Soucieuse de respecter les principes du fédéralisme, l’UDC Suisse rejette fermement le projet proposé qui outrepasse clairement les compétences constitutionnelles de la Confédération. Dans l’éventualité où le projet devrait être maintenu, l’UDC propose diverses modifications afin d’éviter la fuite vers l’avant que conduirait immanquablement le système de « contributions complémentaires » et de contenir les dérives occasionnées par d’autres dispositions.
Aussi louables que puissent être les intentions d’une majorité de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil national (ci-après, CSEC-CN), l’UDC estime qu’elles contreviennent aux principes du fédéralisme. Si la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle ou formation revêt une importance capitale dans un monde moderne, le peuple et les cantons ont décidé que cette responsabilité devait être du ressort des cantons. L’UDC partage cette appréciation et s’oppose à une nouvelle captation de compétences discutable par la Berne fédérale.
En matière de protection de la famille, la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons trouve sa source à l’article 116 de la Constitution. Le rôle de l’Etat fédéral se limite à « soutenir les mesures destinées à protéger la famille ». Dans son message du 20 novembre 1996 relatif à la nouvelle constitution fédérale, le Conseil fédéral expliquait sans détour que cet article « ne détermine pas non plus une compétence. Il n’est applicable que dans les domaines où la Confédération est compétente sur la base d’une autre norme constitutionnelle ». L’UDC Suisse ne partage donc pas l’avis de la CSEC-CN qui, à la page 62 de son rapport, affirme que la même disposition attribue à la Confédération une « compétence de soutien ».
Différencier le rôle de soutien du rôle d’incitateur
Alors que la totalité du projet est d’ores et déjà discutable en raison de l’absence de compétence de la Confédération en matière d’accueil extra-familial, certaines dispositions sont absolument inacceptables sous cet angle. Il en va ainsi des mesures visant à « contrebalancer l’hétérogénéité dans les cantons » qui n’ont pas leur place dans un tel projet, tout comme l’objectif « d’inciter les cantons à augmenter leurs subventions dans le domaine » (p. 28).
Concrètement, si le projet venait à être adopté, il devrait être modifié en ce sens que la Confédération ne joue qu’un rôle subsidiaire de soutien. Il n’appartient en aucun cas à la Confédération de se substituer au législateur cantonal pour endosser le rôle de fer de lance en la matière. A ce titre, il convient de supprimer les « contributions complémentaires » et de limiter le champ d’application du projet de loi à la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle – les références à la politique d’encouragement de la petite enfance doivent être biffées.
Un sous-jacent idéologique erroné
Quand bien même il serait constitutionnellement admissible, le projet est basé sur un présupposé incorrect, à savoir le fait que la prise en charge dans une structure institutionnelle est forcément meilleure qu’une prise en charge familiale ou privée. Ainsi, en page 14 du rapport peut-on lire que la Suisse « obtient des résultats relativement médiocres » en raison de sa part d’enfants de moins de 3 ans ayant été prise en charge dans des structures institutionnelles d’accueil extra-familial relativement faible en comparaison internationale. En réalité, c’est le libre choix qui doit prévaloir aux yeux de l’UDC.
L’activité étatique, qu’elle soit cantonale, communale voire fédérale, doit viser la préservation de cette liberté. Un projet présupposant qu’une plus haute proportion d’enfants fréquentant des structures institutionnelles d’accueil extra-familial est un but en soi part fondamentalement sur une mauvaise base. En effet, la conséquence d’un tel projet ne peut être qu’une répartition des coûts défavorable aux parents désireux de rester auprès de leurs enfants : ils devront payer à double. Cette incitation poussera certains parents à faire usage des structures d’accueil alors qu’ils auraient en réalité préféré y renoncer.
Bureaucratie et inconstance
En ce qui concerne la « contribution de base », elle devrait idéalement être versée aux Cantons en fonction de leur population, afin que ces derniers restent pleinement maîtres de leurs choix. Si le modèle de financement dont les ayant droit sont les parents est maintenu, la contribution doit être identique dans tous les cantons ou alors couvrir 10% des coûts effectifs à la charge des parents, mais en aucun cas à un pourcentage des coûts « tenant compte des conditions locales particulières », comme le prévoit l’article 7, alinéa 2. La mouture actuelle engendrerait une charge administrative démesurée : si la CSEC-CN parle dans son rapport (p. 55) d’une vingtaine d’EPT nécessaires, elle ne mentionne pas les besoins en personnel que le projet entrainera auprès des cantons.
Si le formalisme du projet amène une surcharge administrative importante, il n’est pas pour autant cohérent. Ainsi, par exemple, prévoit-il que la participation financière de la Confédération ne doit pouvoir bénéficier qu’aux parents qui ont recours à l’accueil extra-familial dans le but d’exercer une activité professionnelle ou de suivre une formation. Pourtant, la majorité de la CSEC-CN n’a pas souhaité introduire un taux d’activité cumulé minimal donnant droit aux contributions. Il faut y remédier afin d’éviter qu’une aide financière ne soit versée aux parents qui, au vu de leur taux d’occupation, pourraient s’occuper de leurs enfants.
Résumé des propositions de l’UDC Suisse
Pour les raisons indiquées ci-dessus, l’UDC Suisse s’oppose au projet dans son ensemble et soutient une non-entrée en matière. Si ce dernier devait toutefois être adopté, il devrait alors faire l’objet des modifications suivantes.
Réitérant ses remerciements de l’avoir associée à cette consultation, l’UDC Suisse vous prie de croire, Monsieur le Président de la commission, Mesdames et Messieurs, à l’assurance de sa considération.