Exposé

Six semaines de vacances pour tous égalent plus de stress et de chômage pour tous

Voulez-vous six semaines de vacances? La plupart des gens répondront sans doute spontanément "oui". Cela n’a d’ailleurs rien d’étonnant si la question est posée de cette manière. Mais si la…

Sylvia Flückiger
Sylvia Flückiger
conseillère nationale Schöftland (AG)

Voulez-vous six semaines de vacances? La plupart des gens répondront sans doute spontanément « oui ». Cela n’a d’ailleurs rien d’étonnant si la question est posée de cette manière. Mais si la personne interrogée prend le temps de la réflexion et songe aux conséquences concrètes de cette proposition, elle arrivera rapidement à la conclusion que cette initiative apporte certes plus de vacances à quelques salariés, mais qu’elle conduit globalement à une hausse du chômage. Elle est même complètement déplacée à une époque de difficultés économiques comme la nôtre. Tout en augmentant les charges des entreprises, cette initiative rompt avec un partenariat social qui a fait ses preuves et provoque un gel des salaires.

Plus de stress

Le syndicat Travail.Suisse prétend que cette initiative réduira le stress à la place de travail. C’est le contraire qui est vrai. Plus de vacances et, partant, plus d’absences entraînent forcément plus de travail pour ceux qui restent, car il faut bien que quelqu’un fasse le travail. Ou alors ceux qui partent en vacances travaillent plus avant leur congé pour compenser leur absence. Dans tous les cas, le stress à la place de travail augmente. C’est une erreur de croire que les entreprises engageront plus de monde si elles doivent accorder davantage de semaines de congé. Elles ne peuvent tout simplement pas se permettre cela. Ce constat vaut surtout pour les PME ainsi que les arts et métiers qui représentent tout de même quelque 99% des entreprises suisses.

Forte de mon expérience de chef d’entreprise et de collaboratrice dans notre propre exploitation, je peux vous dire très clairement quelles seraient les conséquences de cette nouvelle revendication: une augmentation des coûts du travail qui réduit la compétitivité sur un marché du travail aujourd’hui déjà âprement disputé. Cette initiative accélère une concurrence d’élimination qui touche actuellement presque toutes les branches.

Le compte est simple

Accorder deux semaines de vacances de plus, c’est devoir compenser un demi-salaire mensuel par salarié. Coût total de l’opération pour l’économie suisse: environ 6 milliards de francs par an. Il sera difficile de reporter ces charges supplémentaires sur les consommateurs. Cette initiative arrive des surcroît au plus mauvais moment. En conclusion, nous ferons finalement tous les frais sous une forme ou sous une autre de cette proposition déplacée.

Les coûts salariaux suisses sont largement supérieurs à la moyenne internationale. Une prolongation des vacances réduit la productivité des salariés et pousse encore une fois à la hausse les charges de personnel. Les frais de production augmentent et avec eux le prix des produits.

Les entreprises suisses doivent aujourd’hui se battre avec un franc surévalué et une crise économique internationale. Elles ne disposent plus des réserves nécessaires pour engager du personnel. Une augmentation des vacances les force à prendre des mesures de rationalisation pour économiser du personnel. C’est une question de survie. Donc, la conséquence directe de l’initiative populaire « 6 semaines de vacances pour tous » est une progression du chômage.

Les solutions individuelles par entreprise ont fait leurs preuves

Les vacances sont aujourd’hui réglées de manières différentes en fonction des branches. De nombreuses conventions collectives de travail comme, par exemple, dans l’œuvre principale du bâtiment, dans l’industrie des machines, dans plusieurs entreprises pharmaceutiques, etc. prévoient aujourd’hui déjà cinq semaines de vacances. Cette diversité des règlementations est utile parce que la situation change d’une branche et d’une entreprise à l’autre. Les règlementations individuelles entre partenaires sociaux sur la base des conditions particulières de chaque branche ont fait leurs preuves.

Liberté d’entreprendre

Si nous voulons sauvegarder durablement nos emplois, nous devons renforcer nos entreprises et leur laisser la liberté d’agir en fonction de leurs besoins. Observez donc ce qui se passe dans les pays qui nous entourent, voyez les conséquences des interventions de l’Etat, des horaires de travail réduits, de l’augmentation des vacances, des salaires minimaux et de la protection contre les licenciements: un fort chômage et des dettes énormes.

Pour toutes ces raisons je vous prie de rejeter clairement l’initiative populaire « 6 semaines de vacances pour tous ».

Sylvia Flückiger
Sylvia Flückiger
conseillère nationale Schöftland (AG)
 
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