Exposé

Roumanie et Bulgarie: le tiers-monde européen

En l’an 2004 10 pays en majorité est-européens ont adhéré à l’UE. Ils sont beaucoup plus pauvres que les anciens membres de l’UE. Le moins bien loti parmi eux est l’ancienne république soviétique de L

Yvan Perrin
Yvan Perrin
conseiller national La Côte-aux-Fées (NE)

En l’an 2004 10 pays en majorité est-européens ont adhéré à l’UE. Ils sont beaucoup plus pauvres que les anciens membres de l’UE. Le moins bien loti parmi eux est l’ancienne république soviétique de Lituanie. Le 1.1.07 l’UE a accueilli deux pays est-européens encore plus pauvres, la Roumanie et la Bulgarie. Le PIB bulgare par habitant et par an se monte à 6850 dollars américains, donc moins de la moitié de celui de la Lituanie. En d’autres termes, la Bulgarie est deux fois plus pauvres que la Lituanie qui était jusqu’ici le pays le plus démuni de l’UE. Au classement du Fonds monétaire international (FMI) en fonction du produit intérieur brut par habitant en 2008[1], la Roumanie se range en 60e position au niveau mondial alors que la Bulgarie occupe la 71e place.

La Roumanie et la Bulgarie sont plus pauvres que certains pays africains comme la Guinée équatoriale ou le Gabon, plus pauvres que des pays d’Amérique latine comme le Chili, le Venezuela ou le Mexique, plus pauvres que la Turquie. La Bulgarie est plus pauvre que le Liban, la Kazakhstan, le Botswana et le Panama. Le produit intérieur brut par habitant est huit fois plus petit en Roumanie et même 11 fois plus petit en Bulgarie qu’en Suisse.

C’est une évidence: il y a des différences de prospérité énormes entre la Suisse et les deux nouveaux pays membres de l’UE qu’il n’est pas exagéré de qualifier de tiers-monde européen. Mais la situation de la Roumanie et de la Bulgarie est mauvaise à encore bien d’autres égards.

Au classement de la corruption établi par Transparency International[2] les deux nouveaux membres de l’UE occupent des places peu honorables. La Roumanie s’installe au 70e rang avec la Colombie alors que la Bulgarie partage la 72e place avec des pays comme la Swaziland, la Chine et le Surinam. Ces pays sont donc encore plus corrompus que certains Etats, qui ne sont guère non plus des exemples d’honnêteté, comme Cuba, le Ghana, le Bhutan, etc.

La semaine dernière les médias ont rapporté que les neuf membres du nouveau gouvernement roumain, le plus souvent des post-communistes, étaient connus de la Direction nationale de lutte contre la corruption, donc qu’ils étaient soupçonnés de pratiques relevant de la corruption.[3]

Conséquence de la corruption sévissant dans ces pays, l’UE a formellement bloqué pour première fois dans son histoire des fonds qui avaient déjà été alloués dans le cadre de programmes adoptés avant l’adhésion. Le 25 novembre 2008, la Commission UE a décidé de biffer définitivement un montant de 220 millions d’euros prévu dans un programme d’aide transitoire à la Bulgarie. Par ailleurs, l’UE a enlevé la compétence d’administrer ces fonds à deux des quatre services publics chargés de ce travail. La Roumanie a aussi été sanctionnée par l’UE qui a bloqué des subventions pour plusieurs millions d’euros.

On ne sera donc pas surpris que de nombreux habitants des deux pays les plus pauvres et les plus corrompus de notre continent n’aient qu’une chose en tête: émigrer. Près de trois millions de Roumains vivent et travaillent aujourd’hui à l’étranger, soit nettement plus qu’un dixième de la population de ce pays qui compte 22 millions d’habitants. Le nombre de Roumains vivant en Italie a doublé en l’espace de deux ans. Le million (!) de Roumains qui habitent actuellement en Italie représente désormais le plus important groupe d’étrangers de ce pays. A côté de cette main-d’œuvre bon marché qui inonde le marché du travail européen, l’émigration roumaine pose encore un autre problème, bien plus important: ce pays compte en effet 2,5 millions de Roms qui vivent le plus souvent dans une extrême pauvreté et sans domicile fixe.

Une forte proportion des émigrants de ces deux pays, auxquels le Conseil fédéral et le Parlement veulent accorder la libre circulation, donc l’immigration et l’établissement sans condition, posent des lourds problèmes d’intégration: fort chômage, dépendance de l’aide sociale, scolarisation insuffisante des enfants, criminalité élevée. Les zones habitées par ces personnes ressemblent aux favélas entourant les métropoles du tiers-monde.

En Italie, les Roumains ont d’ores et déjà dépassé tous les autres groupes d’étrangers dans la statistique de la criminalité, soit en termes d’assassinats, de brigandage, de viols, de vols, de chantage, d’enlèvements et de prostitution. Cette situation intenable a déclenché des réactions extrêmement agressives auprès de la population italienne. Ces derniers temps plusieurs attaques incendiaires ont été lancées contre des campements de Roms.

Plus de 500 000 Roumains et plus de 100 000 Bulgares vivent en Espagne. Selon les indications du ministère espagnol de l’intérieur, un Roumain sur dix installés en Espagne a eu maille à partir avec la police. La petite criminalité organisée par des bandes génère un sentiment permanent d’insécurité dans la population espagnole. La libre circulation des personnes entre la Roumanie et l’Espagne accroît également la mobilité du crime organisé.

Citée souvent en exemple pour sa politique d’intégration, la Suède a de gros problèmes avec les Roms: selon une étude parue en automne 2007, la moitié des enfants roms installés à Malmö ne vont que rarement ou ne vont jamais à l’école. Cet isolement des enfants est renforcé par le fait que leurs parents vivent eux aussi en marge de la société: seul un Rom sur dix vivant à Malmö travaille.

Il serait facile d’allonger la liste des exemples illustrant les différences sociales et économiques énormes entre la Suisse, d’une part, la Roumanie et la Bulgarie d’autre part. Ces pays se situent à un niveau tellement bas qu’il serait totalement irresponsable de leur accorder la libre circulation des personnes, donc la libre immigration, le libre établissement et la liberté d’exercer une activité lucrative comme indépendants ou comme salariés en Suisse. Celles et ceux qui se sentent responsables de la Suisse votent non à l’extension de la libre circulation des personnes à la Roumanie et la Bulgarie le 8 février 2009.

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[1] Ces données proviennent des « World Economic Outlook Databases du FMI. http://www.imf.org/external/pubs/ft/weo/2008/02/weodata/weoselgr.aspx

[2] Toutes les autres sources figurent dans l’argumentaire de l’UDC Suisse « Non à l’extension de la libre circulation des personnes à la Roumanie et la Bulgarie.

[3] « Berner Zeitung » du 22 décembre 2008

 

Yvan Perrin
Yvan Perrin
conseiller national La Côte-aux-Fées (NE)
 
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