A première vue, l’argument semble farfelu: l’initiative populaire «Pour une immigration modérée» menacerait notre environnement, notre nature et sa biodiversité… Et pourtant, en y regardant de plus près, force est de constater que cette «initiative de limitation» a, bel et bien, des conséquences insoupçonnées sur notre terre. Une réflexion à ne pas oublier le 27 septembre au moment de voter OUI!
Notre pays compte aujourd’hui quelque 8,6 millions d’habitants, dont un quart de population étrangère. Depuis l’entrée en vigueur de la libre circulation avec l’Union européenne, notre population résidente a augmenté de plus d’un million d’âmes! Une lapalissade donc de dire que cet accroissement a engendré des besoins, notamment, en logements et en infrastructures. Les informations de l’Office fédéral de la statistique le confirment d’ailleurs: depuis la libre circulation complète des personnes en 2007, nous «construisons» chaque année l’équivalent de 2’941 terrains de football pour accueillir et loger les 50’000 ressortissants de l’UE qui s’installent annuellement en Suisse.
Au cours de ces trente dernières années, la surface de terres assolées par habitant a donc diminué d’un tiers. Au quotidien, l’agriculteur que je suis le sait bien: les terres agricoles de qualité sont une ressource non renouvelable extrêmement rare. Ce que confirme une déclaration de l’Office fédéral du développement territorial: ces terres «remplissent de nombreuses fonctions écologiques et économiques et revêtent une importance fondamentale pour l’être humain et l’environnement: elles stockent et filtrent de l’eau potable, fournissent nourriture, biomasse, énergie géothermique et matières premières minérales, offrent des espaces de délassement et sont fondamentales pour la biodiversité.»
Mais ces terres, si essentielles à l’alimentation de notre population, ne disparaissent pas simplement comme cela! Ce même Office fédéral l’explique: «L’une des causes principales est à chercher du côté de la croissance démographique et économique. Les zones urbaines (logements, activité économique) et les surfaces dédiées au développement des infrastructures de transport progressent d’environ 4’000 hectares par an au détriment des terres agricoles.»
Protéger méthodiquement nos terres agricoles est, pour notre pays, un devoir! Cette protection améliore la sécurité alimentaire, renforce la biodiversité, contribue à l’entretien du paysage et garantit, à long terme, la préservation des ressources. Or comment protéger notre sol?
Le monde agricole assume déjà sa part de responsabilité en surveillant l’évolution des sols, en limitant les produits toxiques, en offrant une formation de qualité à nos agriculteurs. Mais cela ne suffit pas: nous ne pouvons continuer à bâtir, à construire, à grignoter notre sol. Voilà pourquoi l’initiative de limitation à son rôle à jouer.
Il ne s’agit pas de stopper toute immigration: notre pays, notre économie, notre agriculture, nos entreprises, nos instituts de recherche ont besoin de main-d’œuvre, d’ici et d’ailleurs. Mais la Suisse doit pouvoir maîtriser d’ellemême cette immigration. L’article 121b de notre Constitution fédérale le dirait, en cas d’acception de l’initiative: «La Suisse règle de manière autonome l’immigration des étrangers».
Nous venons de démontrer l’importance de notre sol et nous savons qu’il n’est pas extensible à souhait! Sur cette petite surface au coeur de l’Europe (41’285 km2 ), notre pays, de manière autonome et pragmatique, gère la vie et le développement harmonieux de sa population et accueille l’étranger, dans les limites de ses modestes possibilités.
L’initiative «Pour une immigration modérée» n’est pas une démarche égoïste mais la réflexion d’un pays conscient de ses limites naturelles et responsable vis-à-vis des générations futures.