Les Suissesses et les Suisses savent que la liberté est le bien le plus précieux de leur pays. Aussi s’opposent-ils avec détermination à toute atteinte aux droits démocratiques exceptionnels qu’ils possèdent. Voilà qui explique aussi leur refus catégorique d’un accord-cadre institutionnel qui impose à la Suisse la reprise automatique de droit UE et sa subordination à la Cour de justice UE (CJUE). Un tel traité signifierait la fin de la voie bilatérale, puisque la Suisse serait contrainte d’appliquer chez elle le droit UE. Le souverain helvétique, donc le peuple suisse, serait privé de son pouvoir et son autodétermination serait limitée aux domaines tolérés par la CJUE.
La statistique nous indique pour la Suisse une performance économique de 80 000 francs par habitant et par an. Ce résultat exceptionnel est réalisé sur seulement 7,5% de la superficie habitable totale du pays et sur 36% de sa superficie agricole. Le produit intérieur brut de la Suisse atteint ainsi 660 milliards de francs par an.
Comment cela est-il possible? Selon le «Nation Brands Index 2017», la Suisse se place au 8e rang de ce palmarès de 50 nations industrialisées. Ce classement est le fruit d’exceptionnelles performances économiques et d’exportation, d’une grande force novatrice, d’un contexte économique favorable aux entreprises et d’un système de formation axé sur la performance et la formation duale. Enfin, notre pays est apprécié en raison de ses merveilleux paysages, de personnalités exceptionnelles se distinguant dans le domaine public et privé mais surtout, en raison de ses citoyennes et citoyens.
Entre admiration et jalousie
Ce succès est-il réellement perçu? Paul Seger, ancien ambassadeur suisse auprès des Nations Unies (2010-2015) à New York, a fait le constat suivant: «Lorsque je lis et j’écoute les médias suisses, j’ai l’impression que nous sommes beaucoup plus critiques à l’égard de nous-mêmes que ne le sont les étrangers. Je crois que la Suisse a un énorme besoin d’harmonie. (…) J’ai la chance de représenter un pays dont je peux répondre totalement.» L’ambassadeur Nicolas Bideau, responsable de «Présence Suisse», institution chargée de soigner l’image de la Suisse en appliquant la stratégie de communication du Conseil fédéral, a fait l’observation suivante: «La stabilité politique et économique ainsi qu’un environnement intact font de la Suisse la belle-fille exemplaire du monde occidental.» Et, plus loin: «L’image de la Suisse est excellente – un peu comme celle d’une première de classe que l’on admire, que l’on jalouse parfois et à laquelle on joue volontiers un tour quand s’en offre l’occasion.»
Quelques exemples pour illustrer ce propos: la feuille britannique «The Independent» a titré en 2007 «La Suisse, le cœur de l’obscurité européenne?». A la même époque on a pu lire dans le magazine allemand «Spiegel» que la Suisse était une démocratie «au bord de la crise nerveuse». Deux ans plus tard le journal américain «Los Angeles Times» s’est demandé «Qui a besoin de la Suisse?» alors qu’en 2010 le magazine américain «Newsweek» a annoncé péremptoirement «La fin de la Suisse». Dans le magasine autrichien «Kurier» on pouvait lire ce qui suit: «Les Confédérés suscitent la grogne au niveau international – la Suisse, une île grotesque qui doit se battre avec une foule de problèmes répugnants et dont l’image se ternit.»
Une Suisse performante et des Suisses heureux
Le «World Happiness Report 2017» de l’ONU marque un contraste étonnant avec ces appréciations négatives. Selon cette enquête, la Suisse est le quatrième pays le plus heureux du monde après la Norvège, le Danemark et l’Islande. Quelle que soit la manière dont a été composée cette image, le fait est que les forces et les particularités de la Suisse sont toujours les mêmes: neutralité, sécurité, paix, qualité ordre, propreté, solidarité, démocratie et liberté d’opinion. Autre phénomène relevé par de nombreux observateurs: la notion de patrie s’éveille à nouveau et avec elle la fierté d’appartenir à un pays comme la Suisse.
Le pays des mythes patriotiques ou de l’acte d’origine déclenche, selon le point de vue de l’observateur, de l’admiration ou de la jalousie. Les succès des produits suisses sur les marchés internationaux, par exemple les machines de précision, les biotechnologies, des services reconnus, des montres d’une finition et d’une précision uniques ou encore la première place au palmarès des pays les plus compétitifs du monde selon le classement du Forum économique mondial, voilà autant de réalités qui font comprendre les causes profondes la réussite du modèle suisse.
Liberté, solidarité et principe de la milice
«La liberté, raison d’être de l’Etat», voilà sans doute la formule la plus concise et la plus marquante décrivant ce phénomène. C’est ainsi qu’Ueli Maurer a expliqué le cas particulier suisse depuis 1291 jusqu’à nos jours. Et le conseiller fédéral UDC de poursuivre: «Nous avons le profond souhait de régler nos affaires nous-mêmes. Cette volonté concerne aussi bien les tentatives étrangères d’influencer notre pays que les conditions régnant à l’intérieur. Nous nous méfions des puissants. Chez nous, on a toujours eu tendance à se débrouiller soi-même et à s’entraider. Le principe de la milice porte et marque notre pays jusqu’à nos jours.» La Suisse, notre patrie, qui était encore il y a deux siècles une terre d’émigration, agit dans la conscience de sa responsabilité, de manière prudente et prévoyante, mais en toute indépendance et souveraineté.