Deux très importantes votations nous attendent. Le 22 septembre nous votons sur l’initiative supprimant le service militaire obligatoire et le 24 novembre sur l’initiative 1:12…
Deux très importantes votations nous attendent. Le 22 septembre nous votons sur l’initiative supprimant le service militaire obligatoire et le 24 novembre sur l’initiative 1:12.
A première vue, il s’agit de deux thèmes très différents – de sécurité et d’économie. Mais en y regardant de plus près, on découvre le véritable enjeu. Ces deux initiatives ont le même objectif: elles attaquent la liberté comme principe essentiel de notre Etat.
Mais ces deux initiatives ont encore un autre point commun: elles cachent leur objectif réel. Ce sont des initiatives tactiques qui attaquent sournoisement la liberté. Mais en cas d’acceptation, les deux porteraient un coup fatal au modèle à succès suisse. Elles augmenteraient l’emprise de l’Etat, réduirait notre liberté et notre sécurité – donc aussi notre prospérité.
Attaque contre la liberté
Si la Suisse se porte bien, c’est parce qu’elle est un pays libre, parce que son économie est libre, parce que nos conditions de vie sont stables et sûres.
Nous concevons nous-mêmes notre vie. Personne ne nous commande où et pour quel salaire nous devons travailler. Et personne ne prescrit à une entreprise quels salaires elle doit payer. Le libre marché peut ainsi jouer – également le libre marché du travail. Dans notre pays, la performance est récompensée. Les bonnes idées et le bon travail sont payants. Avancement, carrière, prospérité, tout cela est possible pour ceux qui s’engagent. Et ces possibilités sont autant de motivations dans l’engagement quotidien à la place de travail. Grâce aux efforts et à la responsabilité individuelle de ses habitants, la Suisse est devenue un des pays les plus performants du monde.
L’immixtion de l’Etat dans le marché du travail ne protège pas les travailleurs, mais détruit des emplois. Nous en avons de tristes exemples dans notre voisinage. Les marchés du travail de plusieurs pays d’Europe du Sud sont réglementés par l’Etat. Conséquences: endettement public massif, fort chômage et faiblesse économique.
L’initiative 1:12 pose une question de fond: voulons-nous conserver notre modèle à succès, donc le libéralisme suisse, qui nous a apporté une grande prospérité ou voulons-nous copier les régimes économiques qui font aujourd’hui la une des journaux avec un chômage des jeunes de 50%?
Un autre exemple drastique illustrant la différence entre une économie socialiste et une économie libre: la Chine que j’ai visitée en juillet. Ce pays a connu les deux régimes: des prix fixés par l’Etat, des salaires fixés par l’Etat, des entreprises commandées par l’Etat, une énorme armée de travailleurs standardisés en uniformes bleus mao. Ce socialisme a fait mourir de faim des millions de personnes. Aujourd’hui, la Chine pratique une économie de marché plus libérale, les taux de croissance sont impressionnants et la prospérité augmente.
Attaque contre la sécurité
Le modèle à succès suisse repose sur la liberté. Mais la liberté n’existe que si quelqu’un peut garantir la sécurité du pays. Voilà pourquoi l’initiative pour l’abrogation des obligations militaires pose également une question de fond. Les milieux voulant supprimer l’armée cherchent à l’affaiblir jusqu’à ce qu’elle devienne insignifiante. Car si le service militaire obligatoire est supprimé, l’unité fructueuse entre le peuple et l’armée disparaît elle aussi. La suppression du service militaire obligatoire est donc le premier pas vers la disparition complète de la défense nationale. Le 22 septembre, il s’agit donc de dire oui ou non à notre sécurité.
J’affirme toujours que les motifs militaires du service obligatoire se résument en trois « C »: capacité, compétence et coûts.
Capacité: grâce à l’obligation de servir, l’armée peut être mobilisée en diverses formations selon les besoins. Exactement dans la mesure du nécessaire. Nous sommes flexibles et nous pouvons adapter la capacité militaire à la situation concrète.
Les conditions sont différentes avec une armée de volontaires: son effectif dépendrait du marché du travail, de la situation économique ainsi que du risque de devoir effectivement participer à une intervention. Il ne resterait finalement aucune autre solution que de piloter la taille de l’armée moyennant les salaires des soldats. Et, pour finir, nous aurions ce que certainement personne ne veut dans notre pays: une armée de mercenaires.
