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Agriculture

Les mois écoulés ont provoqué une large prise de conscience quant à l’importance d’une production indigène. Durant le confinement dû au Covid-19, nombre d’entre nous ont compris l’utilité des magasins à la ferme et des exploitations agricoles. En achetant des légumes et de la viande à la ferme, on sait ce qu’on a! Nos produits suisses n’ont pas seulement un prix, mais ils représentent aussi une valeur élevée. Ce constat est d’autant plus vrai quand on sait combien les paysans touchent sur le prix affiché au magasin. Ce n’est pas la faute des paysans si la viande est plus chère en Suisse qu’à l’étranger. Et je dois vous dire que mon cœur saignait lorsque j’ai vu les Suissesses et les Suisses se précipiter, à peine les frontières rouvertes, en Allemagne pour y acheter à nouveau des produits agricoles bon marché! Honnêtement: voulons-nous vraiment des conditions comme celles qui règnent dans les exploitations et abattoirs industriels allemands? Le scandale provoqué par les agissements des usines Tönnies devrait servir d’avertissement.

Garantir un revenu de base

La part touchée par les paysans sur le prix de vente des produits est extrêmement faible, mais cela n’empêche pas le Conseil fédéral de vouloir baisser encore plus le revenu agricole. Bien que le revenu général et le revenu du travail dans l’agriculture soient – malgré diverses mesures de rationalisation – plus bas que dans la plupart des branches comparables, le gouvernement s’apprête à le réduire encore. Parallèlement, il alourdit les exigences. S’il en allait selon les initiatives populaires trompeuses sur l’eau potable et pour l’interdiction des pesticides,

  • les rendements baisseraient de 20 à 40%;
  • les prix des produits augmenteraient;
  • il faudrait augmenter les importations qui, notons-le bien, ne répondent pas aux mêmes standards sévères que les produits suisses et qui souvent ne satisfont même pas aux valeurs limites concernant les résidus. Juste un exemple pour illustrer ce propos: le taux de contestation de produits provenant d’Asie atteint 30% contre 2 à 3 % pour les denrées alimentaires suisses.

Garantir la sécurité de l’approvisionnement

Cela ne peut pas fonctionner ainsi, Mesdames et Messieurs.

L’agriculture a un mandat constitutionnel et, pour utiliser une notion à la mode, elle a une importance systémique. Nous assurons l’approvisionnement d’environ 60% de la population de notre pays. Notre production est toujours plus respectueuse de l’environnement, plus efficace et elle a de moins en moins recours aux animaux. La crise due à la pandémie Covid-19 a clarifié les choses: la majorité des consommatrices et des consommateurs veut une production indigène et elle est prête et elle a les moyens d’en payer le prix. Le soutien populaire exceptionnellement élevé – 78,6% des voix – obtenu par l’article constitutionnel sur la sécurité alimentaire en 2017 confirme également ce constat.

Cependant, pour permettre aux exploitations agricoles d’assurer au moins 60% de l’approvisionnement alimentaire de la population, il faut agir à deux niveaux:

  • refuser les initiatives sur l’eau potable et contre les pesticides;
  • renvoyer au Conseil fédéral la PA22+ avec le mandat de la réviser de fond en comble.

Je résume:

  • l’UDC rejette aussi bien l’initiative sur l’eau potable que l’initiative contre les pesticides. Le principal effet de ces initiatives n’est pas de provoquer une production plus écologique, mais bien d’accroître les importations de denrées produites dans des conditions douteuses.
  • La PA22+ doit être renvoyée au Conseil fédéral avec le mandat de la réviser de fond en comble:
  • le degré d’autosuffisance brut doit largement dépasser 60%.
  • les exploitations agricoles doivent être placées dans des conditions leur permettant de réaliser une base existentielle suffisante et d’offrir des perspectives aux générations futures.
  • le droit foncier rural ne doit pas être assoupli.
  • les effets négatifs des PA 14/17 sur les exploitations herbagères avec des animaux consommant des fourrages grossiers doivent être corrigés et les paiements directs ne doivent pas être révisés au détriment de l’agriculture productrice.
  • le développement de l’entrepreneuriat agricole entre 2022 et 2033 doit être évalué et les risques et les chances futurs de l’agriculture doivent être mis en évidence.
  • les charges administratives pesant sur les exploitations agricoles doivent être durablement allégées. La Confédération doit imposer une réduction mesurable en termes de temps. Le temps et les moyens consacrés aux travaux administratifs doivent être au centre de cette réforme et déterminés tous les deux ans moyennant un indicateur.
Werner Salzmann
Werner Salzmann
conseiller aux Etats Mülchi (BE)
 
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