Prenez le temps de calculer!

Edition spéciale Edition spéciale septembre 2020: Trop c’est trop !

Le gouvernement, les associations économiques et plusieurs médias ont déjà lancé la campagne contre l’initiative de limitation. «La libre circulation des personnes apporte de la croissance, mais ne pose guère de problèmes», assurent-ils tous azimuts, une déclaration aussi stéréotypée que fausse. En fait, cet engagement quasi religieux repose sur un système : il vise à détourner l’attention des vrais problèmes.

Apparemment, ils jubilent en lisant le «16e rapport de l’observatoire de l’accord de la libre circulation des personnes Suisse-UE». A les croire, ce rapport du secrétariat d’Etat à l’économie indique une fois de plus que la libre circulation des personnes apporte de la croissance, mais ne pose guère de problèmes.

Ces milieux se contentent de fixer leur regard sur le marché du travail. Or, d’un point de vue économique, on ne risque de toute manière pas de rencontrer des problèmes à ce niveau, tant qu’il est suffisamment souple. En effet, aussitôt que l’immigration génère une pression sur les salaires, les coûts salariaux baissent, si bien qu’il devient intéressant pour les investisseurs d’investir dans de nouveaux emplois. Les salaires restent constants, respectivement augmentent selon un taux normalisé en fonction d’une progression globale. Ensuite – et c’est là le cœur du problème – on ne cesse de mélanger croissance générale et croissance par habitant. Une croissance démographique due à l’immigration apporte forcément une croissance de l’économie en général. En revanche, l’immigration est nocive si on considère la croissance par habitant. La raréfaction et le renchérissement du sol, la surcharge des infrastructures, les atteintes aux ressources naturelles et la baisse du taux d’autosuffisance nuisent à la majorité de la population. De nombreux effets nuisibles n’apparaissent cependant pas si on se content de regarder le produit intérieur brut.

La politique climatique est un exemple illustrant ce propos. La Suisse pourrait répondre sans problème aux objectifs de réduction du CO2 si sa population ne croissait pas aussi fortement ou, inversement, la réalisation de ces objectifs devient extrêmement chère parce que le Conseil fédéral fixe les objectifs de réduction des émissions en quantités globales au lieu de les calculer par habitant.

Contrairement aux allégations des médias, la pression de l’immigration ne baisse pas, au contraire. Selon les chiffres de l’Office fédéral de la migration, l’immigration nette entre janvier et mars 2020, donc pendant les mois avant le confinement, a littéralement explosé par rapport à la même période de l’année dernière: +34,7%! L’immigration était donc une fois de plus nettement plus forte qu’entre 2016 et 2018. Selon les derniers chiffres publiés, elle a même progressé durant la période de janvier à mai, et ceci malgré le confinement: +16,6% uniquement en provenance de l’UE! Ces chiffres ne paraissent pas dans les médias. Mais pourquoi le gouvernement, les associations économiques et de nombreux médias se battent-ils avec autant d’acharnement pour une chose qui nuit à la population? Les accords bilatéraux ne peuvent pas être une explication rationnelle, car leur utilité est massivement exagérée.

*Cette chronique de Rainer Eichenberger, professeur de finances et d’économie à l’Université de Fribourg, a paru le 2 juillet 2020 dans l’hebdomadaire «Handelszeitung».

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