Le plan présenté aujourd’hui et qui vise à évincer Christoph Blocher du Conseil fédéral n’est pas le fruit d’une imagination délirante qui voit des conjurations partout. Il correspond à la stricte réa
Le plan présenté aujourd’hui et qui vise à évincer Christoph Blocher du Conseil fédéral n’est pas le fruit d’une imagination délirante qui voit des conjurations partout. Il correspond à la stricte réalité. Ces dernières années, la gauche et ses complices des partis bourgeois n’ont d’ailleurs jamais caché cette intention. Le PS pensait même longtemps pouvoir gagner des élections avec un programme électoral dont l’unique déclaration est « Nous sommes contre Blocher ». Après la débâcle électorale dans le canton de Zurich, les socialistes ont bien dû admettre que leur fixation sur l’ennemi Blocher était de moins en moins convaincante pour les citoyennes et les citoyens. Suite aux bons conseils de ses amis des médias, de la publicité et de la science, le PS a modifié sa stratégie ces derniers mois. Désormais, il refuse obstinément d’évoquer le thème Blocher estimant sans doute que toute autre attitude apporterait des sympathies supplémentaires à Christoph Blocher en particulier, et à l’UDC en général.
La fin de l’omertà
Récemment, un politicien de gauche a brisé le mur du silence socialiste. Dans un accès passager d’honnêteté, le conseiller national Ueli Leuenberger, vice-président des Verts, a déclaré ce qui suit: « Il faut éjecter Christoph Blocher et élire un Vert au Conseil fédéral. (…) Ce qui m’inquiète, c’est l’omertà [loi du silence appliquée par la mafia] qui règne depuis plusieurs mois dans cette question. J’espère que les esprits vont s’éveiller à la fin de l’été » (citation libre de Le Matin Dimanche du 5.8.2007). La réaction immédiate de Hans-Jürg Fehr, président du Parti socialiste, fut fort intéressante. En fait, on aurait pu s’attendre à ce qu’il rejette catégoriquement le reproche des Verts de pratiquer l’omertà, donc cette comparaison du PS avec une organisation criminelle comme la mafia. Mais non: Fehr s’est contenté de démentir l’affirmation selon laquelle son parti ne parle plus d’une éviction de Christoph Blocher: « Nous avons dit à chaque occasion que nous n’avons pas voté pour Christoph Blocher et que nous n’allons pas voter pour lui » (Zürichsee-Zeitung, 7.8.2007). Même des notables socialistes qui se prétendent modérés dans l’unique but de glaner des voix bourgeoises ont rejoint le front qui cherche à éliminer Christoph Blocher du Conseil fédéral. C’est par exemple le cas de la conseillère aux Etats bernoise Simonetta Sommaruga: « Je n’ai pas voté pour Christoph Blocher la dernière fois et je ne voterai pas non plus pour lui cette fois-ci » (Der Bund, 26.4.2007). Le fait que l’expulsion de Christoph Blocher est toujours en tête de la liste des intentions politiques du PS malgré le silence de celui-ci a été confirmé par le dernier congrès socialiste à Bâle. On a pu y voir deux moutons souriant regardant un troisième pousser hors du pays (donc du gouvernement fédéral) un bouc qui représentait Christoph Blocher. Le message des socialistes est donc clair: celles et ceux qui osent encore s’engager pour la Suisse et ses valeurs n’ont plus leur place en Suisse et au Conseil fédéral et doivent en être exclus.
Les étrangers criminels peuvent tranquillement rester en Suisse, mais le ministre de la justice qui s’efforce de les combattre doit être expulsé. Il est évident que si le PS met une telle pression sur ses élus, c’est pour que pas un seul n’ose donner sa voix à Christoph Blocher le jour des élections au Conseil fédéral.
Les Verts ont non seulement dévoilé par la bouche de leur vice-président le plan secret visant l’éviction de Christoph Blocher, mais ils ont par la même occasion annoncé leurs exigences. Ruth Genner, la présidente des Verts, a ainsi pu annoncer à la cantonade: « Blocher doit partir. (…) Nous les Verts, nous nous opposons à Blocher » (Blick, 9.8.2007).
