les paysans suisses sont de qualité supérieure en comparaison internationale. Toutefois, la régulation de plus en plus dense au niveau des lois, ordonnances et prescriptions, le niveau élevé des coûts et les constantes tentatives d’exposer les paysans suisses à un régime totalement libéralisé constituent de lourds défis pour l’agriculture helvétique. La marge de manœuvre de celle-ci ne cesse de s’amenuiser. Nombre de politiques, de fonctionnaires et de représentants de l’économie ne sont pas conscients du rôle et de la responsabilité d’une production alimentaire nationale performante. La prospérité générale fait oublier les tâches primordiales qu’assume la paysannerie en produisant des aliments de qualité et en entretenant le paysage pour favoriser le tourisme, bref en apportant une contribution essentielle à la pérennité de notre Etat souverain et indépendant.
L’agriculture est souvent présentée comme le grand obstacle sur la voie vers la globalisation totale de l’économie. Ce raisonnement simpliste ignore – souvent sciemment – des principes essentiels. La recherche scientifique suisse est parmi les meilleures du monde. Les produits de haute technologie réalisés par l’industrie pharmaceutique, horlogère et des machines bénéficient de la protection de brevets dans le monde entier. Beaucoup de pays, notamment dans les régions en développement, achètent ces produits pour soutenir leur propre économie, donc pour investir dans l’avenir. Les denrées alimentaires, en revanche, sont produites dans tous les pays et ne bénéficient d’aucune protection. Nombre d’Etats ne peuvent offrir en contrepartie que des produits agricoles en concluant des accords commerciaux. Voilà qui explique pourquoi le secteur agricole joue un rôle central, et parfois même déterminant, dans les négociations mondiales visant la libéralisation du commerce.
Le libre-échange agricole casse les reins des paysans suisses
Le revenu d’un paysan suisse est déjà tombé à un niveau si bas qu’il n’est plus comparable à celui d’autres groupes professionnels suisses. Il serait pourtant réduit d’un tiers supplémentaire par un accord de libre-échange agricole avec l’UE. Les contraintes beaucoup plus fortes que la Suisse impose à ses agriculteurs par rapport au régime UE renchérissent la production et défavorisent les producteurs suisses dans la concurrence internationale. Citons à titre d’exemple le coût de la main-d’œuvre: selon une étude de l’Université de St-Gall, cette charge est de 100% plus élevée pour l’agriculture suisse que pour celle de l’UE. Cette dernière verse de surcroît des subventions massives à divers secteurs agricoles.
Un accord de libre-échange entraînera la disparition de familles paysannes dans une proportion inconnue jusque-là: les spécialistes prévoient la suppression de 40 000 emplois dans la seule agriculture. Mais les entreprises en amont et en aval seraient également frappées avec une perte de 100 000 à 120 000 postes de travail. Le taux d’auto-approvisionnement de la Suisse, le plus bas d’Europe avec un peu plus de 50%, tomberait à moins de 30%. Une agriculture pareillement décimée ne pourrait plus assurer l’entretien du paysage, prestation essentielle pour le tourisme.
L’agriculture suisse est compétitive
Cela fait des années que l’on reproche aux paysans suisses de toucher des contributions directes de la Confédération. Ce que ces critiques omettent de dire, c’est que ces contributions sont liées à des prestations écologiques dans la culture végétale et la garde d’animaux. Ces exigences centrales de l’Etat, de la société et des consommateurs font partie d’un catalogue de prestations volumineux et complexe imposé à la paysannerie. Le but est d’assurer le bien-être des animaux et la biodiversité à un niveau élevé.
Malgré ces contraintes – en partie chicanières – une comparaison des paniers des ménagères de Suisse et de l’étranger offre quelques surprises énormes. On constate par exemple que les consommatrices et consommateurs suisses profitent de l’offre alimentaire de beaucoup la plus avantageuse compte tenu de leur revenu. Conclusion: les paysans suisses sont parfaitement à la hauteur des exigences nationales et internationales en termes de prix et de qualité; ils ont rempli leur devoir et leur partie du contrat malgré une énorme pression sur les prix. On ne peut pas en dire autant de toutes les branches économiques. L’agriculture suisse est aussi capable de produire des denrées alimentaires de première qualité. Sa compétitivité est donc donnée à un niveau très élevé.
La composante politique
L’article 104 de la Constitution fédérale impose à l’agriculture d’apporter, par une production répondant à la fois aux exigences du développement durable et à celles du marché, une contribution substantielle à
Les citoyennes et citoyens suisses ont approuvé ce mandat avec une majorité de 80%.
Un Etat souverain et indépendant a besoin d’une production alimentaire nationale suffisante pour assurer l’approvisionnement de sa population, notamment en temps de crise où les importations sont perturbées. Avec un accord de libre-échange agricole, ce mandat constitutionnel important et même existentiel n’est plus garanti. Mais les autres principes constitutionnels énumérés plus haut sont également remis en question, pour ne pas dire écartés. L’UDC doit se battre contre une telle politique. Et si, effectivement, la raison profonde de ce projet d’accord de libre-échange est de miner la résistance des paysans face à une adhésion de la Suisse à l’UE, le Conseil fédéral et les autres stratèges de l’administration sont invités à faire régner toute la transparence et à jouer cartes sur table.
Quel que soit le point de vue où l’on se place, la prospérité, l’indépendance et la souveraineté de la Suisse doivent toujours être au cœur de toute action politique, nonobstant les différences de conception politique et économique. Les envolées politiques et autres excès d’une société de prospérité n’ont pas leur place ici. Il faut rappeler avec insistance aux propagandistes d’un accord de libre-échange agricole qu’une politique d’alignement ne garantit nullement un avenir prospère, mais conduit, au contraire, vers l’abîme. L’histoire est pleine d’exemples à ce propos. L’UDC se bat donc de toutes ses forces contre les tentatives actuelles de conclure un accord de libre-échange agricole avec l’UE. Car l’UDC s’engage pour la voie bilatérale qui tient compte le mieux possible des situations particulières de chaque pays et de chaque population.