Bientôt 40 000 demandes d’asile, des communes surchargées et des autorités débordées : la situation dans le domaine de l’immigration est désolante. Même l’UE discute d’une réorientation de la politique d’asile. Toutefois, rien ne bouge dans la Berne fédérale. Quand le Conseil fédéral prendra-t-il enfin ses responsabilités ?
Les mouvements migratoires mon-diaux augmentent massivement. Des centaines de milliers de personnes affluent en Europe. Ceux qui voyagent aussi loin le font généralement pour des raisons très claires : ces immigrés nous rejoignent certes par la voie de l’asile, mais ce sont en réalité des immigrés économiques. Ils sont en quête de profit et savent qu’une fois en Suisse, on peut y rester. Même sans motif d’asile, ils ne sont pas renvoyés dans leur pays d’origine. Un séjour durable en Europe est garanti, « hamac social » compris.
Qui vient, reste
Au cours des 20 dernières années, 100’690 personnes ont été « admises à titre provisoire » malgré une demande d’asile rejetée. Presque toutes sont encore ici : 7’000 ont même obtenu
le passeport suisse ! La plupart des immigrés en quête d’asile restent ici pour toujours et notre système d’asile offre toutes les conditions pour cela.
Les autorités détournent le regard et ne font rien pour corriger cette évolution négative. Depuis des années, nous dépensons des moyens financiers énormes pour l’application du droit d’asile, mais nous ne pouvons guère influencer qui vient en Suisse : « Ainsi, des personnes arrivent en Suisse pour un séjour plus ou moins long, alors que l’on ne voudrait pas vraiment qu’elles y viennent, compte tenu du marché du travail et de leur milieu social » (NZZ, 12.2.2003). Pour faire court : trop d’étrangers viennent en Suisse et ce ne sont pas les bons. »
Réorientation de la politique d’asile
Les modifications procédurales ne suffisent plus à résoudre les problèmes dans le domaine de la migration. Nos lois
sont dépassées. Nous devons changer fondamentalement de mentalité. Les immigrés potentiels ne doivent plus être incités à venir en Europe. Cela implique notamment l’externalisation des procédures d’asile dans des pays tiers.
L’UE veut à l’avenir mener ces procédures à la frontière extérieure de l’espace Schengen. Il n’est pas certain que cela suffise. La voie choisie par la Grande-Bretagne, qui consiste à mener toutes les procédures au Rwanda, semble plus prometteuse. Le gouvernement britannique veut ainsi dissuader les immigrants illégaux de traverser la Manche. La Suisse doit elle aussi s’attaquer à la délocalisation des procédures d’asile. C’est la seule façon de mettre un terme au trafic criminel de migrants et à la traite organisée des êtres humains.
Si nous mettons systématiquement l’accent de l’aide sur place, les personnes dans le besoin peuvent être aidées de manière plus ciblée. L’aide et la protection ne sont pas et ne doivent pas être synonymes d’accueil.