Des notables PDC suivent le mouvement
Le PS et les Verts ne sont pas les seuls à vouloir briser la concordance en évinçant Christoph Blocher du Conseil fédéral; le PDC, parti prétendument bourgeois, manifeste plus ou moins ouvertement des sympathies pour ce projet. Les démocrates-chrétiens ont certes rejeté officiellement l’offre des socialistes de renforcer la collaboration politique avec le PS et de retrouver ainsi leur deuxième siège au Conseil fédéral. Car le PDC sait fort bien qu’une alliance opportuniste avec les socialistes aurait des effets désastreux sur la base conservatrice du parti. Néanmoins, on perçoit des signaux clairs et nets de la direction du PDC en faveur de l’éviction de Christoph Blocher du Conseil fédéral. Christoph Darbellay, président du PDC, a fait la déclaration suivante: « Personnellement je suis clairement d’avis que nous ne devons pas réélire Christoph Blocher. (…) Nombre de radicaux qui ont élu Blocher en 2003 regrettent aujourd’hui leur vote » (SonntagsZeitung, 3.9.2006). Markus Arnold, président du PDC zurichois a dit textuellement: « Je suis absolument d’avis que Christoph Blocher n’a pas le format pour siéger au gouvernement national » (Tages-Anzeiger, 2.9.2006). Reto Nause, porte-parole du PDC, a fait la déclaration suivante: « Il est parfaitement possible que le groupe PDC vote blanc lors de l’élection de Blocher » (NZZ am Sonntag, 10.9.2006). Certains élus PDC s’expriment d’une manière qui ne permet guère de croire qu’ils vont donner leur voix à Christoph Blocher. Ainsi, Lukrezia Meier-Schatz s’est estimée autorisée à émettre le jugement suivant: « Les résultats de Christoph Blocher sont très mitigés » (NZZ am Sonntag, 10.9.2006). Eugen David, conseiller aux Etats, ajoute: « Blocher ne mène pas une politique constructive au Conseil fédéral. (…) Blocher ne maîtrise pas la sécurité intérieure » (NZZ am Sonntag, 10.9.2006, St. Galler Tagblatt, 23.7.2007). Conclusion: nombre de représentants du PDC rejoignent sans doute le front uni de la gauche contre Christoph Blocher.
PRD: éviter, se taire, temporiser
Le PRD a certes annoncé officiellement qu’il allait en principe soutenir tous les conseillers fédéraux qui se représentent. Il paraît cependant plus que douteux que les radicaux de gauche et romands respectent ce principe aussi en ce qui concerne Christoph Blocher. Le fait est que le PRD s’efforce par tous les moyens d’éviter une discussion à ce sujet: « Fulvio Pelli [président du PRD] fait encore preuve de discrétion en ce qui concerne le conseiller fédéral Blocher. Il ne veut dire ni oui ni non » (Das Magazin, 16.12.2006).
Guido Schommer, secrétaire général du PRD, a déclaré à propos de la réélection de Christoph Blocher: « Il est inutile et même faux de lancer cette discussion aujourd’hui, car cette question se posera uniquement au nouveau Parlement » (Der Landbote, 21.6.2007). Le conseiller national Pierre Triponez, tout de même directeur de l’Union suisse des arts et métiers, s’est fait encore plus laconique: « Je refuse de m’exprimer publiquement à ce propos » (Der Bund, 27.12.2006). Et Marc Suter, conseiller national, a répondu: « Il s’agit là véritablement d’une question difficile » (Der Bund, 27.12.2006).
D’autres membres du PRD réagissent de manière moins diplomatique. Georg Keis, président de la Commission contre le racisme, a appelé dans un long article à la non-élection de Christoph Blocher: « Il en a assez fait! (…) L’expérience Blocher a raté » (Facts, 31.5.2007). Un journaliste a enquêté sur l’activisme anti-Blocher de Georg Kreis: « Le fait est que Kreis attaque non seulement publiquement Christoph Blocher, mais il s’efforce de convaincre le PRD qu’une non-élection du conseiller fédéral serait bien acceptée. » Après l’attaque de Christoph Blocher contre la norme antiraciste, Georg Kreis a écrit une lettre à Fulvio Pelli, patron du PRD, pour lui proposer des scénarios d’éviction du conseiller fédéral UDC avec l’aide des radicaux (SonntagsZeitung, 29.10.2006). Dick Marty, conseiller aux Etats PRD, a déjà déclaré publiquement en 2003 qu’il n’élirait pas Christoph Blocher au Conseil fédéral. Comme son collègue de parti Georg Kreis, Dick Marty est co-auteur d’un livre annoncé d’Andreas Gross (PS) sous le titre de « Pour une Suisse sans UDC au Conseil fédéral » (Der Bund, 9.2.2007).