Compétence: l’expérience nous prouve que les pays occidentaux à haut niveau de vie ont de la peine à recruter du personnel qualifié pour leurs armées professionnelles. D’où le risque d’une armée réunissant les personnes qui ont échoué dans la vie professionnelle privée. Voulons-nous effectivement leur confier la sécurité de notre pays?
Grâce au service militaire obligatoire et au principe de la milice, nous pouvons en revanche puiser dans un énorme réservoir de connaissances, de savoir-faire et de talents. Dans notre armée servent les mêmes personnes qui ont fait de notre économie une des plus performantes du monde.
La compétence est le critère absolument décisif en cas d’intervention militaire: si nous engageons notre armée dans la protection de notre infrastructure, nous intervenons en plein milieu de la vie quotidienne de la population civile. Nous avons donc absolument besoin de rapports de confiance entre les citoyens et les soldats, ce qui manque précisément à une armée formée de volontaires payés. Des citoyens effectuant leur service militaire sont en revanche fort bien acceptés par la population. Ils conviennent donc idéalement aux interventions dans un contexte civil parce qu’ils en font eux-mêmes partie professionnellement et dans leur vie privée en dehors de leurs jours de service.
Coûts: le service militaire obligatoire nous permet de constituer une armée financièrement supportable, car elle peut se concentrer sur la formation militaire spécifique. Les soldats et cadres ont en effet acquis leurs principales compétences dans leur formation civile. De plus, les personnes astreintes au service militaire ne sont mobilisées que pour leur instruction ou une éventuelle intervention. Nous disposons donc d’une armée sur appel qui provoque peu de frais en dehors des périodes de service.
Le modèle à succès suisse est menacé
Les arguments politiques en faveur du service militaire obligatoire sont aussi importants que les motifs sécuritaires. Il s’agit en effet de savoir si, en tant que citoyens, nous sommes prêts à continuer de porter la responsabilité de notre pays.
La sécurité est l’affaire du patron: nous, les citoyennes et citoyens, nous sommes l’instance suprême de notre Etat. C’est dire aussi que nous en portons la responsabilité. La protection de la sécurité nationale est l’affaire du patron et ne peut pas être déléguée.
Une armée basée sur le service militaire obligatoire garantit de surcroît le contrôle démocratique: les citoyens, qui gouvernent le pays, forment également son armée. Il n’existe donc pas en Suisse de pouvoir armé échappant à notre démocratie.
L’obligation de servir encourage la conscience citoyenne: le service militaire obligatoire fait comprendre que tout avantage exige un effort. Notre système étatique ne fonctionne pas tout seul. Rien ne va sans des citoyens actifs.
Le service militaire sensibilise la population aux questions politiques de fond à une époque où nombre de personnes tendent à se prendre plutôt pour des consommateurs que pour des citoyens. Comme citoyens d’un Etat, il faut qu’ils comprennent bien qu’on ne peut pas tout acheter: la sécurité et la liberté ne s’achètent pas avec de l’argent, mais ne s’acquièrent que moyennant l’engagement de tous.
Equité en matière de défense et prospérité: notre armée garantit notre sécurité. Et la sécurité est la base de notre prospérité. Ce n’est donc que justice que tout le monde y contribue. Et ce serait injustice en revanche que les uns font du service pour la collectivité alors que les autres profitent de la paix sans y contribuer.
Conclusion
Je résume et je rappelle le large contexte dans lequel s’inscrivent ces deux initiatives. Le modèle à succès suisse repose sur la liberté et la sécurité. Cela ne convient pas aux milieux qui remettent par principe en question la liberté et l’indépendance de la Suisse.
Les noms des auteurs de ces initiatives sont à eux seuls révélateurs: l’attaque contre la libre économie vient de la Jeunesse socialiste. Un nom, qui fait référence à une idéologie ayant apporté autant de misère aux peuples du monde, en dit long sur les objectifs de ceux qui le portent. Et ce que veulent les initiateurs du GSsA est parfaitement clair aussi: une Suisse sans armée. Donc une Suisse sans défense, une Suisse sans sécurité.
Prenez ces initiatives pour ce qu’elles sont: une attaque contre le modèle à succès suisse. Et, je vous en prie, engagez-vous dans la campagne de votation. L’enjeu est immense.