Renforcer la voie bilatérale – non au rattachement de la Suisse à l’UE!

Le 6 décembre 1992 les citoyennes et citoyens ont refusé au cours d’une votation révolutionnaire l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen (EEE). La majorité des Suissesses et des Suisses n’ont pas voulu que leur pays perde son indépendance en concluant un traité dont la nature colonialiste était mal dissimulée. Accord colonialiste parce qu’une Suisse membre de l’EEE aurait été contrainte de reprendre automatiquement le droit UE dans tous les domaines de la politique économique.

Roger Köppel
Roger Köppel
conseiller national Küsnacht (ZH)

L’EEE était conçu comme une antichambre à l’UE, donc une sorte de camp d’entraînement préparant l’adhésion à l’UE. Heureusement les Suissesses et les Suisses ont dit non, une réponse courageuse, car l’ère du temps officiel de l’époque était très nettement à l’adhésion. Nous sommes restés indépendants, assurant ainsi la prospérité, la sécurité et la liberté de la Suisse. Contrairement à de nombreuses célébrités de la politique, de la culture et des médias, la majorité des citoyennes et des citoyens ont compris la valeur de l’indépendance. Il faut leur être reconnaissant de leur courage et de leur clairvoyance.

Aujourd’hui, un quart de siècle plus tard, le Conseil fédéral et une large majorité du Parlement tentent à nouveau de faire accepter par la Suisse un traité colonialiste. Comme à l’époque, ils tentent d’enrober de sucre, d’enjolivements et de belles promesses la pilule amère qu’ils tentent de faire avaler aux citoyennes et aux citoyens. Comme si rien ne s’était passé depuis 1992, on essaie de rattacher la Suisse à l’UE par une nouvelle édition de l’EEE comme s’il s’agissait d’amarrer une frêle petite embarcation à un grand navire.

Nous devons absolument empêcher cela. Si la Suisse se porte mieux aujourd’hui que le reste de l’Europe, c’est précisément parce qu’elle est restée indépendante et souveraine, parce qu’elle peut adopter de manière autonome des solutions taillées sur mesure pour elle grâce aux instruments de la démocratie directe.

C’est une évidence: la Suisse veut collaborer avec l’UE. Elle veut conclure des accords bilatéraux avec l’UE dans l’intérêt des deux parties et sur un pied d’égalité. La Suisse veut coopérer et faire des affaires avec l’UE, mais elle ne veut pas se marier avec l’UE. C’est cela, la voie bilatérale qui a fait les preuves de son efficacité.

Cette voie bilatérale, cette voie de la raison est aujourd’hui gravement menacée par les projets du ministre des affaires étrangères Didier Burkhalter qui s’incline devant le souhait de Bruxelles de conclure un dit accord-cadre, un accord de rattachement à l’UE. Cet accord exige concrètement que la Suisse reprenne à l’avenir automatiquement du droit européen dans tous les domaines touchés par les accords bilatéraux et sans que la Suisse n’ait un mot à dire sur le développement de ce droit. En cas de divergence d’opinions ou de conflits, le tribunal suprême de l’UE, la Cour de justice de l’UE, serait appelée à trancher.

Mais ce n’est pas tout: facultatives jusqu’ici, les contributions de la Suisse à l’UE deviendraient un tribut que la Suisse devrait obligatoirement verser. En outre, Bruxelles veut disposer de ses propres organes en Suisse pour surveiller l’application de l’accord. Exemplaires depuis toujours par leur fidélité aux contrats, les Suisses se feraient contrôler comme des escrocs et des voleurs en liberté provisoire.

L’UDC s’oppose à cet "accord-cadre" colonialiste qui rattacherait la Suisse à l’UE. Elle veut que la Suisse poursuive sur la voie bilatérale qui a fait ses preuves et qui répond aux intérêts des deux parties. L’UDC est favorable à une bonne collaboration entre partenaire de droits égaux, indépendants et autodéterminés, mais elle refuse un contrat de mariage ou de rattachement unilatéral qui mettrait fin à notre indépendance et abaisserait la politique économique de la Suisse au niveau de celle de l’UE dont l’inefficacité est patente.

Il y a de quoi s’étonner devant la légèreté avec laquelle notre ministre des affaires étrangères jongle avec la prospérité de la Suisse. L’UE est confrontée à des problèmes institutionnels massifs et son avenir est marqué de profondes incertitudes. Il est non seulement inutile, mais surtout dangereux de rattacher un solide Etat de droit démocratique comme la Suisse à une organisation aussi branlante et instable. L’UDC s’oppose de toutes ses forces à la stratégie à haut risque pratiquée par le Conseil fédéral. Celles et ceux qui sont pour la voie bilatérale qui a fait ses preuves doivent dire non à l’accord-cadre avec l’UE proposé par le Conseil fédéral.

Roger Köppel
Roger Köppel
conseiller national Küsnacht (ZH)
 
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