Les haines assouvies en commission
Les adversaires de Christoph Blocher – notamment des rangs du PS, des Verts et du PDC – intriguent aussi sans gêne aucune dans les commissions parlementaires dans le but de discréditer la personne du ministre de la justice par des déclarations agressives. La Commission de gestion du Conseil des Etats a consacré de nombreuses séances et un rapport de 46 pages au discours de l’Albisgüetli où Christoph Blocher a évoqué le cas de deux Albanais soupçonnés de crimes graves auxquels la Suisse a accordé l’asile. La Commission de gestion du Conseil national a longuement débattu du projet d’acquisition de Swisscom à l’étranger qui aurait coûté des milliards aux contribuables suisses, mais qui a été empêché grâce surtout à l’intervention de Christoph Blocher. Une sous-commission de la Commission de gestion du Conseil national dirigée par Lukrezia Meier-Schatz (PDC) publiera sans doute prochainement un rapport concernant la démission de l’ancien procureur de la Confédération, Valentin Roschacher. A en croire certains détails publiés d’ores et déjà par la presse de boulevard, ce rapport sera un règlement de compte politique avec une condamnation dans les règles de Christoph Blocher et une réhabilitation totale de l’ancien procureur proche du PDC (SonntagsBlick, 15.7.2007). Le fait est pourtant que Valentin Roschacher a aidé le régime autoritaire du président Poutine à neutraliser des adversaires politiques en faisant bloquer plus de six milliards de francs de la société Yukos. Depuis, un arrêt prononcé à l’unanimité par le Tribunal fédéral a approuvé le recours interjeté contre cette mesure de blocage (NZZ, 24.8.2006). Des investisseurs internationaux estimant que leur propriété n’était plus suffisamment garantie en Suisse ont néanmoins retiré leurs fonds par la suite, si bien que Roschacher a causé des dommages énormes à la place financière helvétique. Le même constat vaut pour « l’importation » par Roschacher de Ramos, un trafiquant de drogues colombien condamné à vie aux Etats-Unis, que le procureur fédéral considérait comme une « personne de confiance ». Ramos a par la suite agi comme agent provocateur, ce qui est strictement interdit; il a détruit par ses allégations la vie d’un banquier suisse innocent; il était sans doute aussi un agent double au service des Etats-Unis. Ramos a dû finalement être expulsé d’urgence – sans qu’un procès ne lui soit fait en Suisse. Le fait est aussi que Roschacher a annoncé de nombreux cas pour le Tribunal fédéral pénal, mais qu’il n’a jamais réussi à constituer une inculpation. Bref, le Parlement aurait eu raison de faire des reproches et d’ouvrir une enquête si le ministre de la justice n’avait pas réussi à débarrasser la Confédération de ce procureur. Il semble pourtant qu’une majorité de la Commission de gestion estime aujourd’hui plus important de lancer des accusations contre le ministre de la justice que d’admettre la réalité des faits.
La non-élection de Christoph Blocher, un scénario réaliste
La motivation des critiques de Christoph Blocher est évidente: ils ne veulent pas l’évincer du Conseil fédéral parce qu’il est incapable, incompétent, paresseux ou parce qu’il n’obtient pas de résultats. Bien au contraire: si le conseiller fédéral Christoph Blocher avait déçu ses partisans, sa réélection ne poserait strictement aucun problème. Si ses adversaires veulent l’éliminer du Conseil fédéral, c’est parce qu’il a réussi à mieux faire valoir la politique UDC au Conseil fédéral: non à l’adhésion à l’UE, halte à l’endettement de l’Etat, pas de nouvelles hausses de impôts, taxes et redevances, pas de réduction des droits populaires par le droit international, moins d’abus sociaux et dans l’asile, moins de criminalité étrangère. Jamais encore les propositions de l’UDC pour résoudre les problèmes de la Suisse n’étaient aussi présentes au Conseil fédéral pour aboutir dans des projets de lois ou obtenir des majorités populaires. Voilà l’unique raison pour laquelle la gauche et ses complices bourgeois veulent exclure Christoph Blocher du Conseil fédéral. Res Strehle, rédacteur en chef du Magazin et propagandiste de la non-élection de Christoph Blocher, a fort bien résumé ses motivations: « Blocher domine le Conseil fédéral » et « Le siège de Christoph Blocher au Conseil fédéral n’a pas affaibli l’UDC » (Das Magazin, 16.9.2006). Georg Kreis argumente de la même manière dans son appel à la non-élection de Christoph Blocher: « En tout cas, l’effet de renforcement que le camp de Christoph Blocher a obtenu par l’élection de celui-ci au Conseil fédéral est plus important que l’effet de domestication »(Facts, 31.5.2007).
L’absurdité des motifs avancés en faveur de la non-élection de Christoph Blocher n’enlève rien à la dangerosité de ce projet. Preuves en sont les rapports de force régnant actuellement au Parlement fédéral. Lors de la dernière élection déjà, les voix obtenues par Christoph Blocher ont suffi de justesse à le faire entrer au gouvernement. Si, à côté du PS, des Verts, des gauches divers et du centre ainsi que d’une partie importante du PDC, quelques radicaux refusent leurs voix à Christoph Blocher, ce dernier serait évincé du Conseil fédéral et l’UDC deviendrait parti d’opposition. On peut aussi s’attendre à ce que certains conseillers nationaux et conseillers aux Etats se montrent moins enclins à voter Blocher qu’ils le disent aujourd’hui quand ils auront sauvé leur siège aux prochaines élections fédérales. Il est donc important que les électrices et les électeurs sachent parfaitement à quoi s’en tenir avant le 21 octobre 2007.