Consultation

Non à l’ordonnance sur l’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle (IFFP)

L’UDC demande que cette ordonnance soient revue de fond en comble et qu’elle soit une nouvelle fois mise en consultation à une date ultérieure. D’une part, de nombreuses questions concernant…

Réponse de l’Union démocratique du centre UDC

Non à l’ordonnance sur l’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle (IFFP)

L’UDC demande que cette ordonnance soient revue de fond en comble et qu’elle soit une nouvelle fois mise en consultation à une date ultérieure. D’une part, de nombreuses questions concernant l’application, l’organisation et les éventuelles alternatives restent sans réponse; d’autre part, les hautes écoles suisses sont actuellement dans une phase de restructuration, si bien qu’il y a des problèmes autrement plus importants à régler dans ce secteur que la mise en place d’un Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle (IFFP). Il reste donc assez de temps pour réfléchir plus soigneusement à ce projet.

Ce projet donne l’impression d’avoir été mal préparé et il ne répond pas à quelques questions de détail importantes. Il cite des extraits d’un rapport d’experts qui n’a jamais été publié, il ne repose pas sur une connaissance suffisante de la matière et son ton revendicateur – à plusieurs reprises, ses auteurs renvoient à l’art. 48 de la nouvelle loi sur la formation professionnelle – semble indiquer que ce texte répond plutôt à des ambitions individuelles au lieu de servir à renforcer d’une manière générale la recherche et la formation en Suisse.

Les auteurs de ce projet se contentent de remarquer qu’un calcul détaillé des coûts est impossible en l’état actuel de choses, ce qui est proprement inacceptable et ce qui constitue une raison suffisante pour renvoyer cette ordonnance. On a tout de même pu relever dans le budget 2005 de la Confédération une augmentation massive des coûts (plus de 80%) de l’actuel Institut suisse de pédagogie pour la formation professionnelle (ISPFP) entre 2003 et 2005, et cela sans prendre en compte la recherche. Le fait que le message sur l’encouragement de la formation 2004 – 2007 prévoit un montant annuel de 30 millions de francs n’est pas une raison suffisante pour présenter une argumentation aussi lacunaire et mal étayée alors qu’il s’agit de dépenser l’argent des contribuables. Ce constat vaut d’autant plus que le financement des hautes écoles spécialisées durant les années 2004 – 2007 n’a pu être garanti que grâce à une économie de près de 500 millions de francs. Dans un tel contexte, les auteurs du projet se moquent du monde en ignorant superbement le financement de leurs belles idées, mais en traitant en détail la future rémunération des collaborateurs des hautes écoles!

L’augmentation des dépenses de l’ISPFP n’étant manifestement pas due aux activités de recherche, l’UDC est très sceptique face à la demande souvent répétée de faire de la recherche dans le domaine de la pédagogie professionnelle. Les affirmations faites à ce propos par les auteurs du rapport sont aussi prétentieuses que vagues.

L’UDC craint que cette politique ne conduise l’IFFP vers les mêmes dysfonctionnements que ceux que le professeur J. Oelkers a relevés dans la recherche et la formation des enseignants: « Une différenciation dans le double sens d’une distinction et d’une délimitation n’est possible que si l’on ne se contente pas d’échanger des doctrines avec une mentalité de guerre des tranchées. Or, cette mentalité est particulièrement présente dans la formation des enseignants. On doit toujours constater la présence de pédagogies qui reposent davantage sur le charisme de leur auteur que sur la recherche scientifique et qui donnent lieu à des conclusions curieuses devant confirmer les thèses même si elles sont incompatibles avec les expériences pratiques. »[1] Or, cette différenciation, élément indispensable de toute recherche scientifique digne de ce nom, fait précisément défaut dans le projet mis en consultation. Aussi, l’importance maintes fois soulignée de l’autonomie de cet institut fédéral servira-t-elle simplement à permettre la promulgation d’évangiles pédagogiques sans aucun contrôle par la politique et la réalité. La mentalité décrite plus haut s’exprime à de nombreux endroits du rapport accompagnant le projet mis en consultation, par exemple dans le passage concernant les « violences commises dans les écoles et à l’encontre des enseignants » – comme si les écoles étaient d’une manière générale des lieux de violence.

L’intention affichée dans le rapport d’éviter une « académisation indésirable » n’est pas crédible dans ces circonstances. Le doute provient aussi de la proposition de n’admettre dans un premier temps que des enseignants titulaires d’un master ou d’une licence. Si la valorisation de la pratique pose problème, on doit attendre et chercher une solution à ce problème avant d’ouvrir un institut chargé de former des enseignants instruisant des praticiens. L’offre de filières d’études débouchant sur des certificats master est également en totale opposition avec l’intention annoncée d’éviter une académisation.

Enfin, nous mettons également en doute les tâches qu’il est prévu de donner à l’IFFP. Nous constatons par exemple que le « développement de métiers » ne saurait être une tâche de la recherche, donc de l’IFFP. Les métiers se développent sur le marché du travail dans un contexte économique dynamique. Par contre, la tâche des hautes écoles est de communiquer les connaissances et les aptitudes qui permettent au futur professionnel de s’intégrer dans le marché du travail. L’IFFP ne doit absolument pas avoir la compétence d’orienter la formation professionnelle. Cette dernière s’oriente en fonction des besoins du monde du travail. Il y a eu suffisamment d’exemples dans le passé prouvant que cette « orientation académique » conduit avant tout à des dysfonctionnements et à l’inefficience. Le rôle de premier plan que les auteurs attribuent à l’IFFP dans la nouvelle formation de base commerciale est largement combattu par les organisations professionnelles. Dans ce contexte, on se rappellera aussi les initiatives précipitées visant à pousser la Confédération à forcer la formation dans le secteur des technologies d’information – juste avant que la bulle boursière n’éclate!

Du point de vue de l’UDC, il faut attendre la future conception des hautes écoles suisses, l’intégration et la garantie du financement des hautes écoles professionnelles et le positionnement des hautes écoles pédagogiques avant de parler de l’organisation et des tâches d’une nouvelle haute école professionnelle. Nous souhaitons par ailleurs que les expériences et les besoins des organisations supportant les HES ainsi que du monde du travail soient mieux pris en compte et qu’un modèle plus conforme à la pratique soit proposé. Nous sommes d’avis que la tâche première d’un institut universitaire fédéral est la formation et non pas l’offre de prestations qui concurrencent des services privés. Nous demandons enfin que le projet d’ordonnance soit revu et reformulé de manière à renforcer la collaboration avec le monde du travail et non pas à ériger

 

 
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